• Céline Wozniak
    Céline Wozniak
    professeure d’histoire et Justine Busieaux
  • Justine Busieaux
    Justine Busieaux
    élève de 5e secondaire à l’Athénée Royal Louis Delattre de Fontaine-l’Évêque, et « passeuse de mémoire »

Travail de mémoire : parole aux visiteurs et citoyens de demain

Céline Wozniak : Dans le cadre de mon cours d’histoire je réalise, avec mes classes de cinquième année secondaire, un travail de mémoire sur les totalitarismes d’extrême-droite et d’extrême-gauche dans l’Europe de l’entre-deux-guerres. Pour le mener à bien, je pars à Berlin, pendant trois jours, avec mes élèves et les Territoires de la Mémoire, visiter les lieux de mémoire de cette période, ainsi que ceux liés à la Guerre froide.

Pour préparer le voyage, nous visitons l’exposition Plus jamais ça ! Celle-ci est aussi bien originale qu’efficace : le parcours dans l’Allemagne nazie est jalonné d’effets visuels et sonores, la construction narrative permet de mieux comprendre comment l’impensable a été rendu possible. En conclusion de l’exposition, la fresque Résistances nous interroge sur notre volonté à résister face aux extrémismes d’aujourd’hui. Résister ou subir face à la menace, face au pouvoir totalitaire ? Et aujourd’hui, nos libertés sont-elles en danger ? L’objectif est de construire un esprit critique, citoyen, chez nos élèves, éviter le fatalisme ou l’indifférence.

Justine Busieaux : À l’heure où beaucoup de citoyens se sentent trompés ou bien même lésés par les hommes politiques, il me semble plus qu’important de rappeler ô combien voter n’est pas une action anodine. En effet, aujourd’hui, l’électeur lassé par ce monde se laisse de plus en plus séduire par des discours extrémistes.

Adolf Hitler n’a-t-il pas tué 10 millions d’« indésirables » en ayant été élu par voie démocratique ?

En 1933, ils étaient 37,3 % de la population allemande à avoir choisi Hitler comme sauveur. Aujourd’hui, l’Autriche et l’Italie sont dirigées par des partis extrémistes tandis qu’en Belgique quelques minorités de ce genre persistent encore. Ainsi que le Brésil connaissant pour la première fois de son histoire un gouvernement d’extrême droite. Mais qu’en sera-t-il demain, quel monde aurez-vous laissé à vos enfants, vous, électeurs d’aujourd’hui ?

Dans un tel cadre où l’extrême tend à regagner du terrain il est plus qu’utile de visiter l’exposition permanente Plus Jamais ça ! Parcours dans les camps nazis pour résister aujourd’hui des Territoires de la Mémoire.

Cette exposition est une réelle immersion au cœur des années 1930-45. Des panneaux, vidéos et photos d’archives nous expliquent à nous, élèves, la montée fasciste en Europe à partir des années 1930. Nous sommes immergés dans le noir, à la recherche d’une quelconque explication : pourquoi tant d’horreurs ? Nous découvrons les wagons à bestiaux dans lesquels nous sommes mis en conditions réelles, ensuite des documents officiels tels que les cartes d’identité estampillées de la tristement célèbre étoile jaune. Quelques pas plus loin et nous voilà plongés dans la réalité concentrationnaire : le pyjama rayé est là ainsi que des dizaines de fûts contenant le Zyklon B sont disposés à quelques mètres de nous, nous terminons cette étape par un film poignant s’étalant sur plusieurs minutes. Vient ensuite la dernière salle, aux airs commémoratifs le temps d’un instant, nous découvrons les noms et prénoms de celles et ceux qui ont été arrêtés, déportés, exécutés ou qui se sont battus pour un droit fondamental : la liberté.

Il est indispensable de visiter cette exposition parce que cette guerre ne peut pas se résumer à un cours théorique en sachant qu’elle a scellé le destin de 10 millions de personnes innocentes.
Suite à cela, forts de cette expérience et de notre voyage à Berlin en compagnie des Territoires de la Mémoire, portés par notre professeur d’histoire Mme Wozniak, nous avons décidé de nous atteler à la création d’une exposition intitulée Passeurs de Mémoire, veilleurs des droits humains. En effet, nous, élèves de cinquième année, sommes devenus le temps d’une journée des passeurs de mémoire arborant fièrement le Triangle rouge, nous avons retracé l’itinéraire fasciste européen qui bouleversa le XXe siècle. Ayant pour travail celui de mémoire. Suivant la devise d’Hervé Bazin1 « Une vie sans avenir est souvent une vie sans souvenir.1 »


1. D’après Hervé Bazin, Le Bureau des mariages,1951.

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