• Bernadette Rasquin
    Bernadette Rasquin
    présidente du Centre d’Action Laïque de la Province de Liège

Le mot de la présidente

Libé­ra­li­sa­tion, marchan­di­sa­tion, libre concur­rence, déré­gu­la­tion, bulle finan­cière, subprime, titri­sa­tion, infla­tion, défla­tion, hedge fund : autant de termes qui ont envahi les médias sans que nous puis­sions les défi­nir aisé­ment. Toute­fois, nous sommes confron­tés dans notre quoti­dien à tout ce qui en découle : ferme­ture d’entreprises, délo­ca­li­sa­tion, chômage, dimi­nu­tion des salaires et préca­ri­sa­tion ! Pour­quoi ces liens de causes à consé­quences ? Que devient le pouvoir démo­cra­tique confronté au pouvoir des experts écono­miques et financiers ?

Dans son Memo­ran­dum 2012, le Centre d’Action Laïque réaf­firme son enga­ge­ment à promou­voir la soli­da­rité, à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Pour lutter, il faut connaître son adver­saire et donc décryp­ter le système écono­mique géné­ra­teur de la pauvreté. Ce système qui n’hésite pas à « dégrais­ser » le person­nel d’une entre­prise, à gérer les ressources « humaines », à compres­ser la « masse » sala­riale. Flexi­bi­lité, adap­ta­bi­lité, réajus­te­ment, non pas du maté­riel mais du person­nel ! C’est une écono­mie qui inspire la peur. Peur de perdre son emploi, peur de rece­voir une pension de retraite réduite au mini­mum, peur de voir dispa­raître les acquis sociaux. Les étoiles déjà filantes de l’Europe sont aspi­rées dans le trou noir du néo-libéralisme.

Mais gare aux sirènes du popu­lisme, à l’exaltation de l’identité natio­nale. Ne tombons pas dans le piège en dési­gnant des boucs émis­saires ! Ne faisons pas le jeu de l’extrême droite si prompte à mani­pu­ler une popu­la­tion en souf­france. En avril, lors du premier tour des élec­tions fran­çaises, presque 20% des élec­teurs l’ont suivie.

Parce que le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège veut promou­voir une citoyen­neté parti­ci­pa­tive, critique et respon­sable, il encou­rage la connais­sance des méca­nismes qui régissent notre société. Il ne peut y avoir d’engagement sans choix et préa­la­ble­ment sans savoirs. Il est indis­pen­sable de saisir en quoi la globa­li­sa­tion sans régu­la­tion est une machine profon­dé­ment inéga­li­taire, profi­tant de la soli­da­rité du capi­ta­lisme mondial, de plus en plus riche, et de la fragi­lité des travailleurs de pays sans poli­tique sociale. Les emplois indus­triels sont les plus touchés. Notre région en fait les frais.

L’économie concerne le monde du travail mais aussi l’avenir de la planète. Elle touche tous les aspects de la vie et pour­tant elle reste une matière réser­vée aux spécia­listes. Les programmes scolaires ne lui accordent pas la place néces­saire pour que chacun puisse déchif­frer le fonc­tion­ne­ment des systèmes écono­miques. La compré­hen­sion est une étape indis­pen­sable pour inter­pel­ler les respon­sables poli­tiques sur leurs projets d’actions dans ce domaine. Il est urgent qu’une poli­tique sociale portée par des repré­sen­tants poli­tiques démo­cra­ti­que­ment élus reprenne le contrôle de l’économie et de la finance en s’appuyant sur un nouveau modèle de déve­lop­pe­ment fondé sur les droits de l’homme, l’éthique, la justice et la soli­da­rité. C’est le propos de Salut & Fraternité.

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