• François Finck
    François Finck
    chargé de plaidoyer dans les affaires européennes et internationales au Centre d’Action Laïque

Comment diffuser la laïcité quand l’extrême droite monte en Europe ?

Les élec­tions au Parle­ment euro­péen de juin prochain sont sans doute les plus impor­tantes depuis que cette assem­blée est élue au suffrage univer­sel direct. 


En effet, le contexte inter­na­tio­nal n’a jamais été aussi diffi­cile : la Russie n’a pas aban­donné son fantasme de recons­ti­tu­tion de son empire, pour­suit sa guerre d’agression contre l’Ukraine et menace des États membres de l’Union euro­péenne ; dans l’Union et ses États membres, l’extrême droite natio­na­liste monte, avec l’intention de défaire la construc­tion euro­péenne et de porter des atteintes graves à la démo­cra­tie et aux droits fondamentaux.

Les sondages prévoient une présence de l’extrême droite au Parle­ment euro­péen sans précé­dent – elle pour­rait atteindre 200 sièges sur 705. La divi­sion des partis d’extrême droite et souvent l’incompétence de leurs repré­sen­tants les empê­che­ront sans doute de jouer un rôle d’initiative, mais ils auront la capa­cité de bloquer des initia­tives progres­sistes, surtout s’ils sont ponc­tuel­le­ment rejoints par les conser­va­teurs du Parti popu­laire euro­péen (PPE, centre-droit).

Les sondages prévoient une présence de l’extrême droite au Parle­ment euro­péen sans précédent (…)

Il est donc essen­tiel de porter une voix laïque en Europe pour défendre nos valeurs de liberté, d’égalité et de solidarité.

D’abord, en rappe­lant toujours que l’Union euro­péenne est un projet poli­tique laïque, fondé sur des valeurs dans lesquelles le mouve­ment laïque se recon­naît. L’article 2 du Traité de l’Union euro­péenne énonce : le respect de la dignité humaine, la liberté, la démo­cra­tie, l’égalité et l'État de droit, ainsi que le respect des droits humains, y compris des droits des personnes appar­te­nant à des mino­ri­tés. Ce même article ajoute « ces valeurs sont communes aux États membres dans une société carac­té­ri­sée par le plura­lisme, la non-discri­mi­na­tion, la tolé­rance, la justice, la soli­da­rité et l'égalité entre les femmes et les hommes. » Pour le mouve­ment laïque, ces valeurs doivent être portées et concré­ti­sées dans les poli­tiques de l’Union européenne.

© Markus Spiske – Unsplash​.org

Par ailleurs, les gouver­ne­ments qui les ignorent, voire qui cherchent déli­bé­ré­ment à les sabo­ter, doivent en être tenus respon­sables. L’expérience montre qu’il faut réagir tôt. En Hongrie, le régime auto­ri­taire de Viktor Orbán s’est conso­lidé en toute impu­nité. Cepen­dant, l’exemple polo­nais montre qu’il ne faut pas perdre espoir : la démo­cra­tie libé­rale peut être réta­blie si les citoyen·nes se mobi­lisent pour elle.

Le Centre d’Action Laïque propose de renfor­cer le contrôle du respect des valeurs de l’UE dans les États membres, et d’introduire une « clause de non-retour en arrière » (prin­cipe de non-régres­sion) en matière de droits fonda­men­taux dans un texte liant les insti­tu­tions et les États, suivie d’une obli­ga­tion de réac­tion des insti­tu­tions poli­tiques de l’Union en cas de poli­tique régres­sive menée par un État membre.

Les partis d’extrême droite profitent de campagnes de désin­for­ma­tion qui fleu­rissent sur les réseaux sociaux, souvent pilo­tées par des régimes dicta­to­riaux qui ont pour but de saper les insti­tu­tions démo­cra­tiques, de semer la discorde dans les socié­tés euro­péennes et de divi­ser l’UE. Le Centre d’Action Laïque demande que l’Union pour­suive sa lutte contre ces campagnes de déstabilisation.

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