- Hervé Persain,
président du Centre d'Action Laïque de la Province de Liège
Le mot du président
Il n’y a jamais eu autant de moyens d’expression de la voix citoyenne qu’aujourd’hui. Les nouveaux médias tels que les blogs et les réseaux sociaux que sont Facebook ou Twitter et d’autres outils du web 2.0 sont des vecteurs d’expression interactive instantanée et continue. Les radios et télévisions font de plus en plus appel à la participation citoyenne lors des débats politiques ou des émissions interactives, par exemple en faisant défiler sous l’image les réactions envoyées par courriel ou sms. Les lieux de rencontre et d’échanges semblent également se multiplier et rencontrer un certain succès sous la forme de cafés citoyens, petits-déjeuners philosophiques ou d’autres formules mêlant convivialité et débats. De plus en plus de conseils communaux permettent selon certaines formes l’expression des citoyens et leur offrent la possibilité d’interpeller leurs élus.
Ces outils de communication et de réflexion viennent compléter l’arsenal dont disposait déjà la population. L’organisation des partis politiques prévoit ainsi que les adhérents expriment leurs positions au sein de leurs instances respectives. Il s’agit là d’une forme contemporaine — certes limitée aux membres des partis politiques — de démocratie directe, pour peu bien entendu que les élus tiennent compte de l’opinion des membres. Ceci permet d’élargir le rôle du citoyen qui sans cela se limiterait à exprimer son vote au moment des élections et perdrait ensuite tout contrôle sur l’usage que feraient les élus de sa voix. Les rencontres entre les élus et la population permettent aussi de prendre la température de l’opinion publique, si l’on parvient évidemment à dépasser le stade des passe-droits que d’aucuns attendent en retour de leur fidélité. La presse écrite ouvre elle aussi ses colonnes à l’expression citoyenne sous la forme de rubriques « courrier des lecteurs », cartes blanches ou sondages d’opinion.
Cependant, les canaux d’expression de l’opinion publique ne suffisent pas. Pour éviter les dérives populistes, les attaques racistes, les atteintes à la réputation d’autrui, le non respect des différences, nos sociétés ont d’autant plus besoin de cadres entourant ces processus d’expression de la citoyenneté. Mais ce qui est plus nécessaire encore, c’est de privilégier un enseignement performant qui prépare les citoyens à l’usage de ses canaux d’information et développe leurs capacités d’analyse, leur esprit critique, et l’intégration des valeurs nécessaires à l’exercice de la démocratie, garante du vivre ensemble dans le respect des libertés individuelles et dans l’intérêt collectif. L’éducation permanente doit ensuite prendre le relais de l’école, et la participation des citoyens à la vie associative est un exercice concret et sain de la démocratie à visage humain, au quotidien. Notre mouvement laïque permet cet exercice du débat contradictoire, réunit des outils d’analyse de nos sociétés, et permet une expression citoyenne réfléchie, négociée, démocratique. En cela nous sommes bel et bien un mouvement citoyen.
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