• Jacques Smits
    Jacques Smits
    directeur du Centre d’Action Laïque de la Province de Liège

La Liberté, l’Égalité et la Solidarité ont un nouvel espace à Liège

Lorsque le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège décide en 2004 de s’associer au projet de réha­bi­li­ta­tion des Bains et Thermes de la Sauve­nière1, c’est avec l’ambition de déve­lop­per ses actions d’éducation dans un espace adapté pour y accueillir un nombreux public. 


Agir dans ce lieu, au cœur de la cité, est très symbo­lique. En effet, la construc­tion de ce bâti­ment a été initiée en 1936 par Georges Truf­faut, Éche­vin des Travaux Publics de la Ville de Liège, résis­tant au nazisme. Il voulait donner aux Liégeois un espace qui corres­ponde à un objec­tif éthique d’émancipation sociale : permettre l’accès à un centre de santé et de régé­né­res­cence à la fois collec­tif et personnel.

La créa­tion de la Cité Miroir, ce lieu d’exception au service de l’éducation, du débat et de la culture pour­suit le même enga­ge­ment socié­tal, essen­tiel dans une société en recherche de repères et dont les vieux démons ressur­gissent. L’action menée visera l’objectif de favo­ri­ser et de déve­lop­per une prise de conscience et une connais­sance critique des réali­tés de la société, des capa­ci­tés d’analyse, de choix, d’action et d’évaluation, des atti­tudes de respon­sa­bi­lité et de parti­ci­pa­tion active à la vie sociale, écono­mique, cultu­relle et politique.

La Cité Miroir, ce projet unique porté par l’asbl Mnema2, contri­bue ainsi à l’invention d’un espace du XXIe siècle qui, à travers l’histoire, parle de son temps.

Les femmes et les hommes, les asso­cia­tions et les insti­tu­tions qui ont tenu à concré­ti­ser ce projet sont profon­dé­ment atta­chés aux notions d’idéal démo­cra­tique et d’égalité des indi­vi­dus ainsi que d’émancipation sociale. Nous leur en savons gré !

Il sera un lieu de vie et de ques­tion­ne­ment, de rencontres et de débats, de décou­vertes et de créa­tions. Parce qu’expliquer, argu­men­ter, débattre et écou­ter sont des priorités.

Deux expo­si­tions perma­nentes accueille­ront le public : « Plus jamais ça ! Parcours dans les camps nazis », l’outil d’éducation connu, reconnu et revi­sité de l’asbl Les Terri­toires de la Mémoire et Entre gale­ries et forges, Histoires d’émancipation sociale une nouvelle réali­sa­tion du Centre d’Action Laïque de la Province de Liège qui évoquera les luttes sociales, la soli­da­rité et les acquis démocratiques.

Le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège se fixe ainsi comme objec­tif de main­te­nir vivante et de trans­mettre la mémoire des travailleurs, de leurs condi­tions d’existence, des orga­ni­sa­tions qu’ils ont fondées et animées, des luttes qu’ils ont menées pour conqué­rir la démo­cra­tie poli­tique et écono­mique, des actions de soli­da­rité qu’ils ont initiées pour l’émancipation.

Le patri­moine mémo­riel du bassin minier et sidé­rur­gique wallon est d’une richesse excep­tion­nelle, à l’image de la puis­sance écono­mique qui fut celle de notre région, dans cette période de tran­si­tion, déci­sive pour l’histoire du monde, entre le XVIIIe et le XIXe siècle, et dans leurs prolon­ge­ments à travers le XXe siècle et ses crises.

Ce patri­moine ne concerne pas seule­ment l’histoire écono­mique ou tech­no­lo­gique, car il est aussi ques­tion d’hommes, de femmes, et de luttes. Des géné­ra­tions de travailleurs, des gale­ries souter­raines au sommet des hauts-four­neaux, ont marqué de leur empreinte l’histoire sociale de notre pays.

Ce patri­moine ne concerne pas seule­ment l’histoire écono­mique ou tech­no­lo­gique, car il est aussi ques­tion d’hommes, de femmes, et de luttes. Des géné­ra­tions de travailleurs, des gale­ries souter­raines au sommet des hauts-four­neaux, ont marqué de leur empreinte l’histoire sociale de notre pays. L’un des fils conduc­teurs de cette histoire est sans aucun doute la soli­da­rité, dont les formes ont évolué à travers le temps : mutua­li­tés, coopé­ra­tives, syndi­ca­lisme, éduca­tion perma­nente, lutte pour le suffrage universel…

À chaque époque, des réponses à la ques­tion sociale ont été cher­chées et parfois trou­vées. Cet effort a contri­bué à géné­rer un imagi­naire collec­tif dont une présen­ta­tion à la fois péda­go­gique et commé­mo­ra­tive est rendue possible aujourd’hui par les nombreuses sources sur le sujet, qui, mises en scène dans un parcours de la mémoire, pren­draient une ampleur inéga­lée jusqu’à présent.

À l’heure où ces acquis sont fragi­li­sés, faire acte d’éducation est une nécessité !


  1. La construc­tion du bâti­ment a été confiée à l’architecte liégeois Georges Dedoyard. Né en 1897 et décédé en 1988, archi­tecte moder­niste liégeois, il a notam­ment réalisé à Liège le Pont des Arches, le Grand maga­sin « Au Bon Marché » (aujourd’hui Gale­ria Inno), le Pont Albert 1er, le Pont Kennedy, les bureaux et usines des cafés « Chat noir » mais aussi le Monu­ment commé­mo­ra­tif de la Bataille des Ardennes à Bastogne.
    Aujourd’hui Pierre Beugnier et le Triangle Archi­tectes SCCRL, asso­ciant les archi­tectes Thierry Moxhet, Pascal Jacques et Fabian Gérardy assument la concep­tion de la réha­bi­li­ta­tion des anciens bains et thermes de la Sauve­nière. Ils sont les auteurs du projet défi­ni­tif de la Cité Miroir, dans le respect et la philo­so­phie du concept initial.
  2. L’asbl Mnema s’est créée en 2003 à l’initiative de l’asbl Les Terri­toires de la Mémoire. Elle est compo­sée de membres personnes morales et physiques : Les Terri­toires de la Mémoire asbl, Ethias Assu­rance, le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège asbl, Soli­da­ris, la Maison des Syndi­cats, la Ville de Liège, la Province de Liège, Etopia, le Mouve­ment Ouvrier Chré­tien, le Recteur de l’Université de Liège, un repré­sen­tant des partis démo­cra­tiques représentatifs.
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