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Hervé Persain,
président du Centre d’Action Laïque de la Province de Liège
Le mot du président
La solidarité n'est pas la valeur dominante du moment.
Les tendances au communautarisme se font de plus en plus pressantes de nos jours. Le repli sur soi des individus et des microsociétés est patent. Cette propension qu'ont les individus à se regrouper entre « mêmes », encouragés en cela par la communication ambiante, la politique commerciale des médias, et les outils du Web 2.0 tels que les réseaux sociaux contribuent à ce que Pascal Durand nommait l'hypertribalisation, lors de sa conférence à l'Espace Laïcité de Waremme le 25 mai dernier. Les personnes s'enferment dans des dynamiques associatives dont sont exclus ceux qui ne pensent pas comme le groupe. Cette voie que prennent nos relations interpersonnelles nous conduit à contre-courant des valeurs humanistes qui nous mènent à privilégier le vivre ensemble dans la diversité, découvrant dar1s les différences entre les individus toute la saveur et la richesse qui nous font progresser, en tant que personne et en tant que société.
La fracture est grandissante entre les pays du Nord et du Sud. La surprotection de la finance au détriment des gens, le sauvetage des banques au prix d'une crise économique dont souffrent de nouveau les plus faibles sont les signes contemporains criants des priorités défendues dans le monde dit civilisé. Belle démonstration que nos sociétés trouvant des moyens pour des outils de développement, tant qu'ils répondent bien aux enjeux des thermomètres du degré de civilisation de nos sociétés contemporaines : le rendement financier, la santé monétaire, le niveau de consommation.
Les états viennent au secours des banques, mais quand il s'agit d'œuvrer dans la solidarité avec les peuples du Sud ou de l'Est, on en revient aux bonnes vieilles recettes de la charité en appelant aux dons des citoyens plutôt qu'aux sources de financement publiques, et tout comme par le passé, les aides apportées sont assorties de conditions telles que la dépendance de ceux qui les reçoivent en est alourdie. Ces services publics sont détricotés dans nos propres systèmes d'aide à la population. Comment réduire les inégalités alors que de nombreuses tentatives issues du monde associatif ou des services publics sont constamment accusées de concurrence face aux offres commerciales qui partagent le même terrain d'action, avec toutefois des finalités différentes, sinon opposées ?
Nous sommes en quelque sorte entrés en résistance, nous qui défendons des approches solidaires du vivre ensemble. Nous l'assumons, et ne renonçons pas à inverser la vapeur du courant dominant…
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