- Hervé Persain,
Président f.f. du Centre d’Action Laïque de la Province de Liège
Le mot du président
Les droits des femmes sont une matière éminemment culturelle, et notre culture est encore aujourd’hui fortement influencée par le poids des religions, essentiellement la religion catholique pour notre monde occidental.
Début octobre se tiendra une assemblée extraordinaire du Synode des évêques à Rome. Elle sera consacrée aux « Défis pastoraux de la famille dans le contexte de l’évangélisation ». Une consultation des paroissiens1 a été entreprise à cet effet, afin qu’ils expriment leurs positions sur des matières telles que le mariage, la contraception, la sexualité hors mariage… Leur Assemblée générale de 2015 aura alors de la matière pour définir des lignes d’action pour la pastorale de la personne humaine et de la famille.
La communauté laïque s’élève contre la vocation évangélisatrice de l’Église, qui tend à imposer à l’ensemble de l’humanité un cadre de références qui ne devrait concerner que les personnes qui adhèrent librement aux valeurs prônées par le catholicisme.
Il nous revient de faire état de notre attachement aux choix éthiques des individus liés à leur propre cadre référentiel, assumant ainsi leur choix de vie privée sans interférence dogmatique. Le bien commun et le mode de vie de tous et toutes doivent bien sûr être régulé par des lois, mais celles-ci doivent relever du fonctionnement démocratique et privilégier l’intérêt de l’ensemble de la population, sans influence philosophique particulière.
Si la loi a fixé dans notre pays le cadre régissant l’avortement, l’euthanasie, il n’impose en rien aux femmes et aux hommes de choisir d’y avoir recours. Par contre, une interdiction pure et simple proscrirait pour l’ensemble des citoyens le libre choix dans ce qui ne regarde que leur vie privée, leurs propres choix éthiques.
La stratégie entamée par Rome nous fait entrevoir un renforcement des lobbies religieux au sein de nos institutions européennes. Au moins la Cour européenne des droits humains a‑t-elle validé l’interdiction du voile intégral en France2, préservant en cela les conditions du vivre ensemble et reconnaissant ainsi la légitimité de cet objectif des autorités françaises. Pour égratigner ces principes universels liés au bien commun, les religions utilisent systématiquement et paradoxalement des arguments qui sont précisément ceux qui conduisent les décisions des autorités publiques. C’est donc au nom de la liberté de religion, d’expression et du droit à la vie familiale et privée que sont entamées des procédures qui visent au contraire à renforcer le diktat religieux sur le mode de vie des femmes !
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