• Bernard Rentier
    Bernard Rentier
    recteur de l’Université de Liège
Propos recueillis par Isabelle Leplat

La Cité Miroir, lieu de synergies et de vulgarisation

Bernard Rentier est recteur de l’Université de Liège et admi­nis­tra­teur de l’asbl Mnema. Sous ces deux casquettes, il nous parle de la Cité Miroir et des pistes de colla­bo­ra­tion qui verront le jour entre ces deux pôles de connaissance.


Salut & Frater­nité : Quelle est votre défi­ni­tion du libre examen ?

Bernard Rentier : Ma défi­ni­tion est étymo­lo­gique. C’est simple­ment d’avoir la liberté la plus complète de réflé­chir, de discu­ter, de débattre et de se forger une opinion. En ce sens, il s’agit d’un prin­cipe univer­sel : toute personne a droit à son libre examen, à sa liberté de pensée et à sa libre expres­sion. Le libre examen est ainsi la méthode qui permet aujourd’hui un dialogue des cultures et le déve­lop­pe­ment de soli­da­ri­tés. En effet, s’il n’y a ni liberté de conscience ni liberté de réflexion indi­vi­duelle, on se contente de répé­ter un discours convenu. Chacun doit faire l’effort person­nel de la réflexion sur les ques­tions, quelles qu’elles soient. Et les sujets sont extrê­me­ment diver­si­fiés. Chacun doit donc pouvoir prendre le temps d’y réflé­chir et de s’informer.

Le public, parmi lequel énor­mé­ment de jeunes, est réel­le­ment récep­tif à ce type d’initiative. Cet inté­rêt des jeunes n’est d’ailleurs pas éton­nant : Liège est une ville estu­dian­tine, avec son univer­sité, ses hautes écoles mais aussi les élèves du secondaire.

S&F : Liège est une ville qui réflé­chit, une ville de culture et de connais­sances. Pour­quoi est-ce impor­tant pour une ville de possé­der des insti­tu­tions cultu­relles qui ont pignon sur rue ?

B.R. : Liège a la chance d’avoir une vie cultu­relle extrê­me­ment riche, où énor­mé­ment de moyens ont été inves­tis dans la créa­tion d’institutions cultu­relles. Le Théâtre de Liège, l’Opéra, l’Orchestre Phil­har­mo­nique en sont les exemples les plus marquants. Mais la ville a aussi un monde cultu­rel alter­na­tif qui propose des acti­vi­tés très riches et variées. L’intérêt pour le Savoir, pour la vulga­ri­sa­tion de la science est égale­ment fort présent. Par exemple, la Société libre d’Émulation1 propo­sait récem­ment des expo­sés sur la chimie moderne et ses appli­ca­tions dans la vie quoti­dienne, et la salle était comble ! Le public, parmi lequel énor­mé­ment de jeunes, est réel­le­ment récep­tif à ce type d’initiative. Cet inté­rêt des jeunes n’est d’ailleurs pas éton­nant : Liège est une ville estu­dian­tine, avec son univer­sité, ses hautes écoles mais aussi les élèves du secon­daire. L’Université a égale­ment créé la Maison des Sciences de l’Homme2, dans le but de servir d’interface entre les penseurs de l’Université et le monde de tous les jours, parce qu’on peut parfai­te­ment impli­quer dans la vie courante des éléments qui sont réflé­chis par des spécialistes.

S&F : Quelles sont les syner­gies qui peuvent être envi­sa­gées entre l’université, le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège, les Terri­toires de la Mémoire asbl et l’asbl Mnema ?

B.R. : De nombreuses acti­vi­tés communes, soute­nues aussi bien par l’asbl Mnema que par la Maison des Sciences de l’Homme, sont déjà en voie de concré­ti­sa­tion. La Cité Miroir, avec sa loca­li­sa­tion emblé­ma­tique, est évidem­ment l’endroit rêvé pour un rappro­che­ment avec une initia­tive à voca­tion plus univer­si­taire. Par ailleurs, une colla­bo­ra­tion peut être envi­sa­gée notam­ment via des travaux que le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège, l’asbl Mnema ou les Terri­toires de la Mémoire deman­de­ront à des cher­cheurs univer­si­taires. Ceux-ci déve­lop­pe­ront des réflexions qui servi­ront de base à des débats, des confé­rences, etc. orga­ni­sés à la Cité Miroir. Donc les théma­tiques peuvent être réflé­chies ensemble. Et force est de consta­ter qu’il y a foison de poten­tiels de travail collaboratif !

À Liège, il y a énor­mé­ment de possi­bi­li­tés cultu­relles à dispo­si­tion, mais elles ne sont pas néces­sai­re­ment inter­ac­tives. Or, cette inter­ac­tion est une néces­sité vitale (…)

Les cher­cheurs vont ainsi nour­rir la réflexion à partir d’éléments d’information collec­tés de manière scien­ti­fique. Même si les domaines de réflexion sont terri­ble­ment subjec­tifs, ils doivent pouvoir se baser sur une matière déga­gée des dogmes et prépa­rée de manière la plus objec­tive possible. À titre d’exemple, l’éthique de 2015 n’est pas du tout la même que celle de 1915.

À Liège, il y a énor­mé­ment de possi­bi­li­tés cultu­relles à dispo­si­tion, mais elles ne sont pas néces­sai­re­ment inter­ac­tives. Or, cette inter­ac­tion est une néces­sité vitale qui manque aujourd’hui dans l’activité liégeoise : une forme de dialogue, où chacun peut non seule­ment expri­mer où il se situe et comment il évolue dans sa réflexion, mais surtout qu’il en ait un retour. C’est l’élément crucial qu’apportera l’initiative de la Cité Miroir qui, tout en propo­sant un enca­dre­ment de qualité, sera un lieu de vulga­ri­sa­tion. Avec cette parti­cu­la­rité, comme son nom l’indique, de l’effet miroir.


  1. http://​www​.emula​tion​-liege​.be/
  2. http://​www​.msh​.ulg​.ac​.be
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