• Pierre Galand
    Pierre Galand
    président de l’Association pour les Nations Unies (APNU)

La Déclaration universelle des droits humains : une histoire et tout un programme

Je me rappelle l’enthousiasme des quelque 5 000 jeunes Wallons et Bruxellois, riches de leur diversité, qui participèrent, en 2018, à la campagne lancée par l’Association pour les Nations Unies (APNU) à l’occasion du 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) sur le thème « La plus belle déclaration d’amour de l’humanité a 70 ans, partageons-la ! ».


Issus de tous les réseaux scolaires, des mouvements de jeunesse de Wallonie-Bruxelles et de plusieurs institutions publiques de protection de la jeunesse, ils et elles firent preuve d’intelligence et de talent pour exprimer, à travers une multitude de projets-propositions et actions, comment mettre en œuvre l’un ou l’autre article de la DUDH mais aussi comment la compléter par des aspects interculturels et environnementaux. Plusieurs prix récompensèrent les plus remarquables réalisations, des délégations de jeunes ambassadeurs des droits humains plaidèrent la cause de la DUDH à l’Organisation des Nations Unies à New York et à Genève, auprès de l’Union européenne à Bruxelles et à Strasbourg, à la Cour Internationale de Justice à La Haye et à la Cour de Justice de l’Union européenne à Luxembourg.

En 2023, la DUDH aura 75 ans. Le mouvement laïque, en concertation avec les associations des droits humains et les associations citoyennes, célébrera cet événement formateur et mobilisateur. Je ne doute pas que les ministres de l’enseignement et de la jeunesse soutiendront ce projet. Car l’éducation, la sensibilisation et les mobilisations autour de la DUDH sont indispensables à la protection des droits humains en cette période de crise qui les fragilisent, mais aussi car leur universalisme est parfois contesté.

Or, l’histoire des droits humains est déjà longue. Elle commence 5 000 ans avant notre ère, lorsque le roi Hammourabi fit graver sur une stèle 282 articles qui sont considérés aujourd’hui comme le plus ancien code de loi. Ces règles de « vivre ensemble » furent recopiées siècle après siècle et imprégnèrent de nombreuses cultures dont notre culture judéo-chrétienne1. Ensuite, furent découvertes, gravées sur le cylindre de Cyrus, roi du vaste empire achéménide il y a 2 550 ans, les premières règles décrétant la liberté de culte, la liberté pour chacun de choisir sa profession et, déjà, l’abolition de l’esclavage. En 1971, l’ONU diffusera ces textes comme étant la première charte des droits de l’homme, vu son caractère universaliste. Car les principes de Cyrus inspirèrent les grands penseurs de la loi, de la raison comme Sophocle ou Cicéron ainsi que la pensée chrétienne et l’Islam.

Il nous faut réhabiliter les missions confiées à l’ONU en 1945 (…)

Cherchant dès le XIIIe siècle à s’émanciper des pouvoirs royaux et religieux en Angleterre et en France, philosophes et mouvements populaires donneront naissance aux déclarations des droits et des lois assurant petit à petit les contours de nos démocraties à vocation universelle. Ce sont par exemple la Bill of Rights de la Déclaration d’indépendance des États-Unis et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 à Paris. Après les désastres des deux guerres mondiales, la nouvelle Organisation des Nations Unies se dote de la DUDH, en 1948. Jusqu’à aujourd’hui, malheureusement, elle n’empêchera pas les hommes de se faire la guerre, de provoquer des génocides, de terroriser et de martyriser leurs semblables. Et à ce jour, nous voilà rendus au bord du gouffre écologique et confrontés à la terreur de l’arme nucléaire.

Face à cela, nous devons nous mobiliser, utiliser nos intelligences et les formidables outils technologiques actuels pour assurer la survie de notre humanité. Un nouveau projet de Nations et de Peuples doit nous réunir. Il nous faut réhabiliter les missions confiées à l’ONU en 1945 : protéger les peuples, assurer le respect de leurs droits à disposer d’eux-mêmes et les soutenir dans leur développement grâce à la coexistence pacifique et à la coopération internationale.

À l’occasion de ses 70 ans en 2018, l’Association pour les Nations Unies (APNU) présentait la Déclaration universelle des droits de l’homme comme la plus belle déclaration d’amour faite à l’humanité. © Illustration – APNU

Pour cela, la DUDH doit être complétée et transformée en obligations contraignantes. Les pactes militaires doivent faire place à des accords de désarmement et de coexistence garantis par une force de paix mondiale. De nouvelles lois doivent assurer à la fois la protection du vivant et le bien-être de tous les humains réunis par un destin commun.

À la mort de ma mère j’ai trouvé dans son portefeuille un petit papier portant ce message : « C’est quand la nuit est la plus noire que pointe l’aurore ».


  1. Comme le précise David Vandermeulen dans l’excellente bande dessinée Les Droits de l’Homme de François De Smet et Thierry Bouüaert, il s’agit de proto-déclaration des droits de l’homme.

 

La laïcité est indissociable de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme

La Laïcité partage les valeurs universelles qui la sous-tendent et qui garantissent à chaque citoyen une équité de traitement et le respect d’un certain nombre de droits fondamentaux. Elle s’insurge contre tous les agissements qui dégradent la dignité des personnes, qui mettent en cause le principe d’égalité des citoyens ou qui privilégient les uns au détriment des autres.La laïcité milite pour une société de justice et de solidarité.

www.laicite.be

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