• Robert Moor
    Robert Moor
    président du Centre d’Action Laïque de la Province de Liège

Le mot du président

La Sécu­rité sociale, quelle belle idée ! Faire en sorte que les citoyens de notre pays, en coti­sant de manière soli­daire, puissent dispo­ser de reve­nus permet­tant de vivre digne­ment quels que soient les événe­ments qui peuvent surve­nir (chômage, mala­die, acci­dent). Grâce à elle, chacun peut béné­fi­cier d’un soutien lorsque les enfants viennent au monde et rece­voir une pension correcte au terme de sa carrière profes­sion­nelle. C’est fantas­tique, c’est merveilleux.

Mais ce prin­cipe de soli­da­rité est mis en péril de nos jours. Il va à l’encontre d’un ultra­li­bé­ra­lisme présent au niveau écono­mique inter­na­tio­nal et ces acquis sociaux sont rabo­tés au nom de la concur­rence jugée indis­pen­sable vis-à-vis des autres pays du monde.

Mais d’où vient cette fameuse Sécu­rité sociale ? C’est à ce redou­table défi que le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège s’est attelé, dans son expo­si­tion En Lutte. Histoires d’­émancipation.

Pari gagné. Cette expo­si­tion, très péda­go­gique, nous explique le passage de la passi­vité des travailleurs aux combats, parfois violents, pour obte­nir les avan­tages sociaux dont nous béné­fi­cions aujourd’hui. Et ils en ont bavé, nos ancêtres, exploi­tés, consi­dé­rés comme de simples objets que l’on pouvait rempla­cer, sans le moindre état d’âme, au nom de la compé­ti­ti­vité industrielle.

C’est que la Belgique du XIXe siècle fut le moteur de l’économie mondiale dans les secteurs sidé­rur­gique, char­bon­nage, verre­rie, faïen­ce­rie, textile, avec des capi­taines d’industrie entre­pre­nants et compétents.

Seul bémol, mais de taille : ces entre­pre­neurs n’avaient aucune consi­dé­ra­tion pour ces travailleurs, taillables et corvéables 12 à 14 heures par jour, 7 jours sur 7, avec femme et enfants, dès 7–8 ans, dans la mine ou les indus­tries textiles !

Le suffrage censi­taire, puis plural, laissa enfin place au suffrage univer­sel en 1919 pour les hommes et 1948 pour les femmes et le monde poli­tique, enfin plus repré­sen­ta­tif du peuple belge, promul­gua les lois de sécu­rité sociale que nous connais­sons aujourd’hui. Les deux effroyables guerres 1914–1918 et 1940–1945 avaient aussi changé le monde et favo­risé une meilleure écoute de toutes les classes sociales.

Aujourd’hui, encore, des formes d’exploitation humaine existent à travers le monde. La laïcité sera toujours là pour s’opposer aux injus­tices, pour promou­voir une société mondia­li­sée plus juste, plus égali­taire, où les humains pour­ront vivre libres, ensemble.

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