• Robert Moor
    Robert Moor
    président du Centre d’Action Laïque de la Province de Liège

Le mot du président

La culture d’aujourd’hui inter­pelle le monde. Elle dénonce la violence, le secta­risme et les dérives d’un ultra capi­ta­lisme rava­geur, destruc­teur d’emplois et de dignité humaine. Un système qui, par ailleurs, s’empare sans vergogne des œuvres d’art pour spécu­ler sur leur valeur future.

Mais la culture se résume-t-elle aux œuvres artis­tiques recon­nues ? Évidem­ment non. La culture popu­laire, qui se retrouve aux travers des anima­tions cultu­relles, démontre toutes les poten­tia­li­tés de « Monsieur et Madame tout le monde ». Ce vocable mérite donc sans nul doute un pluriel car le singu­lier pour­rait sous-entendre que la culture est cade­nas­sée dans une vision élitiste du monde. C’est pour­quoi ce numéro de Salut & Frater­nité est consa­cré « aux cultures ».

À titre d’exemple, citons le projet Aux Livres, Citoyens ! qui illustre l’apport magni­fique d’une culture popu­laire foison­nante avec des ateliers d’écriture, de rap et slam, de chant, de théâtre, de créa­tion de mobi­lier urbain, etc. La popu­la­tion jeune et moins jeune peut enfin s’exprimer sur les théma­tiques des quar­tiers popu­laires souvent délais­sés. Il s’agit là d’une appro­pria­tion des enjeux de notre société, trop souvent clivante et qui ignore la richesse de la culture populaire.

Autre exemple marquant : les Fieris Féeries, spec­tacle bien­nal qui mobi­lise un nombre consi­dé­rable d’habitants de Seraing, autour de ce qui nour­rit la vie du bassin mosan, à savoir la nature, le cris­tal, le génie indus­triel et, bien sûr, la Meuse. Nombre d’associations, de clubs spor­tifs, d’école de danse et de chant, d’écoles, de jeunes et de pension­nés, de chômeurs et de gens dits « actifs », d’autochtones et d’allochtones sont asso­ciés pour une parade festive origi­nale, qui mettra le feu au centre séré­sien pour la seconde fois le 4 octobre prochain.

Je salue d’ailleurs ici chaleu­reu­se­ment le remar­quable travail de fond des anima­teurs culturels.

La laïcité, riche de toutes ses asso­cia­tions et de ses perma­nents, joue au travers de ces projets plei­ne­ment son rôle de pôle dyna­mique cultu­rel. Elle se doit égale­ment de rester atten­tive aux mouve­ments citoyens nouveaux qui émergent de nos jours, avec leurs propres codes (ce qui n’est pas évident car souvent, ils sortent du cadre)?: ils sont eux aussi acteurs de chan­ge­ment. Mais nous pouvons être légi­ti­me­ment fiers de parti­ci­per à la construc­tion de cette citoyen­neté respon­sable, à ce vaste mouve­ment cultu­rel qui alimente le débat démo­cra­tique, le vivre ensemble et la diver­sité culturelle.

En conclu­sion, comme le dit Marius GARVEY, « un peuple qui ne connaît pas son passé, ses origines et sa culture ressemble à un arbre sans racine ». « Ses cultures », corri­ge­rais-je, en actua­li­sant la cita­tion et, sans racine, point de vie culturelle !

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