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Pierre Spehl,
président du Centre d’étude et de défense de l’école publique (CEDEP)
Le cours commun : une revendication du CEDEP
Les 12 associations d’enseignants, de directeurs d’écoles, de pouvoirs organisateurs, de parents et de sympathisants de l’école publique, fédérées au sein du Centre d’étude et de défense de l’école publique (CEDEP), revendiquent depuis 2010 la création dans tout l’enseignement obligatoire d’un cours commun de formation citoyenne qui se fonde sur une approche philosophique et sur une connaissance historique des religions et des mouvements de pensée non confessionnels, permettant aux élèves d’exercer librement leur esprit critique.
Le CEDEP (NDLR : dont le Centre d’Action Laïque fait partie) propose d’appeler ce cours commun « Éducation philosophique, éthique et citoyenne » pour rencontrer trois demandes et exigences bien spécifiques.

Tout d’abord, une éducation philosophique sous une forme appropriée à tout âge et dès l’école fondamentale, par exemple au moyen de dispositifs recensés sous l’appellation de « philosophie pour les enfants ». Cette partie du cours visera à questionner, penser, réfléchir, argumenter, inférer, induire, sérier, classer, conceptualiser, problématiser… Elle visera aussi à faire progressivement discerner chez les élèves les énoncés qui relèvent de l’exactitude ou de l’erreur (épistémologie), ceux qui prétendent au bien et au juste (philosophie morale et philosophie du droit) et d’autres encore, évaluatifs et expressifs, qui relèvent de la subjectivité des préférences et de l’esthétique.
Il s’agit ensuite, d’amener les élèves à exercer le questionnement et la réflexion éthiques tels qu’ils sont requis pour légiférer et se positionner dans la sphère publique sur les questions du bien et du juste. Le but : développer principalement les compétences à se décentrer et à écouter des points de vue éthiques différents du sien propre, à pouvoir respecter le pluralisme éthique sans renoncer à argumenter ses choix éthiques propres, poser des choix éthico-politiques après réflexion et discussion des points de vue.
Le but : développer principalement les compétences à se décentrer et à écouter des points de vue éthiques différents du sien propre, à pouvoir respecter le pluralisme éthique sans renoncer à argumenter ses choix éthiques propres, poser des choix éthico-politiques après réflexion et discussion des points de vue.
Enfin, une éducation à la citoyenneté responsable répondra au souhait du législateur de la Fédération Wallonie-Bruxelles, exprimé dans le Décret Missions et le Décret Citoyenneté, que le cours commun remplisse cette mission pendant toute la scolarité obligatoire.
Avec la mondialisation et le multiculturalisme des sociétés, le CEDEP pense que le moment est venu de garantir un lieu et un cours commun à tous les élèves pour que puisse s’y transmettre de façon critique et réflexive l’histoire de nos valeurs partagées et de nos principes démocratiques tout en veillant à remplir l’objectif de socialisation dévolu à l’école moderne, un espace commun où penser et construire le vivre ensemble dès le plus jeune âge, malgré des convictions privées différentes.
Cette partie du cours visera à développer principalement les compétences à l’autonomie individuelle (la capacité à penser par soi-même, à juger par soi-même et à réguler ses émotions, la capacité à exercer son esprit critique, à éviter les paralogismes et les sophismes pour argumenter avec rigueur), les compétences à la coopération sociale (habiletés coopératives, compétences communicationnelles d’écoute et d’expression) et les compétences à la participation publique (légiférer au niveau où l’on se trouve dans l’égalité de droit, prendre la parole, écouter, argumenter, se positionner, convaincre, se laisser convaincre, répondre de ses choix…, bref faire acquérir à la majorité civile les compétences qui permettent au citoyen d’exercer ses droits politiques au sein des institutions démocratiques).
Le nouveau cours commun s’adresse à tous les élèves, quelles que soient leurs convictions philosophiques ou religieuses, il porte sur ce qui unit et non sur ce qui divise.
Ces trois compétences sont reliées aux trois grandes valeurs démocratiques, à savoir l’autonomie individuelle se lie à la liberté, la coopération sociale à la solidarité et la participation publique à l’égalité de droit.
Le nouveau cours commun s’adresse à tous les élèves, quelles que soient leurs convictions philosophiques ou religieuses, il porte sur ce qui unit et non sur ce qui divise. Pour le donner, les enseignants devront être formés spécifiquement au préalable : c’est la condition sine qua non de sa réussite.
Sa mise en œuvre suppose que soit supprimée l’obligation légale faite actuellement aux enfants de fréquenter un des cours dits « philosophiques » organisés dans l’enseignement officiel, obligation qui contrevient aux droits culturels garantis par les Conventions européennes et internationales ratifiées par la Belgique.
- Pour plus d’informations : www.cedep.be