• Rosa et Silvana
    Rosa et Silvana

Moi, personnage de pouvoir

Est-il possible de sortir de sa condi­tion sociale en portant le costume de celui ou celle qu’on aime­rait être ? Quel rôle jouent les vête­ments dans la construc­tion de notre iden­tité ? Élèves d’école primaire, adultes appre­nant le fran­çais, jeunes adultes menta­le­ment défi­cients ou parti­ci­pants à un atelier de couture ont tenté de répondre à ces ques­tions en enfi­lant un costume pour deve­nir un person­nage de pouvoir. Une fois habillés, maquillés et coif­fés, ils se sont fait tirer le portrait au Théâtre de Liège. À partir de ces clichés, d’autres ont imaginé l’histoire de ces personnages.

Elle s’appelle Eula­lia Riun­bau, habite à Barce­lone avec ses parents à la fin du XIXe siècle.
Sa qualité est la disci­pline et son défaut est l’insolence.

Elle adore les fêtes de la haute société et la littérature.
Elle a un carac­tère très difficile.
L’histoire d’un collier
Je suis un cadeau qui se trans­met de mère en fille, pour sa promesse de mariage, depuis 400 ans.
Je ne suis pas un collier normal, je viens d’une ancienne prin­cesse indienne d’une grande beauté.
Mes anciennes proprié­taires disent que je suis magique, je réalise un souhait pour chaque perle qui me compose.

ROSA, appre­nante fran­çais langue étran­gère de l’Esp@ce Lecture & Langage de Fétinne, Ville de Liège


Milord se prome­nait dans le smog de Londres. Sa silhouette haute et fière m’apparut dans le halo d’un bec de gaz. God ! Quelle belle allure ! Il avait une démarche de félin, légère et chalou­pée à la fois. Sa cape vole­tait autour de sa haute stature en lui donnant de l’épaisseur.
Quelques éclairs de brillance m’apparaissaient par inter­mit­tence : le lustré de son haut-de-forme et le vernis impec­cable de ses chaus­sures ponc­tuaient son dépla­ce­ment en haut et en bas de sa haute silhouette, tels les fanaux d’un bateau arri­vant au port après un voyage aventureux.

Je me mis à rêver de sa vie. D’où venait-il ? Qu’avait-il vécu ? Quels drames ? Quelles joies avaient façonné sa person­na­lité ? Était-il vérité ou mensonge ? S’était-il construit une allure, un person­nage, ou était-il l’exact reflet de lui-même ?
Quoi qu’il en soit, moi, canne à pommeau d’argent dans ma vitrine, j’étais sous le charme et je voulais être le troi­sième point lumi­neux de son élégante apparence.
Je voulais faire partie de sa vie. Capter son regard et son envie deve­nait primordial.
Je devien­drais le troi­sième tempo de ses déam­bu­la­tions nocturnes : clac–clac–cloc, soulier-vernis-vernis-canne, vernis-vernis-canne… J’apporterais alors « son et lumière » à mon milord de la nuit.

SILVANA, atelier couture du quar­tier de Fragnée, aervice inter­gé­né­ra­tion­nel, Ville de Liège

 

Dans le cadre d’Aux Livres, Citoyens !, une initia­tive du Centre d’Action Laïque de la Province de Liège, des Terri­toires de la Mémoire asbl et de la Biblio­thèque centrale des Chiroux. Ce projet a été mené en parte­na­riat avec l’Esp@ce Lecture et Langage de la Ville de Liège, la Coopé­ra­tion cultu­relle régio­nale, Gratte asbl, Helmo, PAC Écri­vain public, le Théâtre de Liège, l’école des Pitteurs, le service InterG de Liège et Arsenic2.

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