• Coraline Piessens
    Coraline Piessens
    chargée de mission EVRAS à la Fédération Laïque de Centres de Planning Familial

L’EVRAS, des avancées récentes

L’éducation à la vie rela­tion­nelle, affec­tive et sexuelle (EVRAS), consi­dé­rée par l’OMS ou encore l’UNESCO comme essen­tielle, vise à appor­ter une infor­ma­tion fiable, équi­table et complète aux enfants et aux jeunes sur ces sujets, tout en prônant une vision posi­tive de la sexua­lité. Elle les accom­pagne dans le déve­lop­pe­ment de leur esprit critique afin de les aider à construire leur iden­tité, assu­rer leur bien-être et prendre des déci­sions éclai­rées pour les aider à deve­nir des personnes adultes épanouies.

De nombreuses théma­tiques sont abor­dées en EVRAS : les senti­ments et les émotions, les rela­tions inter­per­son­nelles, le corps, les réseaux sociaux, la santé sexuelle et repro­duc­tive, les iden­ti­tés de genre et les orien­ta­tions sexuelles, les violences, etc. L’EVRAS est donc impor­tante dès le plus jeune âge, pas unique­ment à l’adolescence : les sujets et la manière de les abor­der vont évoluer au fur et à mesure de l’âge et du déve­lop­pe­ment psycho-affec­tif et sexuel. Par ailleurs, les anima­tions EVRAS sont construites en fonc­tion des besoins et des ques­tions des personnes animées. Pas de risque donc de parler de sujets qui ne les inté­ressent ou ne les concernent pas. L’EVRAS joue égale­ment un rôle de préven­tion et aide ainsi à réduire la préva­lence des infec­tions sexuel­le­ment trans­mis­sibles (IST), des gros­sesses non prévues, des violences, du (cyber)harcèlement, etc.

Deve­nue obli­ga­toire à l’école en 2012, l’EVRAS n’est pour­tant à l’heure actuelle toujours pas géné­ra­li­sée et une majo­rité des élèves de Wallo­nie et de Bruxelles n’y ont toujours pas accès. C’est pour tenter de pallier cette situa­tion que les Stra­té­gies concer­tées EVRAS (SC-EVRAS) ont été mises en place en 2018. Il s’agit d’un réseau d’actrices et d’acteurs porté par la Fédé­ra­tion Laïque de Centres de Plan­ning Fami­lial et O’YES qui permet la concer­ta­tion des diffé­rentes insti­tu­tions et orga­nismes repré­sen­tant les actrices et acteurs de l’EVRAS, internes et externes à l’école. L’objectif final des SC-EVRAS est de contri­buer à une géné­ra­li­sa­tion effec­tive de l’EVRAS dans l’enseignement fonda­men­tal et secon­daire (ordi­naire et spécia­lisé) et de parti­ci­per ainsi à la réduc­tion des inéga­li­tés sociales de santé en Belgique fran­co­phone, en plaçant les jeunes au centre du processus.

Loin des tabous, l'éducation à la vie rela­tion­nelle, affec­tive et sexuelle vise à appor­ter une infor­ma­tion fiable aux jeunes tout en prônant une vision posi­tive de la sexua­lité. – © Alexan­der Grey – Unsplash​.org

En 2021, l’équipe des Stra­té­gies Concer­tées EVRAS a été à la rencontre de 380 enfants et jeunes entre 5 et 25 ans en Wallo­nie et à Bruxelles afin de récol­ter leurs avis sur l’EVRAS, les théma­tiques à abor­der, les manières d’aborder ces sujets et les contextes favo­rables à l’EVRAS. Ces récoltes ont permis de formu­ler une série de recom­man­da­tions triées par tranche d’âge1 et d’étayer une produc­tion clef des Stra­té­gies concer­tées EVRAS : le Guide pour l’EVRAS.

Par ailleurs, fin 2022, les ministres en charge des compé­tences liées à l’EVRAS de la Fédé­ra­tion Wallo­nie-Bruxelles, de la Région wallonne et de la COCOF ont annoncé la mise en place d’un nouvel accord de coopé­ra­tion pour la rentrée scolaire 2023. Ce texte prévoit, entre autres, une obli­ga­tion d’animation en 6e primaire et 4e secon­daire, une label­li­sa­tion des opéra­teurs EVRAS, une obli­ga­tion de forma­tion mini­male pour les anima­teurs et anima­trices, une recon­nais­sance des opéra­teurs de forma­tion et un finan­ce­ment accru des centres de plan­ning fami­lial wallons pour leur permettre d’augmenter le nombre d’animations dispen­sées. À cet accord de coopé­ra­tion est annexé le Guide pour l’EVRAS des SC-EVRAS devant donc servir de réfé­rence commune en termes de conte­nus. Ce texte consti­tue une avan­cée posi­tive montrant la volonté poli­tique de géné­ra­li­sa­tion de l’EVRAS et l’importance de celle-ci, y compris dans le milieu scolaire.

« (…) étant donné le rôle de l’EVRAS dans la réduc­tion des inéga­li­tés sociales de santé, il est néces­saire que cela soit abordé à l’école et donc acces­sible à tous et toutes. »

En effet, étant donné le rôle de l’EVRAS dans la réduc­tion des inéga­li­tés sociales de santé, il est néces­saire que cela soit abordé à l’école et donc acces­sible à toutes et tous. Si certain·es enfants et jeunes peuvent trou­ver des réponses à leurs ques­tions au sein de leur famille, ce n’est pas toujours le cas et ce pour diverses raisons : pudeur, tabou, un manque légi­time de connais­sances, etc. Les anima­tions EVRAS sont des lieux de discus­sion, de partage qui permettent d’accéder à une infor­ma­tion complète et fiable donnée par des professionnel·les formé·es et parta­gée dans le non-juge­ment et le respect de chacun·e.

Dans une société de plus en plus sexua­li­sée, où les enfants et les jeunes ont de plus en plus tôt accès à des conte­nus à carac­tère sexuel, il est impé­ra­tif de pour­suivre les efforts vers la géné­ra­li­sa­tion de l’EVRAS afin de les outiller, de déve­lop­per leur esprit critique et leur permettre de s’épanouir.


  1. Docu­ment dispo­nible ici
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