• Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté (RWLP)
    Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté (RWLP)

Des victimes aux profils différents

Dans le cadre de la campagne Stop au statut cohabitant·e, le Réseau Wallon de Lutte contre la Pauvreté collecte des témoi­gnages de personnes que ce statut péna­lise, montrant ainsi l’ampleur de l’injustice sociale que ­celui-ci engendre.


Le statut de cohabitant·e et le CPAS

Ma mère vit dans un loge­ment social. À la suite d’une rupture, j’ai vécu avec elle. Le CPAS a baissé son revenu et son loyer a augmenté. Moi aussi je touchais du CPAS. Nous sommes passées toutes les deux au taux cohabitant·e. Le loyer est passé de 400 € à 600 €. Je ne suis restée que quelques mois, j’ai dû partir. Je suis allée chez ma grand-mère qui a une pension « normale » et était sous admi­nis­tra­tion de biens, donc ça n’a rien changé pour elle. J’avais toujours un taux cohabitant·e mais c’était plus facile de vivre là-bas car il n’y avait qu’une personne qui subis­sait la perte de revenu. À 24 ans j’ai déjà subi plusieurs fois le statut de coha­bi­tant… ça m’empêche d’avancer !

Le statut de cohabitant·e et les mutualités

Mon fils, cuisi­nier inté­ri­maire, a perdu son emploi lors du confi­ne­ment. Il n’a pas droit à beau­coup d’aide et est consi­déré comme coha­bi­tant car il habite chez moi, ne pouvant plus faire face à ses charges finan­cières seul. Fin juin, on m’a diag­nos­ti­qué un cancer. Je vais avoir une perte de reve­nus. Mon fils et moi serons sous statut de cohabitant·e, moi à la mutuelle, lui au chômage. J’espère qu’il retrou­vera un job rapidement…

© Guillaume De Germain – Unsplash​.org

Le statut de cohabitant·e et le SPF Handi­cap (la Vierge noire)

J’ai 67 ans et je suis veuve. Je touche une pension de 1500 € par mois. Je suis proprié­taire d’une maison mais je vais la revendre, car elle me coûte trop cher. Je vais emmé­na­ger dans une maison plus petite. Mon fils a 30 ans et il est atteint de schi­zo­phré­nie. Cela fait 5 ans qu’il vit dans une maison de soins psychia­triques, c’est un mouroir. La période du Covid a été horrible pour lui comme pour moi. Je voudrais qu’il aille mieux et qu’il puisse sortir de l’institution. Humai­ne­ment, je ne peux pas le lais­ser là. Je souhaite qu’il emmé­nage avec moi dans ma nouvelle maison. Si je vis encore dix ans, je veux lui donner dix belles années de vie. Cepen­dant, si on lui retire une partie de son allo­ca­tion de la Vierge noire à cause du statut de cohabitant·e, cela ne sera proba­ble­ment pas possible. C’est absurde, car mon fils coûte bien plus cher à la société s’il vit en insti­tu­tion. Lui permettre de vivre chez moi, sans dimi­nuer son allo­ca­tion, ce serait une écono­mie énorme pour la collectivité !

Le statut de cohabitant·e et le chômage

Quand dans mon couple, tous deux avions un emploi, nous avions de quoi vivre décem­ment. Avec 2400 € par mois à trois, et un loyer acces­sible, nous arri­vions à boucler nos fins de mois. Hélas, le stress et la santé m’ont rattra­pée. Inca­pa­cité de travail, mutuelle, notre niveau de vie a changé comme les reve­nus du couple. À ma réins­crip­tion au chômage, nous décou­vrons que nous étions consi­dé­rés comme coha­bi­tants. Les gros mois, mon revenu est de 500 €, 1300 € le sien. 1800 € pour trois. Rapi­de­ment, la tension du trop peu est reve­nue. Le manque d’argent, la diffi­culté des semaines a pesé sur nous, et malgré tous nos efforts, tout ce passé commun, nous nous sommes défi­ni­ti­ve­ment sépa­rés. Je suis partie, moi, la coha­bi­tante, la chômeuse.

Le statut de cohabitant·e et la GRAPA (garan­tie de revenu aux personnes âgées)

Je ne vis pas sous le statut de coha­bi­tant parce qu’avec mon compa­gnon, on vit sépa­ré­ment. Il a la GRAPA et est pensionné et moi je suis au chômage parce que pour le moment, je suis en forma­tion. Si on se met ensemble offi­ciel­le­ment, il perd sa GRAPA et moi je vais perdre de l’argent du chômage. C’est impos­sible avec le loyer et les charges ! Je vis dans un loge­ment social et lui dans un loge­ment où le proprié­taire ne fait pas les travaux donc il pleut dans son appar­te­ment. On a longue­ment réflé­chi à vivre ensemble chez moi mais si on le fait, mon loyer augmente et nos reve­nus descendent. Ça fait 13 ans que nous sommes ensemble et on n’a jamais pu vivre ensemble…

Étudiante

Je vis seule dans un immeuble de kots. Je béné­fi­cie d’un revenu de rempla­ce­ment, depuis février 2020. J’étais consi­dé­rée comme isolée. D’un coup, suite au passage d’un assis­tant social, je suis deve­nue coha­bi­tante, je n’ai pas compris. Je perce­vais à peu près 1200 € quand tout à coup par ce chan­ge­ment effec­tué par le CPAS, je me retrouve avec un revenu de 600 € et des allo­ca­tions de 400 € (statut orphe­line). Étant étudiante, je paye, seule, un loyer de 460 € qui passera l’année prochaine à 475 € par mois et toutes mes factures. Résul­tat, il me reste à peu près 170 € pour termi­ner un mois qui n’a pas commencé… Je me retrouve à puiser dans mon compte épargne pour rembour­ser les courses faites au fur et à mesure… Je n’osais pas vivre en collo­ca­tion par peur de perdre des reve­nus et me voilà dans la préca­rité étudiante alors que je vis seule !


  • Si vous êtes victime du statut de cohabitant·e, n’hésitez pas à témoi­gner sur le site de la plate­forme.
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