• Evelyne Daniel
    Evelyne Daniel
    présidente du Festival Paroles d’Hommes
  • Jean-Claude Bottelbergs
    Jean-Claude Bottelbergs
    administrateur et ancien président du Festival Paroles d'Hommes
Propos recueillis par Dorothy Bocken

DES PAROLES POUR S’OUVRIR AU MONDE

Le Festival Paroles d'Hommes est aujourd'hui un des rendez-vous culturel incontournable de la région du plateau de Herve. Douze ans de culture, de combats, d'engagements, de fraternité et de solidarité ! Avec près de 10 000 spectateurs en 2013, le Festival a grandi et, en 2014, sera présent à Liège en proposant des spectacles à la Cité Miroir. Ses fondateurs l'ont appelé « Paroles d'Hommes » car la liberté d'expression n'est possible qu'en démocratie. Et que cette dernière ne peut exister sans conscientisation.

À l'heure où la citoyenneté et les valeurs démocratiques semblent perdre leur signification, où la culture de consommation et l'individualisme prennent le pas sur l'esprit de résistance et de solidarité, ce festival nous rappelle d'être vigilants. Les libertés et les droits dont nous disposons ont été acquis par le combat de personnes engagées. « Paroles d'Hommes » est ainsi un engagement à diffuser les valeurs démocratiques auprès du plus grand nombre et surtout, dans un souci d'éducation à plus de solidarité, de travailler au sein d'ateliers avec les plus jeunes. C'est les inciter à être acteurs du monde à part entière.

Le festival Paroles d'Hommes permet ainsi d'aller à la rencontre de l'Autre, de s'ouvrir au monde en découvrant d'autres cultures et d'autres langages. C'est oser les rencontres et la découverte, c'est oser comprendre et partager, c'est oser le monde...

Rencontre avec Evelyne Daniel et Jean-Claude Bottelbergs, respectivement présidente et administrateur et ancien président du Festival Paroles d'Hommes.


Entretien avec

Evelyne Daniel

Jean-Claude Bottelbergs

«Paroles d’hommes» : un petit festival devenu grand

Salut & Frater­nité : Le Festi­val Paroles d'Hommes a été créé en 2002 à l'occasion du 100e anni­ver­saire de la Ligue des Droits de l'Homme. Pour­quoi les comi­tés laïques de Herve, Soumagne et Fléron ont-ils parti­cipé à la mise sur pied de cette fabu­leuse initiative ?

Evelyne Daniel et Jean-Claude Bottel­bergs : Fléron, Soumagne et Herve sont trois communes géogra­phi­que­ment proches et pour­tant telle­ment éloi­gnées socio­cul­tu­rel­le­ment. Les deux premières clôturent la banlieue liégeoise et la laïcité y est bien implan­tée depuis de nombreuses années. Côté orien­tal, à Herve, seul pointe timi­de­ment un petit comité d'action laïque depuis 1992. Mais des valeurs communes peuvent trans­cen­der les clivages poli­tiques, philo­so­phiques et reli­gieux éven­tuels : celles qui trans­pirent de la Décla­ra­tion univer­selle des Droits de l'Homme. D'où notre enthou­siasme à répondre à la propo­si­tion de Patrick Donnay, person­na­lité hervienne, comé­dien au Théâtre Natio­nal et anima­teur cultu­rel local : orga­ni­ser un festi­val théâ­tral à l'occasion du centième anni­ver­saire de la Ligue des Droits de l'Homme.

Cette initia­tive provo­quera suffi­sam­ment de curio­sité, d'intérêt, de rencontres, de discus­sions et de plai­sirs parta­gés pour rassem­bler assez de personnes dési­reuses de pour­suivre une aven­ture qui se perpé­tue main­te­nant depuis 12 ans.

S&F : Quels sont alors les objec­tifs de ce festival ?

