- Philippe Raxhon,
co-fondateur du Centre de Recherches et d’études sur la Transmission de la Mémoire (CTM) - Veronica Granata,
co-fondatrice du Centre de Recherches et d’études sur la Transmission de la Mémoire (CTM)
La Cité Miroir, lieu de recherches et d’études
Parmi les multiples opportunités qu’offrira la Cité Miroir, il faut évoquer une nouveauté dans le paysage scientifique de la Fédération Wallonie-Bruxelles, un Centre de Recherches et d’études sur la Transmission de la Mémoire (CTM), qui sera prochainement opérationnel.
Initié au sein du service d’histoire contemporaine de l’Université de Liège, le CTM visera à regrouper des forces vives en la matière issues des différentes institutions universitaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il nouera des liens avec des partenaires étrangers, en vue de constituer un pôle d’excellence, et qui rendra accessibles ses découvertes et son savoir-faire aux citoyens. Il est utile de cerner le contexte dans lequel s’inscrit la constitution du CTM.
Dans nos sociétés contemporaines, la problématique de la mémoire a le vent en poupe. Elle témoigne de la présence du passé et des enjeux de celui-ci, des influences qu’il exerce sur nos représentations, nos actions, nos projections dans l’avenir. Et ces enjeux peuvent être conflictuels, dans la mesure où la mémoire participe explicitement à la construction et au renforcement des identités collectives.
Dans le secteur de la recherche scientifique, la mémoire est certes déjà un objet d’études, via des recherches individuelles ou des structures organisées, des instituts, des centres de recherches. En général ceux-ci ont opté dans leur démarche pour l’examen d’une mémoire singulière, spécifique, thématisée, ou en lien avec une séquence d’épisodes particuliers de l’histoire, ce que nous appelons un « foyer mémoriel », comme par exemple les identités nationales ou régionales, les génocides, la colonisation, le mouvement ouvrier, la Première Guerre mondiale, la Révolution française… La liste est longue.
Dans nos sociétés contemporaines, la problématique de la mémoire a le vent en poupe. Elle témoigne de la présence du passé et des enjeux de celui-ci (…)
L’originalité du Centre de Recherches et d’études sur la Transmission de la Mémoire, interuniversitaire et interdisciplinaire, réside dans l’inclinaison donnée à cette perspective traditionnelle, en mettant l’accent sur la problématique de la transmission en tant que telle, selon une orientation transversale, qui recouvre les différents foyers mémoriels.
En outre, une telle dynamique implique un recours au savoir-faire de disciplines scientifiques qui n’appartiennent pas exclusivement au champ de la recherche en sciences humaines.
Enfin, le Centre sera conçu comme un prestataire de services et d’expertises scientifiques en matière de transmission de la mémoire. En fonction des projets, il pourra solliciter son réseau. Les exemples sont multiples en la matière, par exemple dans la perspective d’une commémoration majeure, comme le centenaire de la Première Guerre mondiale, ou lors de la réalisation d’un atlas interactif des lieux de mémoire en Fédération Wallonie-Bruxelles, ou encore dans l’implication dans la mise en valeur d’un patrimoine mémoriel, dans notre région ou à l’étranger. Au demeurant, le tourisme de mémoire, la question de la référence au passé dans l’espace public, sont des réalités qui drainent des intérêts et des enjeux variés. Les compétences attachées au Centre seront de nature à stimuler grandement une implication dans ces intérêts.
On notera que, dans le contexte de l’inauguration de la Cité Miroir, un colloque international de trois jours, ouvert à tous, sera organisé par le CTM à la Cité Miroir, du 10 au 12 mars 2014, commémorant la chute du premier régime fasciste de l’histoire. Ce colloque intitulé « Persécutions et résistances en Italie, de la période fasciste à l’occupation nazie (1922–1944). Histoire et Mémoire » se déclinera en plusieurs axes : les historiens et ce thème, l’immigration italienne en Belgique et le fascisme, les témoignages, les opérateurs de la mémoire en Belgique et en Italie aujourd’hui sur ce sujet (centre d’interprétations, musées…). Ce colloque sera l’occasion d’initier un partenariat avec les acteurs italiens de la mémoire.
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