• Tony Covolo
    président de la Maison de la Laïcité de Seraing

Fête de la Jeunesse Laïque : pourquoi marquer le passage de l'enfance à l'adolescence ?

De par le monde, dans toutes les philo­so­phies et depuis toujours, les socié­tés ont consa­cré comme moment essen­tiel de la vie le passage de l’enfance à l’adolescence. La Fête de la Jeunesse Laïque s’inscrit dans cette démarche initia­tique en propo­sant une céré­mo­nie à la fois solen­nelle, ritué­lique, symbo­lique et festive.

Solen­nelle car, en accueillant affec­tueu­se­ment la promesse de faire le meilleur usage des valeurs qu’il a reçues, le jeune adoles­cent recon­naît qu’il est apte et prêt à effec­tuer ses premiers pas sur son chemin person­nel. Les efforts qu’il a accom­plis pour se construire sont recon­nus par la commu­nauté dans laquelle il a grandi, et celle-ci confirme l’engagement d’être à ses côtés pour parta­ger ses espoirs et le guider dans ses appréhensions.

Ritué­lique dans la mesure où la force du rituel qui sacra­lise ce moment impor­tant met en évidence cette pause à la fois réflec­tive, intel­lec­tuelle et émotion­nelle. Le rituel fait de nous, comme dit Khalil Gibran de l’homme « cette chose libre, cet esprit qui enve­loppe la terre et se meut dans l’éther »1.

Symbo­lique parce qu’aucune promesse de fidé­lité à une croyance, à une doctrine ni même à une commu­nauté n'est évoquée lors de la céré­mo­nie. Sa spéci­fi­cité est de propo­ser à l’enfant un enga­ge­ment vis-à-vis de lui-même parce qu’en fin de compte, il sera le seul juge de la manière dont il s’accomplira quand il sera adulte.

Festive évidem­ment car la circons­tance se veut un moment privi­lé­gié de réjouis­sances pour l’enfant et pour sa famille.

La prépa­ra­tion de cet évène­ment impor­tant se réalise au cours de morale laïque qui, tout au long de l’école primaire, a déve­loppé chez l’enfant un ensei­gne­ment essen­tiel pour sa forma­tion person­nelle et pour sa percep­tion du monde exté­rieur. C’est là qu’il a appris un art de vivre où prédo­minent les notions de liberté, de justice, de tolé­rance, d’humanisme et de recherche de la vérité et égale­ment des prin­cipes de vie, des valeurs morales, une manière d’être et une façon de penser.

La force de l’engagement, le courage devant l’obstacle à surmon­ter, la connais­sance et la recon­nais­sance de l’autre, la confiance dans ses poten­tia­li­tés, la prise de conscience des liens qui l’unissent à d’autres adultes en deve­nir, ne voilà-t-il pas déjà d’excellentes raisons de marquer ce moment, essen­tiel dans la vie du jeune adoles­cent, par la joie, la confiance et l’affection ?


  1. Khalil Gibran, Le prophète, Chapitre « Les Adieux »
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