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Lillo Mancuso,
administrateur de l'abl Mû
« Le Kaléïdoson amène une immense liberté et du bien-être ! »
S&F: Le Kaléïdoson était alors un moyen de retrouver le plaisir de jouer ?
L.M. : Oui, il me fallait pour cela une interface gestuelle adaptée aux possibilités musicales de l’ordinateur. Au fil de mes recherches, j’ai utilisé la lumière en créant quelque chose de suffisamment réactif aux gestes pour être dans le plaisir sonore immédiat. Le Kaléïdoson allait explorer cette piste : retrouver le plaisir du geste en libérant le corps des boutons, curseurs, clavier, souris,… avec l’ambition de rendre plus intuitive et plus accessible la pratique musicale qui, aujourd’hui, est inévitablement affectée par l’avancée technologique.
S&F : Comment est venue cette envie de partager le Kaléïdoson ?
L.M. : L’envie était de toute façon d’en faire profiter d’autres musiciens. C’était au départ une recherche personnelle et je ne voulais pas spécifiquement réaliser quelque chose de facile et didactique. Un jour, je l’ai fait découvrir à un ami kinésithérapeute qui pratique au CHR de la Citadelle, et qui en a parlé à ses collègues psychothérapeutes. L’aventure de départ allait alors passer un autre cap : celui de la pratique musicale au service de la thérapie.
S&F : Pouvez-vous développer cet aspect thérapeutique?
L.M. : Cet instrument nous emporte dans un monde de mouvements sonores et réveille les possibilités motrices et créatives enfouies en chacun de nous. La liberté de mouvement permet de dégager les émotions indispensables au bien-être et à l’équilibre psychique. Il favorise, à travers deux éléments intimement liés, à savoir le son et le mouvement, l’émergence d’un langage émotionnel et corporel en donnant libre cours à la sensibilité naturelle et spontanée de chacun. Il permet aussi d’aborder des situations plus structurées dans une optique cognitive et une dynamique d’apprentissage où l’expressivité psychomotrice stimulée par le son permet d’explorer le rapport au corps, à l’espace et au temps. Il offre des perspectives nouvelles à l’expérience sensori-motrice et ses vertus curatives.
S&F : Très vite, d’autres institutions conscientes de ces vertus thérapeutiques font appel à l’asbl Mû. Pouvez-vous nous dire où cela en est ?
L.M. : Le Kaléïdoson est actuellement installé soit définitivement, soit périodiquement dans plusieurs institutions, et concerne maintenant plusieurs types de publics enfants et adultes confondus : des enfants myopathes et infirmes moteurs cérébraux, des personnes handicapées mentales, polyhandicapées, ou encore atteintes d’autisme, ainsi que des enfants hospitalisés et alités durant une très longue période et ce, dans le cadre de séances de réadaptation par la musique et le mouvement.
Être témoin de la joie que peut procurer l’utilisation de l’instrument est une gratification extraordinaire. Permettre aux enfants et aux adultes d’obtenir un bien-être lié au plaisir immédiat de la pratique musicale est très enrichissant (…)
S&F : On peut alors parler de plaisirs partagés. Celui du concepteur et celui des utilisateurs.
L.M. : Tout à fait ! Être témoin de la joie que peut procurer l’utilisation de l’instrument est une gratification extraordinaire. Permettre aux enfants et aux adultes d’obtenir un bien-être lié au plaisir immédiat de la pratique musicale est très enrichissant, même si l’utilisation du Kaléïdoson n’est pas non plus dépourvue de contraintes. Mais il a cette capacité d’amener cet esprit ludique et cette satisfaction immédiate qui pousse l’utilisateur à aller plus loin dans sa pratique et à, s’il le souhaite, obtenir de formidables résultats musicaux liés à l’apprentissage. Le Kaléïdoson amène une immense liberté, source indissociable du bien-être !
Lillo Mancuso
Le Kaléïdoson : un plaisir partagé !
Il y a cinq ans, le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège découvrait avec stupéfaction et admiration l’instrument créé par Lillo Mancuso, le Kaléïdoson. à la fois installation ingénieuse et instrument de musique, il est composé de deux rails mis en regard, l’un au sol où sont fixés les capteurs, l’autre au plafond soutenant huit spots. Le Kaleïdoson projette ainsi des faisceaux lumineux qui, une fois interrompus, produisent un son modulable à l’envi. La liste de sons, contrôlée depuis un ordinateur, est sans fin : guitare ou bruit de la mer, voix ou clarinette… Et le choix ne cesse de s’élargir !
L’absence de contrainte matérielle permet de retrouver en toute liberté des gestes expressifs, presque instinctifs, pour une initiation à la musique qui privilégie le plaisir du geste sonore et l’effet sensoriel qui en découle. La pratique musicale devient donc accessible au plus grand nombre. L’asbl Mû fait ainsi bénéficier différents publics et notamment les personnes plus fragilisées, en favorisant un épanouissement personnel ainsi qu’un aspect thérapeutique.
Liberté, égalité, solidarité, absence de contrainte, pratique musicale accessible, ne sont-ce pas là quelques ingrédients à la base des notions de plaisir et de bonheur ? Pour nous en parler, nous avons rencontré Lillo Mancuso, concepteur du dispositif et administrateur de Mû.
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