• Claude Colin
    Claude Colin
    permanente de la Maison de la Laïcité du quartier de Sainte-Walburge
Propos recueillis par Aline Kockartz

Sainte-Walburge : des ateliers pour maîtriser les outils numériques

Travailler l’accessibilité au numérique sur une zone géographique circonscrite au territoire d’action d’une association de quartier est devenue une mission dont se saisissent certaines maisons de la laïcité sur le territoire de la province de Liège. En effet, dans le contexte actuel de numérisation constante de notre société, le manque de compétences en la matière plonge une importante proportion de citoyennes et citoyens dans une situation de vulnérabilité. Ainsi, il existe bon nombre d’actions de terrains, encadrées par le soutien de différents niveaux de pouvoirs subsidiants, qui permettent de former des demandeurs d’emploi et des seniors.

Depuis 2011, un agrément dans le cadre du Plan Mobilisateur pour les Technologies de l’information et de la Communication (PMTIC) a amené la Maison de la Laïcité du Quartier de Sainte-Walburge à Liège à développer ses activités de proximité dans le domaine du numérique.

Parallèlement, l’association poursuit ses actions régulières d’organisation d’ateliers et de conférences-débats, ou plus ponctuelles telles que l’accompagnement de cérémonies laïques.
Rencontre avec la permanente de l’association, Claude Colin, qui anime le quotidien de la Maison de la Laïcité de Sainte-Walburge.


Entretien avec

Claude Colin

Ateliers numériques : les demandeurs d’emploi et les seniors en de bonnes mains !

Salut & Frater­nité : Depuis quand la Maison de la Laïcité travaille-t-elle à la réduc­tion de la frac­ture numé­rique ? Comment cela se passe-t-il ?

Claude Colin : Elle a commencé il y a déjà quelques années, en 2011, en s’inscrivant dans le programme PMTIC de la Région wallonne qui vise à réduire la frac­ture numé­rique auprès des adultes, et plus préci­sé­ment des cher­cheurs d’emploi, quels que soit leur âge ou leur origine sociale, en aidant à mettre sur pied des cours d’initiation à l’informatique. Grâce à cette initia­tive, nous avons consti­tué des petits groupes de quatre personnes maxi­mum. Le dispo­si­tif PMTIC a évolué depuis ses débuts : avant, nous travail­lions beau­coup sur des ordi­na­teurs et aujourd’hui, nous axons davan­tage le travail sur les smart­phones, qui sont en fait des « mini-ordi­na­teurs ». Beau­coup de gens pensent connaître leur smart­phone et savoir l’utiliser. Cepen­dant, on se rend compte que ce n’est pas toujours le cas, notam­ment quand il s’agit d’envoyer un sms ou un mail depuis un PC ou un smart­phone, de repé­rer un hoax ou une tenta­tive d’arnaque mais aussi de remplir et d’envoyer sa décla­ra­tion d’impôts par la voie numé­rique via le système Tax-on-web.

Notre asso­cia­tion est égale­ment recon­nue comme Espace Public Numé­rique (EPN) depuis 2015. Là encore c’est un dispo­si­tif de la Région wallonne qui a tenté de fédé­rer toutes les « petites » initia­tives indi­vi­duelles afin qu’elles béné­fi­cient de ressources et d’un cadre communs. Notre maison de la laïcité ne consti­tue pas un gros opéra­teur, car elle fonc­tionne unique­ment sur rendez-vous pour ces demandes. Cela dit, des biblio­thèques et des orga­nismes commu­naux recon­nus comme EPN ont pu inves­tir et enga­ger une anima­trice ou un anima­teur pour accueillir le public de manière régulière.

Depuis 2014, la Maison de la Laïcité du quar­tier de Sainte-Walburge a inté­gré le projet Mobi­tic. Ce dernier a été mis sur pied par la Province de Liège, et cible prin­ci­pa­le­ment les usagers seniors qui rencontrent des diffi­cul­tés très souvent diffé­rentes de celles auxquelles sont confron­tés des deman­deurs d’emplois. Ils sont les grands oubliés de l’ère numé­rique et ils subissent plei­ne­ment cette frac­ture. Des forma­trices et forma­teurs animent gratui­te­ment des ateliers au sein d’associations une fois par mois. Les théma­tiques sont très diverses et concrètes et vont de la main­te­nance du PC à la décou­verte de nouvelles appli­ca­tions, comme What’s App et Signal, ou encore des moyens de se prému­nir des tech­niques de fraude en ligne.

Notre asso­cia­tion est convain­cue que maîtri­ser les outils de commu­ni­ca­tion numé­rique permet le déve­lop­pe­ment de l’esprit critique et de la libre pensée.

S.&F. : Quelle est la plus-value pour une maison de la laïcité de s’inscrire dans de telles actions ?

C.C. : Il y en a de deux types. Tout d’abord, de façon prag­ma­tique, il y a la plus-value finan­cière : l’aide PMTIC de la Région wallonne permet de finan­cer un emploi et les heures accor­dées par la maison de la laïcité aux deman­deurs d’emploi.

Ensuite, notre asso­cia­tion est convain­cue que maîtri­ser les outils de commu­ni­ca­tion numé­rique permet le déve­lop­pe­ment de l’esprit critique et de la libre pensée. Beau­coup d’adultes se perdent dans l’énorme « biblio­thèque » qu’est Inter­net. Donner des outils aux citoyennes et citoyens pour comprendre et pour se défendre dans la vie réelle ou virtuelle, c’est aussi une mission pour une maison de la laïcité. Aider les citoyennes et citoyens à commu­ni­quer grâce à Inter­net et sur les réseaux sociaux fait aussi partie de nos enga­ge­ments au regard des valeurs que nous défendons.

La Maison de la Laïcité du quar­tier de Sainte-Walburge propose des forma­tions aux tech­no­lo­gies de l'information et de la commu­ni­ca­tion. © ML Sainte-Walburge

S.&F. : Quelles sont les réus­sites et éven­tuel­le­ment les défis à épin­gler dans ce travail ?

C.C. : En géné­ral, les plus belles réus­sites relèvent du domaine de l’emploi et se mani­festent lorsque des personnes que nous avons aidées et accom­pa­gnées peuvent se réin­sé­rer sur le marché de l’emploi. Para­doxa­le­ment, elles n’ont alors plus la possi­bi­lité de venir mais cela montre la qualité et le succès de l’aide accor­dée. Par exemple, j’ai une fois reçu un message d’un de nos stagiaires qui m’annonçait qu’il ne vien­drait plus parce qu’il avait trouvé du travail. J’étais évidem­ment très heureuse pour lui !

En ce qui concerne nos défis, ils concernent l’aide pour gérer les diverses démarches admi­nis­tra­tives en ligne, par exemple. C’est dans ce domaine qu’il nous faut conti­nuer d’agir. Mais aussi, et plus parti­cu­liè­re­ment en regard de la période qui vient de s’écouler, conti­nuer d’accompagner les personnes âgées du quar­tier dans les perma­nences fiscales et l’encodage de la décla­ra­tion d’impôts ainsi que dans les démarches bancaires en ligne, qui, si elles ne sont pas maîtri­sées, peuvent renfor­cer leur senti­ment d’isolement social.

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