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Maxime Campus,
délégué laïcité au Librex
Jeunesse et laïcité : un message pour demain
Maxime Campus est délégué laïcité au sein du Cercle du Libre Examen de l’Université libre de Bruxelles, ou Librex. En tant que jeune laïque, il répond à nos questions.
Salut & Fraternité : Pourriez-vous présenter le Librex ?
Maxime Campus : Le Cercle du Libre Examen est un cercle étudiant apolitique et interfacultaire de l’Université libre de Bruxelles fondé en 1928. Son rôle est de promouvoir et développer la pratique du libre examen. Il organise notamment des activités, des débats et des conférences. Comme par exemple les midis du Librex : des discussions ouvertes avec un intervenant autour d’un sujet de société. Le but n’est pas d’émettre une vision du monde claire et unique, mais au contraire d’encourager les débats contradictoires et la remise en question.
S&F : Comment définiriez-vous la jeunesse ?
M.C. : Je n’ai pas envie de parler en années : certains restent jeunes longtemps, d’autres le deviennent sur le tard… La jeunesse serait ce moment où l’on a conscience de vivre en société, avec tout ce que ça implique d’interactions et d’interdépendances avec les autres, tout en étant relativement libre de lourdes responsabilités. Sorti de l’innocence de l’enfance, mais pas totalement adulte. C’est un espace de liberté formateur indispensable. Il permet de se construire, d’essayer des choses, de développer des liens, de faire des erreurs. C’est important, pour un jeune, de se sentir acteur de débat, d’être actif et écouté, et d’avoir droit à un peu plus de souplesse de la part de ses aînés.
La jeunesse serait ce moment où l’on a conscience de vivre en société, avec tout ce que ça implique d’interactions et d’interdépendances avec les autres, tout en étant relativement libre de lourdes responsabilités. Sorti de l’innocence de l’enfance, mais pas totalement adulte.
Au Librex, on essaie de saisir cette chance : utiliser notre jeunesse pour créer des débats, réagir à ce qui nous concerne. La jeunesse est concernée directement par pas mal de questions de société, comme l’euthanasie des mineurs ou l’organisation de l’éducation par exemple.

S&F : C’est quoi, être jeune laïque, aujourd’hui ?
M.C. : Aujourd’hui, la laïcité ce n’est pas simplement ne pas être croyant. Des croyants se sentent laïques, par exemple. Être laïque c’est faire partie de la société. C’est dans sa racine : laos, le peuple. Être laïque, quand on est jeune, c’est apprendre à faire partie de cette société, participer à la vie de la cité, s’intéresser à comment s’organise la vie de ses habitants. Qu’on soit jeune ou pas, athée, agnostique ou croyant, être laïque c’est s’engager en tant que citoyen.
C’est aussi, bien sûr, pratiquer le libre examen, se remettre en question, explorer sa conscience. C’est porter des valeurs humanistes comme la tolérance, le vivre ensemble, l’égalité, l’émancipation de tous. Et c’est surtout pouvoir accepter la différence, regarder les autres cultures, les autres modes de vie avec curiosité et bienveillance, sans préjugés. Se rendre compte que l’on est acteur du monde, tous ensemble.
La laïcité (…) ce sont des individus qui veulent construire un espace commun de liberté, où chacun peut venir partager sa culture, son vécu, ses idées, ses projets.
S&F : Qui sont les membres du Librex ?
M.C. : Nous sommes tous étudiants, venant de toutes les facultés. Le membre du Librex est plutôt curieux, pas spécialement engagé en politique mais intéressé par la cité. La plupart cherchent à développer, par le débat et le libre examen, des questions qu’ils ont abordées dans leurs cours. Étudiant en droit public, le Librex me permet d’explorer, avec d’autres, l’organisation de la société, les rapports humains ou les règles sociales sans me cantonner à l’aspect légal. Des étudiants en biologie désirent aborder des questions d’éthique en recherche fondamentale ; des gens de polytechnique se posent des questions relatives à l’environnement. Et vous avez aussi des gens curieux, intéressés par tous les sujets, sans vraiment de parti pris, qui veulent en débattre avec d’autres gens.
S&F : Quels combats pour la laïcité de demain ?
M.C. : Pour l’instant, pas mal d’idéologies se radicalisent. Sur ce sujet, la laïcité a un rôle à jouer, un message à faire entendre : celui du vivre ensemble, de l’acceptation des différences. La laïcité, ce n’est pas : les athées et les agnostiques d’un côté, les religieux de l’autre. Ce sont des individus qui veulent construire un espace commun de liberté, où chacun peut venir partager sa culture, son vécu, ses idées, ses projets. Quand je vois certains commentaires en ligne, certains articles de presse, j’y constate des amalgames, des raccourcis et des préjugés. La question du « vivre ensemble » est primordiale. Il n’est pas question de prosélytisme ici : la laïcité est, dans son essence même, un outil de dialogue.
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