• Jonathan Bovy
    Jonathan Bovy
    coordinateur de la maison Arc-en-Ciel de Verviers
  • Vinciane Hardenne
    Vinciane Hardenne
    éducatrice à la Maison Arc-en-Ciel de Verviers

La Maison Arc-en-ciel de Verviers : un lieu ouvert et inclusif où chacun peut exprimer sa personnalité

La Maison Arc-en-Ciel de Verviers – Ensemble Autrement est le point de contact, d’information et de rencontre pour toutes les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres, queers, intersexuées, asexuelles, autres et hétéro-cis-friendly (LGBTQIA+) de la région de Verviers. Cette jeune association dynamique œuvre pour un mieux-être et un mieux vivre des personnes. Pour ce faire, l’équipe mise sur la rencontre et l’échange entre les personnes afin de permettre à chacune et chacun de vivre pleinement son identité.

L’association travaille sur plusieurs axes simultanément. Tout d’abord, elle ouvre sa porte à toute personne qui en ressent le besoin ou l’envie, que ce soit pour rompre l’isolement, pour une demande d’information, pour un entretien avec son service social, pour venir prendre un verre en toute décontraction ou encore pour participer à une de ses nombreuses activités.
Elle intervient ensuite soit dans les écoles soit lors d’activités afin d’aborder et de démystifier les représentations liées aux homosexualités, aux bisexualités ou aux transidentités. Elle joue enfin un rôle de vigilance et d’interpellation vis-à-vis des discriminations et des comportements homophobes ou transphobes en région verviétoise.

Nous avons rencontré Jonathan Bovy, coordinateur, et Vinciane Hardenne, éducatrice spécialisée, afin de découvrir plus précisément leur quotidien au sein de la MAC Verviers.


Entretien avec

Jonathan Bovy

Vinciane Hardenne

Un accueil pour les personnes LGBTQIA+ et leur entourage

Salut & Frater­nité : Quand a été créée la Maison Arc-en-Ciel Verviers et quelle équipe la compose ?

Jona­than Bovy et Vinciane Hardenne : L’association existe depuis 2013. Elle s’est inspi­rée de la Maison Arc-en-Ciel de Liège, qui existe depuis 20 ans. Nous lui sommes complé­men­taires et travaillons davan­tage sur l’aspect psycho-social.

Deux équipes composent notre asso­cia­tion. La première réunit des béné­voles qui orga­nisent des acti­vi­tés (jeux, sorties, détente, soirées, ciné, concerts, repas, balades …) et la deuxième, des inter­ve­nants sociaux spécia­li­sés dans les théma­tiques des orien­ta­tions sexuelles et des iden­ti­tés de genre. Cette dernière propose un soutien, une écoute et un accom­pa­gne­ment. Par ailleurs, nous accueillons une dizaine de stagiaires par an.

Au total, une ving­taine de personnes se croisent en ce lieu.

S&F : Quels sont actuel­le­ment vos projets ?

J.B. et V.H. : Nous sommes un service social de première ligne et nous nous char­geons de tout ce qui est en lien avec les théma­tiques liées aux orien­ta­tions sexuelles et aux iden­ti­tés de genre. Nous assu­rons égale­ment l’accompagnement médi­cal, surtout pour les personnes trans­genres. Nous rece­vons des demandes de média­tion entre la famille et la personne qui fait son coming out. Nous sommes d’ailleurs le seul service social spécia­lisé pour l’accueil des personnes trans­genres en province de Liège. Nous rece­vons souvent des demandes de forma­tion d’équipes de profes­sion­nels (Centres psycho-médico-sociaux d’écoles, plan­nings fami­liaux…). Nous travaillons égale­ment l’autonomie, l’estime de soi, l’accompagnement (télé-service, atelier cuisine, créa­tif, etc.). Les personnes font aussi appel à nos services pour être orien­tées vers d’autres struc­tures. Nous créons ainsi un réseau autour d’elles en fonc­tion de leurs demandes.

Nous avons créé un jeu péda­go­gique sous forme de plateau, Over the rain­bow, qui aborde l’homophobie, l’homosexualité, la bisexua­lité, la tran­si­den­tité, les infec­tions sexuel­le­ment trans­mis­sibles… Il s’agit d’un jeu trans­ver­sal destiné aux 14–21 ans. Il permet aux joueurs d’être acteurs de l’animation. Nous allons dans les écoles – secon­daires et supé­rieures – avec ce jeu et venons d’obtenir un subside pour déve­lop­per ce projet ! Nous allons donc pouvoir retra­vailler le graphisme, orga­ni­ser des forma­tions pour son utilisation.

Le jeu "Over the rain­bow", créé par la MAC de Verviers, est destiné aux 14–21 ans. Il aborde diverses théma­tiques LGBTQIA+. – MAC Verviers

Chaque année, nous orga­ni­sons égale­ment la Jour­née de lutte contre l’homophobie, le 17 mai, et la jour­née de lutte contre le SIDA, le 1er décembre. Nous avons de plus proposé une après-midi de réflexion sur la tran­si­den­tité, les réali­tés auxquelles la commu­nauté ­LGBTQIA+ est confron­tée et le travail de terrain de la Maison Arc-en-Ciel en parte­na­riat avec le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège, à La Cité Miroir.

Enfin, en tant que Maison Arc-en-Ciel, nous accueillons d’autres asso­cia­tions (les bruxel­loises Genres Pluriels et Ex-aequo ainsi qu’ICAR Wallo­nie) et nous procé­dons au dépis­tage gratuit, rapide et anonyme du HIV et de la syphilis.

S&F : Et malgré ce quoti­dien chargé, avez-vous d’autres projets en développement ?

J.B. et V.H. : Nous souhai­tons amélio­rer l’accueil des primo-arri­vants LGTBQIA+ en vue de leur appor­ter une aide et un accom­pa­gne­ment dans leur inté­gra­tion au sein de la société belge, mais aussi au sein de la commu­nauté LGBTQIA+. Il est cepen­dant diffi­cile de travailler en parte­na­riat avec les centres d’accueil. Nous allons donc tenter de les abor­der via les asso­cia­tions qui dispensent des cours de fran­çais langue étran­gère et créer une affiche spéci­fique, avec nos coor­don­nées, à mettre dans les centres.

Notre asso­cia­tion a aussi été agréée pour deux ans en tant qu’« Opéra­teur en Initia­tive locale pour l’Intégration ».

En plus, nous commen­çons à étendre notre réseau d’avocats, juristes et méde­cins friendly et spécia­li­sés. En exten­sion, le projet My friendly place, réper­to­rie tous les lieux, commerces ou autres bien­veillants et non jugeants pour le public LGBTQIA+ en région vervié­toise. Nous sensi­bi­li­sons commer­çants et asso­cia­tions puis nous leur propo­sons de signer la charte et d’apposer l’autocollant sur leur devan­ture pour marquer leur accord. Les réponses sont posi­tives. Nous avan­çons douce­ment. Le porte-à-porte prend beau­coup de temps ! D’autres initia­tives de ce type s’organisent à Liège, en province de Luxembourg…

Nous avons égale­ment mis sur pied un atelier de coaching et nous espé­rons en déve­lop­per davan­tage à l’avenir. La confiance en soi est très impor­tante. Elle passe d’abord par le chan­ge­ment physique.

Nous visons aussi à mettre en place des groupes de parole pour les proches des personnes trans­genres. La demande existe car, souvent, les familles sont perdues face à l’annonce d’un tel changement.

Pour l'avenir, nous avons de multiples projets en perspective !

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