L’interruption volontaire de grossesse, un droit encore précaire
- Sylvie Lausberg, directrice de la cellule Étude & Stratégie du Centre d‘Action Laïque
Le trimestriel de la laïcité en Province de Liège
JANVIER - FÉVRIER - MARS 2017
En 1990, le vote de la loi dépénalisant partiellement l’avortement était une grande victoire. Bien que les conditions imposées étaient très strictes, elle permettait enfin aux femmes d’avorter dans de bonnes dispositions. Tel était le résultat d’un long combat dans lequel le monde laïque, entre autres, a joué un rôle important.
Aujourd’hui, rien n’a changé. Si cette loi a été un grand soulagement et a permis une pratique sortie de la clandestinité, l’avortement, faut-il le rappeler, n’est aujourd’hui pas un droit. Il figure toujours bel et bien dans le Code pénal, sous le titre « Des crimes et délits contre l’ordre des familles et la moralité publique ». Par ailleurs, les réticences de certains médecins à le pratiquer, en invoquant la clause de conscience, ainsi que la formation parfois insuffisante des étudiants constituent souvent autant d’obstacles pour les femmes qui souhaitent y avoir recours.
Ajoutons à cela un retour du discours anti-avortement et des structures très bien organisées qui le portent, et le tableau dressé incite à la plus grande vigilance.
C’est pourquoi il est grand temps de sortir l’avortement du code pénal. Pour enfin consacrer le droit des femmes à disposer de leur corps. Et pour que tous les moyens soient mis en œuvre à cette fin.