- Anne Fivé,
directrice juridique du Centre d’Action laïque
Mariage laïque cherche local à caractère solennel, spacieux, gratuit si possible…
En ce début mai1, le Ministre wallon des pouvoirs locaux et de la Ville, Paul Furlan, a apporté des précisions importantes en réponse à une question parlementaire posée par le député Claude Eerdekens à propos de l’organisation des cérémonies laïques et religieuses après le mariage civil. Cette question fait suite à la réponse tranchée fournie par le Ministre à une première question du député Collignon qui souhaitait connaître précisément les obligations des communes en la matière.
Le Ministre Furlan a, en substance, répondu ceci : « L’officier de l’état civil a pour mission légale de célébrer un mariage civil selon les règles et les formes prévues par la loi. Sa fonction se limite à cela ». Une fois toutes les formalités légales remplies, il prononce, au nom de la loi, que les époux sont unis par le mariage et il en dresse acte sur-le-champ. La loi, dit le Ministre, ne prévoit aucun autre cérémonial. Cette affirmation n’est bien entendu pas contestable au regard du strict respect de la loi. Il n’y a pas lieu de mélanger la célébration du mariage civil avec un autre type de cérémonie (bénédiction nuptiale, cérémonie laïque ou autre). L’on ne nous empêchera toutefois pas de penser qu’il est toujours loisible voire souhaitable qu’une attention particulière soit portée par l’échevin de l’état civil à l’importance que ce moment a pour les futurs époux en donnant un caractère solennel au mariage civil (minimum de decorum, musique appropriée, des paroles de circonstance, voire un vin d’honneur).
Le Ministre rappelle, à juste titre, que le mariage civil doit toujours, sauf exception prévue par la loi, précéder la bénédiction nuptiale religieuse, sous peine de poursuites pénales2.
Le Ministre rappelle, à juste titre, que le mariage civil doit toujours, sauf exception prévue par la loi, précéder la bénédiction nuptiale religieuse, sous peine de poursuites pénales2. Le dernier volet de la réponse du Ministre précise l’interdiction pour les communes de prêter des locaux communaux pour un mariage d’un autre type que le mariage civil, sous peine de détournement de pouvoirs « inadmissible dans le chef de l’officier de l’état civil qui userait de biens publics à des fins privées ». Cette affirmation a été suivie d’une seconde question parlementaire. Le Ministre a eu l’occasion de préciser que « s’agissant de biens relevant du patrimoine privé de la commune, la location d’une salle des fêtes par exemple est permise. Il revient au conseil communal en vertu de l’article L1222‑1 du CDLD (Code wallon de la démocratie locale et de la décentralisation) d’en arrêter les conditions générales dans un règlement. »

Le Centre d’Action Laïque estime que la cérémonie laïque doit idéalement être organisée de manière tout à fait distincte du mariage civil. Admettrait-on en effet qu’un curé s’associe à l’officier de l’état civil à la maison communale pour organiser un mariage civil et religieux à la fois ?
On sait toutefois qu’aujourd’hui, même si l’on doit le regretter au nom du respect du principe de la séparation des églises et de l’état, un certain nombre de cérémonies laïques se déroulent encore dans des salles de mariage ou d’autres locaux publics.
Le respect des principes ne justifie toutefois pas qu’on balaie d’un revers de main le problème concret de locaux adéquats rencontré par de plus en plus de personnes, que cela soit en Wallonie ou à Bruxelles, pour organiser des cérémonies de mariage, de parrainage, de funérailles conformément à leurs convictions.
Le Centre d’Action Laïque estime que la cérémonie laïque doit idéalement être organisée de manière tout à fait distincte du mariage civil. Admettrait-on en effet qu’un curé s’associe à l’officier de l’état civil à la maison communale pour organiser un mariage civil et religieux à la fois ?
Quand il existe une Maison de la laïcité qui répond aux exigences, ces cérémonies doivent logiquement s’y dérouler. Rappelons qu’il existe actuellement, pour 262 communes wallonnes et 19 communes bruxelloises, un nombre très limité de Maisons de la laïcité pouvant accueillir de telles cérémonies.
Alors que fait-on lorsqu’il n’y a pas de Maison de la laïcité ?
Au nom du principe de non-discrimination, nous appelons les pouvoirs publics à garantir aux personnes et associations qui le demandent la possibilité de disposer de locaux à l’instar de ceux qui en disposent déjà. Et pourquoi pas, en créant des espaces convictionnels partagés ?
- Bulletin des Questions et Réponses, Conseil régional wallon, sess.ord.2010–2011, question n°427 du 30 mars 2011, voir également le Bulletin des Questions et Réponses, Conseil régional wallon, sess.ord.2010–2011, question n°72 du député Christophe Collignon du 10/11/2010.
- Conformément à l’article 21 alinéa 2 de la Constitution belge : « Le mariage civil devra toujours précéder la bénédiction nuptiale, sauf les exceptions à établir par la loi, s’il y a lieu. », voir également l’article 267 du Code pénal.