• Hervé Persain
    Hervé Persain
    président du Centre d'Action Laïque de la Province de Liège

Le mot du président

Depuis 1969, le Centre d’Action Laïque (dit CAL commu­nau­taire, un para­doxe pour un mouve­ment qui prône l’interculturalité…) repré­sente auprès des pouvoirs publics et des tiers, les personnes qui ne se recon­naissent pas dans les diffé­rentes confes­sions, mais au contraire adoptent le libre examen, qu’elles soient athées ou agnos­tiques. Il soutient les sept régio­nales qui le composent, ainsi que les asso­cia­tions membres, spécia­li­sées dans des domaines éthiques, de santé publique, de l’éducation, de la commu­ni­ca­tion, de la défense des droits des citoyens, de l’enfance et des familles, des justi­ciables, etc. Des domaines d’activités très variés, tous basés sur le respect des choix des personnes, proté­gés des pres­sions de mouvances reli­gieuses et de leur vision socié­tale parti­cu­lière qu’elles voudraient impo­ser à toute la population.

Depuis 1981, son rôle de coor­di­na­teur de la laïcité a été offi­cia­lisé, et subven­tionné pour équi­li­brer — même si on en est loin encore — le soutien finan­cier accordé par l’État aux reli­gions, dans notre société basée sur le prin­cipe de neutra­lité (la laïcité n’étant pas, comme en France, inscrite dans la Consti­tu­tion). Certains nous en ont voulu pour cela : ils voyaient dans ce subven­tion­ne­ment un ancrage dans le prin­cipe de soutien des confes­sions et donc de la laïcité, ce qui consti­tuait à leurs yeux une recon­nais­sance défi­ni­tive de ce prin­cipe alors qu’ils prônaient plutôt le retrait de l’intervention de l’État dans le finan­ce­ment des mouve­ments religieux.

(…) la recon­nais­sance nous a permis de réunir des moyens pour assu­rer notre combat consis­tant à limi­ter le pouvoir du reli­gieux sur le temporel.

Si nous compre­nons ce parti pris, nous devons admettre que la recon­nais­sance nous a permis de réunir des moyens pour assu­rer notre combat consis­tant à limi­ter le pouvoir du reli­gieux sur le tempo­rel, et faire avan­cer dans notre pays des reven­di­ca­tions qui nous sont chères, telles que le droit à l’avortement, à l’euthanasie, la procréa­tion médi­ca­le­ment assis­tée, les expé­riences scien­ti­fiques sur les embryons, les droits des femmes… autant d’avancées des droits des personnes quel que soit leur choix d’identité sexuelle ou leur diffé­rence. Il suffit pour s’en rendre compte de consi­dé­rer le rôle central que joue le Centre d’Action Laïque dans la lutte pour ces droits au niveau euro­péen, aux côtés des autres pays membres où la laïcité est peu ou pas orga­ni­sée. La laïcité à l’échelle euro­péenne souffre d’un déséqui­libre certain face aux lobbys reli­gieux ultra-conser­va­teurs, terri­ble­ment actifs et puis­sants. Et que dire des attaques inces­santes et des reculs subis par ce que l’on consi­dé­rait comme acquis dans certains pays proches et dans le monde. Les pres­sions se multi­plient aujourd’hui.

Même s’il reste des objec­tifs à atteindre et si des remises en ques­tion appa­raissent constam­ment, réjouis­sons-nous du travail accom­pli en un demi-siècle par notre Mouve­ment qui, avec ses parte­naires et ses sympa­thi­sants, a pu encou­ra­ger et accom­pa­gner l’évolution d’une société progres­si­ve­ment déga­gée des ingé­rences reli­gieuses, dans un souci perma­nent d’émancipation des citoyennes et des citoyens.

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