janvier-février-Mars 2023

120 Une fin de vie digne, un droit incontestable

Cette année en Belgique, la loi sur les droits du patient, la loi relative aux soins palliatifs et celle autorisant l’euthanasie ont 20 ans. Une occasion pour Salut & Fraternité de revenir sur ce combat éthique défendant le droit individuel de choisir sa fin de vie et de mourir dans la dignité.

Les débats de 2002 relatifs à la loi sur l’euthanasie et l’application de celle-ci ont fait face à de rudes oppositions, mais cela n’a pas empêché certaines évolutions, notamment l’extension aux mineurs en 2014. Les trois lois votées en 2002 ont permis une nette amélioration des accompagnements de fins de vie difficiles, et donné au patient un réel pouvoir de décision sur les conditions de celles-ci. Ce qui représente une avancée majeure pour les droits individuels défendus par le mouvement laïque.

Ce numéro met en avant le bilan positif des 20 années d’application de ces lois mais explore aussi certaines zones d’ombres et idées reçues. Il examine également des questions en débat, telle que l’application de la loi pour des personnes en situation de perte de conscience cognitive et pour des personnes en souffrance psychique.

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Quelle évolution dans l’attitude des piliers par rapport aux problèmes éthiques ?

  • Philippe Mahoux, médecin, sénateur honoraire, ancien ministre et co-auteur des lois sur l’euthanasie et les soins palliatifs
Centrons notre réflexion sur la loi de 2002 autorisant l’euthanasie1. L’enjeu de cette loi est bien d’humaniser la fin de vie, ce qui revêt plusieurs significations entremêlées : éviter aux malades qui le désirent des souffrances intolérables ; renforcer le pouvoir d’agir de chacun sur sa propre vie ; ne pas imposer aux malades la fatalité d’une réputée volonté divine. [...]

Vers une évolution de la loi

  • Jacques Brotchi, professeur émérite de neurochirurgie à l'Université Libre de Bruxelles et président honoraire du Sénat
Il est du devoir du médecin de se tenir au courant des dernières avancées de la recherche, des progrès thérapeutiques, de permettre à ses malades de profiter d’une vie plus longue et heureuse. Mais le dialogue avec le patient est essentiel, quand c’est possible bien sûr, afin de connaître son opinion et d’en tenir compte. Et de lui assurer une fin de vie sans souffrances à la condition de respecter les conditions strictes de la loi du 28 mai 2002 sur l’euthanasie. [...]

Euthanasie, suicide, souffrance psychique

  • Dominique Lossignol, interniste à l’Hôpital Ambroise Paré-UMONS
Il existe dans la narration portant sur l’euthanasie une analogie construite avec le suicide, l’issue étant ontologiquement la même, et traduisant de la sorte une méconnaissance du sujet. Cela est renforcé par le concept de « suicide médicalement assisté » tel qu’il est considéré dans certains cantons suisses. Malgré la loi de 2002, la confusion persiste dans bon nombre de discours et d’aucuns prétendent même qu’il n’y a pas de différence fondamentale entre les deux. C’est évidemment une erreur. [...]