• Bernadette Rasquin
    Bernadette Rasquin
    présidente du Centre d’Action Laïque de la Province de Liège

Le mot de la présidente

Depuis plusieurs années, le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège est mobi­lisé par une réflexion en profon­deur sur l’école. Ce fut d’abord la publi­ca­tion d’une analyse exhaus­tive de l’enseignement face au défi de l’inégalité dans le cadre de la campagne d’éducation perma­nente du Centre d’Action Laïque en 2011, elle présen­tait les nombreux dysfonc­tion­ne­ments de notre système d’enseignement. Elle fut relayée par le CAL en 2012 qui présenta L’école, moteur de progrès social. Penser autre­ment, ouvrir des possibles, propo­si­tion qui s’appuyait sur les réflexions du Centre d’Etude et de Défense de l’École Publique (CEDEP).

L’inégalité des chances de réus­site et d’émancipation sociale est sans doute ce qui carac­té­rise profon­dé­ment notre système scolaire. Le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège pointe l’absence de mixité sociale au sein des écoles comme premier facteur de discri­mi­na­tion respon­sable de la dualité des résul­tats. Le Centre d’Action Laïque reven­dique un réseau unique public. Celui-ci pour­rait mettre un terme au marché scolaire qui offre aux plus nantis et aux mieux aver­tis les clés du succès social. La notion de libre choix si parti­cu­lière à la consti­tu­tion belge appar­tient à une époque révo­lue. Notre société est sécu­la­ri­sée, elle a voté des lois qui en font une pion­nière dans le domaine des liber­tés indi­vi­duelles sur le plan éthique : IVG, mariage pour tous, procréa­tion médi­ca­le­ment assis­tée, eutha­na­sie y compris pour les mineurs.

Ces lois n’obligent personne à forcer sa conscience.

Bien que les compo­santes et les enjeux de la société aient changé, l’école, premier lieu de socia­li­sa­tion et prin­ci­pale source d’éducation, reste figée dans un modèle du XIXe siècle, divi­sée en réseaux parta­gés entre l’école publique ouverte à tous et l’école confes­sion­nelle. Cette situa­tion para­lyse toute tenta­tive de refon­da­tion de l’école. Les poli­tiques craignent une guerre scolaire mais ils tolèrent l’un des systèmes internes les plus inéga­li­taires d’après l’enquête PISA, un taux de redou­ble­ment de 50 % au secon­daire qui coûte 416,7 millions d’euros (en 2011–2012) soit 10,9 % du budget global de l’enseignement, de nombreux jeunes sans quali­fi­ca­tion et donc sans avenir, un taux d’abandon de 35 % parmi les jeunes ensei­gnants. À quels désastres peuvent conduire ces constats ?

Le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège s’est engagé dans un proces­sus de réflexion avec tout le mouve­ment laïque. Des consul­ta­tions, confé­rences, tables rondes ont lieu au sein des asso­cia­tions dont les échos nour­ri­ront le congrès du 10 mai 2014. Notre mouve­ment inter­pelle les partis démo­cra­tiques pour qu’ils s’attellent à cette refon­da­tion de l’enseignement pour construire un monde plus juste, plus soli­daire, plus égalitaire.

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