• Simone Chaumont
    Simone Chaumont
    présidente de la régionale de Liège du Service Laïque d’aide aux Personnes

Passeurs de vie : appel aux bénévoles

Une céré­mo­nie laïque, quelle qu’elle soit, doit être remplie de sens. Pour les céré­mo­nies de funé­railles il s’agit pour les proches de dire adieu à quelqu’un avec qui ils ont partagé une partie de vie ou même toute une vie. Elles sont construites autour de la perte et du chan­ge­ment, du vivant au mort, d’une vie avec l’autre à une vie sans l’autre. Elles doivent permettre aux émotions doulou­reuses d’être expri­mées digne­ment grâce à un cadre ritua­lisé. La célé­bra­tion publique permet aussi de recon­naître dans la commu­nauté qu’un évène­ment diffi­cile et impor­tant s’est produit.

Pour la famille, les amis, il faut désor­mais l’accepter et l’inscrire dans un chemin de vie. C’est le début du deuil qui permet­tra à la souf­france de prendre une place construc­tive dans l’existence.

Être offi­ciant de céré­mo­nie de funé­railles laïques n’est pas un acte anodin. C’est d’une part une écoute, une atten­tion que l’on porte au chagrin et d’autre part, la réali­sa­tion de l’hommage rendu au défunt et à la trace qu’il laisse de lui. Les demandes qui nous parviennent sont des appels à l’aide. Les proches qui nous contactent sont dans le besoin de notre inter­ven­tion. Ils se sentent dému­nis, pris de court. Ils veulent que le départ de leur proche soit célé­bré dans un cadre de valeurs qui ont été les siennes, comme il a toujours été de tradi­tion dans chaque commu­nauté. Dépas­sés par les émotions, ils se sentent seuls face à l’organisation d’un évène­ment qui les désta­bi­lise. Il est primor­dial qu’ils soient pris rapi­de­ment en considération.

Le temps est compté… dans tous les sens du terme. Il faut aller vite et à l’essentiel. Se rencon­trer, écou­ter, échan­ger, orga­ni­ser, contac­ter, cher­cher, réécou­ter,… et puis enfin écrire et dire les choses, la mauvaise nouvelle, avec élégance, dignité et espoir.

La dispo­ni­bi­lité des offi­ciants est un des éléments clés de l’organisation d’un service fonc­tion­nel. Les demandes vont en nombre crois­sant. Les offi­ciants de céré­mo­nie de funé­railles ne sont pas assez nombreux pour faire face à cette augmen­ta­tion de solli­ci­ta­tions et le recru­te­ment de nouveaux célé­brants est long et difficile.

Nous nous retrou­vons donc devant une situa­tion déli­cate. Allons-nous devoir lais­ser des appels tomber dans le vide ? Des personnes ne se réfé­rant pas d’une église ou d’un culte, n’auraient-elles pas le droit d’être enter­rées recon­nues et célé­brées selon leurs demandes et leurs convic­tions… faute de volon­tés laïques ?

Je concède volon­tiers qu’organiser des céré­mo­nies de funé­railles n’a rien de parti­cu­liè­re­ment attrac­tif. L’envie d’être utile et d’apporter de l’aide à des personnes en souf­france sont des moteurs qui peuvent paraître rele­ver de « la charité chré­tienne », ou même du morbide pour certains.

Rendre hommage à un défunt répond simple­ment à un besoin qui relève de notre huma­nité. D’aucuns ne situent-ils pas le début de la réflexion philo­so­phique au moment où des êtres ont commencé à enter­rer leurs morts et à y consa­crer un rituel ?

Dans chaque groupe socié­tal, des hommes et des femmes se sont de tous temps atte­lés à cette tâche avec honneur. Ce sont des passeurs. Pour certains groupes, ce sont des passeurs d’âmes. Nous, offi­ciants de céré­mo­nies laïques, nous sommes là pour aider les vivants à passer d’un monde à un autre, d’un monde avec à un monde sans celui qui s’en va. Ne serions-nous pas un peu des « passeurs… de vie » ?

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