• Henri Bartholomeeusen
    Henri Bartholomeeusen
    président du Centre d’Action Laïque

Les Territoires de la mémoire, 25 ans de combat laïque !

La restric­tion des liber­tés est souvent le signe d’une société en crise. Une société où la peur, le repli iden­ti­taire, le rejet de l’autre consti­tuent des réponses simplistes à des situa­tions complexes, où le main­tien de l’ordre par la contrainte est préféré au recul du désordre par la parti­ci­pa­tion, l’implication.

Pour éviter le chaos, la loi du plus fort ou celle du talion, les hommes édictent des lois, rédigent des règle­ments, construisent des tradi­tions, établissent des conve­nances. Pour construire la vie en société, la rendre possible, ils encadrent la liberté débri­dée pour assu­rer les liber­tés du plus grand nombre.

Le combat des Terri­toires de la Mémoire partagé dès la première heure par le Centre d’Action Laïque remplit la double mission de se souve­nir du passé pour en éviter les dérives et prépa­rer l’avenir d’une société plus juste, progres­siste, frater­nelle. La lutte contre les dérives extré­mistes, les stig­ma­ti­sa­tions ethniques, raciales, commu­nau­ta­ristes, le soutien aux mili­tants des droits humains, aux enga­ge­ments de résis­tance se sont cris­tal­li­sés dans les trois côtés d’un triangle de couleur rouge devenu symbole – toutes convic­tions et orien­ta­tions poli­tiques confon­dues – du respect de la dignité, de l’égalité et de la frater­nité humaine.

Plusieurs batailles emblé­ma­tiques ont réuni le Centre d’Action Laïque et les Terri­toires de la Mémoire. Combats à l’encontre des centres fermés, de l’enfermement des jeunes, de la léga­li­sa­tion des visites domi­ci­liaires, de la possible disper­sion des jeunes au moyen d’ultrasons, les occa­sions de se mobi­li­ser pour s’opposer aux dérives liber­ti­cides ont été et restent des chan­tiers où œuvrer avec déter­mi­na­tion et fermeté sans déma­go­gie angé­lique, dans le respect des lois et qui garan­tissent les droits humains.

La réfé­rence aux droits fonda­men­taux affir­més dans la Décla­ra­tion univer­selle des droits de l'homme est indis­pen­sable dans le cadre des combats laïques. © United Nations

Le Centre d’Action Laïque et les Terri­toires de la Mémoire ont mené en 2006, à l’occasion des élec­tions commu­nales et provin­ciales, une campagne contre le vote d’extrême droite. Il s’agissait d’inciter le plus grand nombre, en portant le Triangle rouge, à affi­cher dans l’espace public notre atta­che­ment à la démocratie.

En 2013, une nouvelle campagne dont le slogan était Les discours popu­listes, enne­mis des liber­tés a été portée par l’ensemble du mouve­ment laïque. Elle a permis d’éclairer, d’appréhender de manière ration­nelle et réflé­chie la réalité d’un phéno­mène migra­toire souvent mal évalué, déformé, diabolisé.

Trou­ver le juste équi­libre entre sécu­rité et liberté ne peut s’envisager qu’en faisant réfé­rence au respect des droits fonda­men­taux comme balises et non comme freins aux mesures de contrôle et de protection.

Infor­mer, expli­quer, écou­ter, parta­ger pour tenter de conci­lier le respect des prin­cipes avec la proxi­mité, la sensi­bi­lité des vécus, consti­tue un enjeu essen­tiel en cette année de commé­mo­ra­tion de la Décla­ra­tion univer­selle des droits de l’homme. Il est indis­pen­sable d’unir nos forces pour garan­tir la liberté d’expression corol­laire de la liberté de conscience. Une liberté d’expression qui, si elle n’autorise pas les propos qui incitent à la haine ou à la violence à l’égard des personnes, ne peut avoir le sacré d’autrui pour limite.

Ainsi, au fil du temps, en 25 années de vigi­lance et d’actions avons-nous parcouru les Terri­toires de la Mémoire pour y tracer le chemin devenu la route des liber­tés. Pour être libres, ensemble.

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