- Alain De Clerck,
artiste plasticien liégeois
Un certain art politique et son impossible engagement européen ? En attendant Godot ?
De nombreuses pratiques artistiques coexistent, chacun(e) étant libre d’exprimer un type d’art allant, par exemple, d’une contemplation-restitution à une pratique plus politique. Je m’inscris dans cette dernière. Autodidacte et plasticien, peu habitué à l’écrit, je ne sais répondre singulièrement et certainement maladroitement à l’invitation qui m’a été faite ici que par mon exemple. Mon art est de nature politique car il a la volonté d’avoir une incidence sur la réalité. Les œuvres que je produis ont, je l’espère, un sens dans le monde dans lequel nous vivons. Mes œuvres, mes démarches cherchent à faire réfléchir, à susciter l’intérêt, à créer de la dialectique, à engager.
Pour y arriver, il m’est devenu nécessaire au gré de mes réflexions d’orienter mes propositions vers des systèmes participatifs, offerts aux citoyens acteurs, se voulant inducteurs d’une résolution politique du problème traité. C’est le cas, entre autres, du projet de la Porte de la Paix. Il s’agit d’une sculpture interactive qui comprend deux grands ventilateurs surmontés l’un par le drapeau israélien et l’autre par le drapeau palestinien. Les drapeaux flottent pendant une minute lorsque deux personnes se serrent la main au-dessus d’une ligne verte installée au milieu du dispositif. Les internautes peuvent également voir les drapeaux via une webcam et déclencher leur levée via un simple clic de partout dans le monde. Ce projet a déjà été montré à plusieurs reprises au public à des endroits expérimentaux mais à l’occasion des 40 ans de la guerre des Six Jours et sa ligne verte onusienne référente, toujours plus en voie de disparition, votre intuitif troubadour, espérait le 4 juin 2007 une inauguration de son dispositif sur Schuman à Bruxelles, son endroit de prédilection, au cœur de l’Europe politique. La proposition espérait renforcer cette dernière en la mettant à l’épreuve des idéaux de fraternité, de justice pour tous ainsi que d’égalité entre peuples et entre États. À ce jour, le projet attend toujours une volonté politique.
Toujours dans l’attente, en 2011 et en 2012, l’engagement a été un cran plus loin avec le projet Recognize Palestine. En collaboration avec Avaaz1, j’ai installé à deux reprises un drapeau palestinien de 280 m² sur le rond-point Schuman lors du Conseil des Ministres européens des Affaires étrangères. Ce drapeau représentait la voix des 900 000 personnes signataires de la pétition pour la reconnaissance de l’État palestinien.
Faire de Jérusalem la Bruxelles de la Méditerranée ? En attendant Godot ?
- Avaaz.org est une organisation non gouvernementale internationale de cybermilitantisme sur base de pétitions, fondée en 2007.