• Cécile Olin
    Cécile Olin
    directrice du planning familial Louise Michel
  • Denise Nihon
  • Josette Charlier
  • Myriam Lindenbaum

La voix des Communardes, une inspiration pour aujourd’hui…

Elles s’appelaient André Léo, Noémie Reclus, Marie verdure, Natha­lie Le Mel, Paule Minck, Maria Deraismes, Sophie Poirier, Eliska Vincent, Marie David, Louise Michel. Ces femmes sont des mili­tantes, révo­lu­tion­naires, fémi­nistes, socia­listes, commu­nistes, anar­chistes. Elles partent en guerre contre les discri­mi­na­tions faites aux femmes.


Leurs revendications communes ?

Égalité homme-femme, droit au travail, parité des salaires, liber­tés, instruc­tion des femmes, auto­no­mie, liber­tés des mœurs, société laïque, tels sont les grands thèmes d’action de ces femmes avant-gardistes et dont le mot central est l’émancipation de tout être humain.

En-dehors de leurs biographies, que nous ont-elles laissé ?

L’héritage fonda­men­tal de la Commune de Paris: des modi­fi­ca­tions socié­tales jusqu’à nos jours, avec cette puis­sante déter­mi­na­tion de femmes qui osent se rebel­ler ! Les Commu­nardes sont « révo­lu­tion­naires », « trico­teuses », « pétro­leuses », bref elles deviennent des femmes « mons­trueuses » proclament leurs adver­saires. Le grand chan­ge­ment socié­tal de l’épisode de la Commune est la décou­verte de la force de trans­gres­sion des normes fémi­nines et de l’action poli­tique publique. Les pas irré­ver­sibles de toutes ces femmes commu­nardes annoncent les chan­ge­ments socié­taux, des avan­cées dans l’émancipation des femmes. Leurs noms, deve­nus emblé­ma­tiques de leur cause, sont donnés à des écoles, à des crèches, et se retrouvent dans l’intitulé de prix ou d’associations consa­crés à la conti­nua­tion de leurs actions émancipatrices.

Cepen­dant, il y a aussi ce legs d’Eliska Vincent, première archi­viste du mouve­ment fémi­niste et des Commu­nards, au Musée social d’Asnières, qui fut confis­qué et détruit en 1919. Aujourd’hui, en 2010, on réédite le livre La guerre sociale écrit par André Léo et présenté par l’historienne Michèle Perrot. En 2020 l’artiste Banksy affrète un navire, portant le nom de Louise Michel, destiné à secou­rir les migrants en mer Méditerranée.

Pour­quoi un Centre de plan­ning fami­lial a‑t-il choisi de s’appeler Louise Michel ? Parce qu’au-delà de l’icône du fémi­nisme, les membres fonda­teurs du Centre ont perçu dans la person­na­lité de Louise Michel le souffle d’une liberté respec­tueuse des droits de tout être humain avec cette force de lutter jusqu’au bout pour elle.

Si on se réfère à sa biogra­phie2 : la colère de Louise Michel surgit à Paris, dans le quar­tier Mont­martre au spec­tacle de la misère, de l’injustice et de l’oppression du Second Empire. Cette colère ne la quit­tera jamais. La barri­cade qu’elle tient pendant la Commune sera l’une des dernières à tomber. La répres­sion et la dépor­ta­tion en Nouvelle-Calé­do­nie ne vien­dront pas à bout de son combat, qu’elle mènera jusqu’à son dernier souffle en 1905.

Pendant la Commune, les femmes, Ici repré­sen­tées sur la barri­cade de la place Blanche, ont joué un rôle impor­tant et ont initié des mouve­ments durables pour l’égalité.
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« Il y a des jours où on a besoin de jeter son âme à la face des oppres­seurs » écrit-elle. Louise Michel nous rappelle ainsi que le combat pour l’égalité des sexes et des genres n’est pas disso­ciable de celui de lutte des classes. Force est de consta­ter que nos reven­di­ca­tions pour une égalité de droit comme pour une égalité de fait, pour un monde plus soli­daire où chacune aurait sa place, sont loin d’être des ques­tions classées.

Le Centre de plan­ning fami­lial Louise Michel est parti­cu­liè­re­ment atta­ché à la lutte pour des avan­cées légis­la­tives en matière d’interruption volon­taire de gros­sesse. L’hypocrisie nous conduit à orien­ter chaque année vers l’étranger un petit nombre de femmes (450 à 500 pour toute la Belgique) souhai­tant mettre fin à une gros­sesse hors du délai légal, et ce, en dehors de toute couver­ture sociale. Seules les plus nanties pour­ront ainsi aller au bout de leur choix, condam­nant les autres à l’endettement, à l’illégalité ou à l’acceptation d’une mater­nité qui ne leur convient pas. Malgré les nombreuses propo­si­tions d’avancées et le chemin démo­cra­tique parcouru par ces propo­si­tions, le gouver­ne­ment Vivaldi a refusé de soumettre au vote une loi progres­siste qui sorti­rait de l’embarras ces citoyennes belges en accep­tant le chan­tage éthique du CD&V. La bonne conscience des uns l’emporte sur la réalité des autres.

Cessons aujourd’hui d’accepter l’essentialisation des inéga­li­tés de genre et la fata­lité des inéga­li­tés de classe. La Commune de Paris est un de ces évène­ments qui nous rappellent que le combat mérite d’être mené jusqu’au bout, car ce que nous reven­di­quons comme équité pour toutes et tous est aussi et d’abord le fruit de conquêtes.


  1. Asso­cia­tion des amis de la Commune de Paris – Rue des Cinq Diamants, 46 – Paris XIIIe.
  2. La fille de la colère, le roman de Louise Michel, ­Michel Peyramaure.
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