• Céline Martin
    coordinatrice au service Démocratie
Propos recueillis par Isabelle Leplat

Champs des possibles : La dynamique essaime partout

Face à la néces­sité de s’orienter vers de nouveaux modèles de société, Les Champs des Possibles connectent les initia­tives et les idées. Un mouve­ment qui prend de plus en plus d’ampleur en province de Liège ainsi que partout ailleurs en Région wallonne. Tour d’horizon avec Céline Martin qui co-pilote le projet. 


Salut & Frater­nité : Que sont Les Champs des Possibles ? Quels sont leurs buts ?

Céline Martin : C’est un dispo­si­tif d'actions portées par une plate­forme compo­sée d'opérateurs issus de diffé­rents secteurs : l'éducation perma­nente (le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège, à l'initiative du projet), les arts de la scène (Arsenic2 et Adoc), l'action cultu­relle terri­to­riale (les biblio­thèques, les centres cultu­rels, les centres d'expression et de créa­ti­vité), la réin­ser­tion socio-profes­sion­nelle (les régies de quar­tier), l'alphabétisation, les écoles, l’Université de Liège et des acteurs de la tran­si­tion et de l'économie sociale (les cein­tures alimentaires).

Ces acteurs ont des besoins, des valeurs et des méthodes en commun. Tout d’abord, tous ressentent la néces­sité d’accélérer la tran­si­tion : les défis sont colos­saux, et il y a urgence ! La première vague de covid-19 a mis en lumière la fragi­lité du système ultra-mondia­lisé de produc­tion et de distri­bu­tion de la nour­ri­ture : les consom­ma­teurs étaient ration­nés dans leurs achats en grandes surfaces (pâtes, riz, etc.). La ques­tion de la relo­ca­li­sa­tion alimen­taire et du droit fonda­men­tal à une alimen­ta­tion saine pour toutes et tous est un chan­tier crucial. Et ce besoin ne cesse de s’amplifier !

Les parte­naires s’accordent égale­ment sur leurs valeurs : tous défendent l'exercice des droits fonda­men­taux. Enfin, ils se rejoignent sur les méthodes en se basant sur des compé­tences, des idées, des proces­sus dyna­miques et des soli­da­ri­tés déjà en place. La démarche consiste à collec­ter la parole pour écrire ensuite des récits qui ouvrent les champs des possibles. Le but : dépas­ser les peurs et l'isolement, mutua­li­ser les savoirs et boos­ter la créativité !

La ques­tion de la relo­ca­li­sa­tion alimen­taire et du droit fonda­men­tal à une alimen­ta­tion saine pour toutes et tous est un chan­tier crucial (…)

S&F : Quelles sont les actions concrètes des Champs des Possibles ?

C.M. : Le dispo­si­tif travaille sur trois chan­tiers essen­tiels : l’accès aux soins de santé, au loge­ment et à une nour­ri­ture saine pour tous. En ce qui concerne le premier point, un spec­tacle docu­men­taire, Urgences, portera la parole des personnes rencon­trées. L’Université de Liège étudie quant à elle la problé­ma­tique du loge­ment et des mouve­ments de popu­la­tions sur base de données objec­tives. Dans le même temps, les récits récol­tés seront trai­tés artistiquement.

Enfin, la préoc­cu­pa­tion d’une nour­ri­ture saine pour toutes et tous s’incarne dans le volet Nour­rir Demain. Il s’agit là aussi de mettre en lumière les poten­tiels d’un terri­toire en créant des mises en voix qui seront jouées devant un public (Semeurs de Graine). Le festi­val Nour­rir sa Commune vise à orga­ni­ser des marchés en circuit court, des moments de convi­via­lité pour favo­ri­ser les rencontres, des dégus­ta­tions, des ateliers Do In (par exemple, faire son pain) … C’est un moment où les petits maraî­chers pour­ront rencon­trer un nouveau public. Ainsi, on se rend compte que certains d’entre eux se tuent à la tâche et vivent sous le seuil de pauvreté alors que certaines personnes ne peuvent se payer une nour­ri­ture de qualité. Le volet CultureS en Tran­si­tion posera la ques­tion de l’accès à la terre, qui coûte très cher, et des terres publiques et de leur mise en commun.

Avec le projet Nour­rir Demain, les personnes parti­ci­pantes ques­tionnent la théma­tique de la nour­ri­ture saine pour toutes et tous.

S&F : Quelles sont les acti­vi­tés prévues dans l’avenir ?

C.M. : Les festi­vals Nour­rir Demain ont d’ores et déjà lieu et pren­dront une nouvelle ampleur en septembre 2022. En effet, 20 festi­vals sont actuel­le­ment program­més, et nous crou­lons sous les demandes qui viennent de toutes parts : communes, centre cultu­rels, citoyennes et citoyens, biblio­thèques. Les spec­tacles vont eux aussi tour­ner. Chacun d’eux est pensé en deux formats : l’un adapté à des salles de spec­tacle, l’autre qui peut circu­ler pour être joué sur le terrain, en exté­rieur, grâce à un camion scène. Actuel­le­ment, Nour­rir l’Humanité – Acte 2 compte déjà une centaine de repré­sen­ta­tions, et en juin, la pièce Urgences, sur les soins de santé, sera présen­tée pour la première fois à La Cité Miroir. Le lieu accueillera d’ailleurs en 2023 une expo­si­tion réca­pi­tu­la­tive qui consti­tuera aussi un temps de réflexion sur la dynamique.
Aujourd’hui, diffé­rents niveaux de pouvoirs s’investissent dans le mouve­ment : les communes, les provinces et même la Fédé­ra­tion Wallo­nie-Bruxelles. Les Champs des Possibles ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin : l’envie de porter la parole et la volonté de chan­ge­ment auprès des minis­tères compé­tents de la Région wallonne est bel et bien présente !


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