E.D./J‑C.B. : La rédac­tion des statuts de l'ASBL a été l'occasion de discus­sions et d'échanges fruc­tueux entre personnes venant de milieux philo­so­phiques diffé­rents. En bref, son objet réside dans la défense et la promo­tion des droits humains et des peuples par la diffu­sion, la créa­tion de spec­tacles, de confé­rences, de films. Notre origi­na­lité est de program­mer un mois durant, des spec­tacles enga­gés dans des villes et communes de la région, et donc de créer du lien entre divers orga­nismes cultu­rels peu, voire pas du tout habi­tués à travailler ensemble.

S&F : À chaque édition, vous colla­bo­rez avec les écoles envi­ron­nantes… Est-ce une évidence de travailler de façon active et d'associer ce festi­val au public scolaire ?

E.D./J‑C.B. : Une de nos fier­tés est d'amener chaque année des ensei­gnants et leurs élèves d'écoles diffé­rentes, tous réseaux confon­dus, mixité sociale garan­tie, à créer un spec­tacle théâ­tral ou à parti­ci­per à une impo­sante chorale de 200 parti­ci­pants. À partir de tout un travail de sensi­bi­li­sa­tion et de réflexion autour de théma­tiques sociales, présen­ter dans le cadre d'un festi­val, dans de vrais endroits cultu­rels, un spec­tacle créé ensemble devant un nombreux public de parents et d'amis réunis est un grand moment d'émotion, de valo­ri­sa­tion, de respect mutuel, de réflexion, d'engagement et de frater­nité. Pour ce travail avec les enfants, nous n'avons pas de diffi­culté véri­table à trou­ver des classes inté­res­sées par le projet. La prin­ci­pale diffi­culté rencon­trée est le trans­port scolaire sur les lieux de présentation.

S&F : Vous êtes à la veille de la trei­zième édition et tout est ampli­fié : la durée, les parte­naires, les communes qui l'accueillent… Comment gérer cela en tant que bénévoles ?

E.D./J‑C.B. : Sans le travail de haute qualité, en grande partie béné­vole, de notre direc­teur artis­tique, Patrick Donnay et celui non moins remar­quable de Thomas Spits, notre agent perma­nent, le festi­val n'aurait pas lieu. Il s'agit là d'un équi­libre bien fragile et précaire. Il serait urgent de pouvoir s'appuyer sur une équipe élar­gie enga­gée à temps plein. Boucler le budget relève aussi de la haute voltige dans la mesure où les sommes allouées par les diffé­rents pouvoirs subsi­diants sont réduites, non garan­ties et pas néces­sai­re­ment récur­rentes. Les temps sont durs et les embel­lies ne sont pas pour demain. Quant aux spon­sors privés, ils ne se bous­culent pas au portillon pour ce genre d'événement. Sans le soutien presque incon­di­tion­nel et plus consé­quent de quelques parte­naires insti­tu­tion­nels privi­lé­giés, sans l'implication des direc­teurs des centres cultu­rels concer­nés, sans l'esprit de géné­ro­sité et de soli­da­rité qui nous anime, il y a long­temps que nous serions en liqui­da­tion. Les risques encou­rus génèrent trop de stress pour les non profes­sion­nels que nous sommes !

Boucler le budget relève aussi de la haute voltige dans la mesure où les sommes allouées par les diffé­rents pouvoirs subsi­diants sont réduites, non garan­ties et pas néces­sai­re­ment récurrentes.

S&F : Le Festi­val sera présent à Liège en 2014, à la Cité Miroir…

E.D./J‑C.B. : Oui, Patrick Donnay est aujourd'hui engagé par l'asbl Mnema. Les liens qui nous unissent s'en trouvent natu­rel­le­ment conso­li­dés. Même si les portes qui s'ouvrent sur les chemins emprun­tés par nos deux asso­cia­tions sont diffé­rentes, nous parta­geons les mêmes utopies. Nous aurons ainsi le bonheur de colla­bo­rer sur trois merveilleux spec­tacles : « Le Peuple de la nuit », « Un para­dis sur terre » et « Angé­lica Ionatos ».

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