- David Scholpp,
enseignant en psychopédagogie et chercheur au sein du Service de Soutien à la Recherche et aux Innovations (SSRI)
Désir de grandir et plaisir d’apprendre
Nous apprenons sans cesse, tout au long de notre vie. Ces apprentissages, qu’ils relèvent du champ des savoirs ou de ceux des savoir-faire, savoir-être ou encore savoir-ressentir et savoir-éprouver, couvrent un nombre incalculable de domaines. Ainsi, dans notre petite enfance, apprenons-nous notamment à saisir et utiliser des objets, à marcher ou à parler. Autant d’activités banales que l’on pourrait pourtant qualifier de très complexes lorsqu’on les analyse.
Il est intéressant de remarquer que d’ordinaire, malgré leur complexité, ces opérations s’acquièrent puis se peaufinent avec aisance et sans encombre. Pourquoi alors, plus tard à l’école, des complications et difficultés se profilent-elles lorsqu’il s’agit de réaliser des apprentissages parfois moins complexes que ceux donnés en exemples ci-dessus ? Des centaines de traités ont été écrits sur la question, dont je retiens ici que tout apprentissage s’enracine dans un élan vers lui. Cet élan nous est naturel ; nous sommes tous, serait-ce peu, animés du désir de savoir, de comprendre, d’interagir avec nos pairs et notre environnement ; et assouvir ce désir est source de plaisir.
Ce plaisir peut être celui d’avoir répondu à un besoin ou une nécessité d’action, celui d’avoir dépassé une difficulté, celui de découvrir une nouvelle « face du monde », celui d’avoir satisfait autrui… Dans tous les cas, ce plaisir est celui de grandir, de se sentir plus « dense », plus « lourd », plus présent à soi-même et au monde – il n’est qu’à voir, dès la toute petite enfance, la jubilation avec laquelle nous répétons une action ou un comportement nouvellement et heureusement acquis. L’école doit être pleinement consciente de cet élan et cultiver ce cadeau précieux avec lequel nous naissons : la curiosité. Les moyens pour ce faire sont nombreux : d’abord et avant tout, répondre à toutes les questions des enfants, si inopinées soient-elles (« Pourquoi l’herbe est-elle verte ? », « D’où viennent les rêves ? »), de manière à ce qu’ils continuent à (s’) en poser, mais aussi, leur proposer des tâches difficiles et être là pour les aider à dépasser leurs difficultés éventuelles. C’est leur témoigner notre confiance en leurs capacités de grandissement et leur permettre d’éprouver le plaisir de la réussite… et leur rendre palpable notre propre plaisir d’apprendre. Et, tant qu’à faire, souvenons-nous de Rabelais et rions en classe, rions d’apprendre, et rions en apprenant !
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