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Christian Lassaux,
directeur du Centre d’Information et d’Aide aux Jeunes et aux familles en Milieu Ouvert (CIAJ-AMO)
Donnons les outils aux jeunes pour se mobiliser
Au préjugé tenace qui tend à dire que les jeunes d’aujourd’hui sont pires que leurs prédécesseurs, les professionnels de l’action sociale de proximité opposent la participation, l’implication et la responsabilisation.
Le chemin de la responsabilisation est certes difficile, il n’en reste pas moins un défi passionnant et essentiel à relever. Il est bien sûr jalonné de barrières mais nous devons tous, jeunes et moins jeunes, professionnels, familles, politiques et citoyens, les ouvrir, les surmonter, voire les contourner pour construire demain. Comme ses aînés, la jeunesse n’échappe pas au raccourci du sensationnel médiatisé. Elle subit cette mise en lumière de ce qu’elle fait de mal, de ce qu’elle ne fait pas ou de ce qu’elle ne fait plus ! Elle encaisse cette nostalgie désabusée, ce « bon vieux temps » où « tout allait mieux », où « tout allait presque bien », où « tout allait » !
Le délégué aux Droits de l’enfant, Bernard De Vos, le disait avec justesse : « On nous dit qu’aujourd’hui la société est plus agressive, plus violente, peut-être à cause de la crise, mais les jeunes ne peuvent être plus mauvais, plus violents, plus agressifs que la société qui les engendre. Ils sont à son image ! »
Si « la jeunesse n’est qu’un mot », comme disait Bourdieu, c’est un mot bien utile, car l’exercice qui consiste à scruter les moindres espoirs et soupirs d’une jeunesse indéfinissable ne cesse de passionner et d’échauffer les esprits.
Pierre-Henri Tavoillot, maître de conférences à l’Université Paris-Sorbonne, nous permet de cerner l’enjeu fondamental qui est de comprendre notre jeunesse : « Comprendre la jeunesse d’aujourd’hui, et donc ses attentes, suppose de sortir du débat polémique (et peu opérant) cherchant à déterminer qui de la jeunesse ou de la société est la victime ». Ainsi, permettre l’implication, la participation et donc l’engagement des jeunes, nécessite de s’arrêter un temps sur les conditions favorables à cette mobilisation. De l’information ou de la sensibilisation vis-à-vis d’une situation insatisfaisante au travail de soutien ou d’accompagnement, il est nécessaire de favoriser la réflexion et l’appropriation des problématiques. Le jeune doit être valorisé dans le processus, responsabilisé et impliqué dans les phases décisionnelles effectives.
En d’autres mots ainsi, il est urgent de replacer le jeune au centre du processus. Il est important de le considérer comme responsable de ses choix personnels et de le voir comme conscient de son impact pour la collectivité. La société doit lui permettre de donner du sens à son action, à son implication à son engagement. C’est un travail d’éducation en permanence, un travail d’éducation permanente.
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