- Fatima Shaban,
coordinatrice de la Maison de la Laïcité d’Angleur
La Maison de la laïcité d’Angleur, une maison où il fait bon vivre ensemble !
La Maison de la Laïcité d’Angleur Chênée et Grivegnée (MLACG) est installée face à l’église d’Angleur. Personne ne peut l’ignorer : elle s’annonce fièrement via le bandeau rouge vif qui orne toute sa façade. Elle est ouverte tous les jours, et chaque citoyen y est le bienvenu tant l’accueil est chaleureux et basé sur la convivialité.
Comme chaque Maison de la Laïcité, elle propose divers services tels que les cérémonies laïques. Elle coordonne notamment l’organisation de la Fête de la Jeunesse Laïque sur le territoire depuis de nombreuses années, et ce grâce à la motivation et à la disponibilité de ses bénévoles. Depuis très longtemps, elle organise également des conférences et des débats sur tous les thèmes chers aux laïques, qui fournissent un éclairage critique sur l’actualité.
Le lieu est aujourd’hui devenu une Maison de quartier qui, au travers de ses nombreuses activités, diffuse les valeurs de la laïcité dont le vivre ensemble, à travers la tolérance, la solidarité, la fraternité, l’écoute et l’esprit critique. L’autonomie et l’émancipation sont également au cœur des préoccupations des responsables.
Un travail à grande échelle, puisque près de 150 personnes poussent la porte de l’association chaque semaine pour participer aux animations.
Fatima Shaban
les ateliers d’émancipation féminine, une formidable expérience
Salut & Fraternité : Comment s’est passée l’ouverture des ateliers au sein de la Maison de la Laïcité ?
Fatima Shaban : Le premier atelier a ouvert ses portes il y a quatre ans. Il était destiné aux femmes et, soulignons-le, a été créé à leur demande bien précise : organiser un atelier cuisine. Les ateliers ont donc démarré sous l’impulsion des habitantes. À l’heure actuelle, il en existe une dizaine de toutes sortes : réservés aux femmes, mixtes, intergénérationnels, artistiques, culturels, éducatifs…
S&F : Quatre ans après, ce premier groupe de femmes est-il toujours au rendez-vous ?
F.S. : Absolument ! Le petit noyau de départ s’est agrandi et l’atelier a évolué en une formidable amitié pour la plupart d’entre elles. Elles ont demandé d’autres activités. Certaines viennent cuisiner lors de nos conférences. La mise en avant de leurs compétences est un véritable moteur pour leur confiance en elles ! La majorité d’entre elles vient aux autres activités et certaines sont parties plusieurs fois en excursion avec nous.
S&F : Comment gérer la multiculturalité et l’intergénérationnel ?
F.S. : Le groupe est en effet multiculturel et intergénérationnel : il compte près de dix nationalités différentes et les âges sont vraiment variés. Pour la Maison de la Laïcité, il est important de répondre dans la mesure du possible à ce type de demande, en se basant sur le partage de nos valeurs. Chaque participant reçoit ainsi une information sur la laïcité, sa signification et son importance pour permettre à chacun de coexister dans le respect de l’autre. Les règles sont très claires dès le début, et la première est que la religion, les convictions et les signes distinctifs quels qu’ils soient, restent à la maison. Chaque participant reçoit d’ailleurs une charte et doit y adhérer.
Rendre à ces femmes une place et un rôle particulier était bien sûr une évidence. C’est à notre sens une des voies qui mènent à l’autonomie et l’émancipation.
Participer à un atelier à la Maison de la Laïcité a un réel sens. Rendre à ces femmes une place et un rôle particulier était bien sûr une évidence. C’est à notre sens une des voies qui mènent à l’autonomie et l’émancipation. Ce n’est évidemment pas uniquement valable pour les femmes : chacun d’entre nous devrait être acteur de sa vie et pouvoir faire des choix avec toute les connaissances nécessaires pour y parvenir.
S&F : Comment avez-vous procédé ?
F.S. : Le travail effectué par l’association au sein du groupe est basé sur la confiance. La plupart des participantes étaient isolées et assez accaparées par leurs problèmes socio-économiques plus ou moins importants. L’atelier cuisine est en quelque sorte un prétexte pour se retrouver, discuter, échanger sur les difficultés du quotidien. De discussion en discussion, d’autres sujets tels que l’égalité hommes-femmes, les problèmes de violences conjugales, etc., sont abordés. Venir à la Maison de la Laïcité est une possibilité aussi pour certaines d’entre elles de sortir de leurs murs. Certaines femmes en ont vraiment besoin. Il leur manque souvent un espace de parole où elles peuvent discuter librement sans être jugées. À ce titre, la laïcité est un atout incontestable pour les femmes, puisqu’elle permet l’égalité.
Précisons que nous ne créons pas de groupes spécifiques hommes ou dames. Ce n’est pas le but ! Mais l’idéal est de garder un espace de paroles exclusivement féminin pour que chacune d’entre elles puisse s’exprimer librement. Ce n’est pas forcément d’emblée évident !
Une fois la confiance établie, le groupe s’est ouvert à des intervenants extérieurs, et donc bien sûr aux hommes. Certains sont venus cuisiner aussi et d’autres ont été invités en tant qu’intervenants extérieurs sur des sujets divers.
Une fois la confiance établie, le groupe s’est ouvert à des intervenants extérieurs, et donc bien sûr aux hommes. Certains sont venus cuisiner aussi et d’autres ont été invités en tant qu’intervenants extérieurs sur des sujets divers. Parce que l’émancipation passe aussi par l’élargissement des connaissances et l’accès à l’éducation : savoir ce qui se passe dans sa commune, dans sa ville, dans son pays, quels sont ses droits et ses devoirs, comment est organisée notre politique… Nous avons alors organisé en complément à l’atelier des moments d’échanges sur des thèmes variés tels que les droits humains, l’égalité hommes-femmes, l’emploi, le chômage, les pensions, l’administration, le logement…
S&F : C’est un bilan positif pour la MLACG ?
F.S. : Tout à fait ! Ces ateliers nous ont vraiment permis d’accueillir un autre public, de sortir de nos habitudes et de faire découvrir la laïcité au plus grand nombre par un ces biais-là ! Et une des clés de cette réussite, c’est le fait que nous sommes partis de la demande des participants, aussi bien hommes que femmes, d’ailleurs !
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