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Robert Moor,
président du Centre d’Action Laïque de la Province de Liège
Le mot du président
Que recouvre exactement le concept de laïcité ? Le Centre d’Action Laïque l’a redéfini en avril 2016 : « La laïcité est le principe humaniste qui fonde le régime des libertés et des droits humains sur l’impartialité du pouvoir civil démocratique dégagé de toute ingérence religieuse. Il oblige l’État de droit à assurer l’égalité, la solidarité et l’émancipation des citoyens par la diffusion des savoirs et l’exercice du libre examen. » Autrement dit, la laïcité se positionne comme un principe premier, au-dessus des multiples convictions du pays, y compris celles de la communauté des athées. Grâce à la laïcité, l’État peut assurer, de manière impartiale, le respect des libertés et droits de chacun. Les religions sont ainsi protégées par l’État de droit mais la primauté des lois démocratiques, votées par le Parlement et les articles de la Constitution, est réaffirmée par rapport aux prescrits religieux. Libre bien sûr aux représentants des différents courants philosophiques et religieux de s’exprimer, contester, manifester leurs convictions, cela va de soi, dans l’espace public.
On comprend mieux pourquoi le Centre d’Action Laïque souhaite voir ainsi la laïcité inscrite dans la Constitution. Cette référence constitutionnelle apporterait les clarifications nécessaires. Dans la sphère privée (la maison, les associations et autres lieux privés), chacun s’habille et vit comme il veut ; dans l’espace public (les lieux ouverts à tous dans une société : la rue, les cafés, …) aussi mais d’une manière qui rende la personne identifiable (pas de burqa ni de niqab par exemple). Dans les services publics (l’enseignement, la poste, les administrations, …), l’équidistance entre les différentes convictions obligerait le personnel de la fonction publique à rester neutre. Pas de voile donc ni aucun autre signe convictionnel visible pour les travailleurs du service public.
Cette laïcité nouvelle devrait aussi permettre de rouvrir le chantier de l’enseignement. Pourquoi, dans une société multiculturelle, ne pas fusionner les réseaux officiels et libres pour créer un réseau unique, public, où tous les enfants pourraient se retrouver, dans une joyeuse mixité sociale, quelles que soient leurs convictions philosophiques, dans le respect de la neutralité et sous la tutelle de l’autorité publique subsidiante ?
Avec cette laïcité nouvelle, les différentes religions et organisations laïques, les croyants et incroyants disposeraient d’une liberté mieux garantie, qui ne serait limitée que par la volonté de l’État de droit d’assurer l’égalité, la solidarité et l’émancipation de tous les citoyens.
Bref, avec la ferme volonté de vivre libres, ensemble !
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