- Pierre Pétry,
président du Centre d'Action Laïque de la Province de Liège (1995-1997)
Le réseau Territoire de Mémoire, véritable cordon sanitaire !
Le 25e anniversaire des Territoires de la Mémoire est une bien belle opportunité pour se réjouir d’un autre signal très positif : le nombre de Villes et Communes devenues « Territoires de Mémoire » a dépassé le nombre de 200 ! C’est une très large majorité d’autant plus renforcée qu’il faut y ajouter les Provinces de Liège, Luxembourg, Namur, Hainaut, Brabant wallon ainsi que le Parlement de Wallonie !
Qu’est-ce que devenir « Territoire de Mémoire » ? C’est un engagement pour contribuer à la résistance aux dangers et à la propagation des idées d’extrême droite, en transmettant les valeurs démocratiques aux jeunes générations, en sensibilisant les personnels communaux à l’importance du travail de mémoire et à lutter contre toutes les formes d’exclusion et en outillant les acteurs associatifs.
L’objectif des Territoires de la Mémoire est quant à lui de mettre divers outils à disposition : animations, formations, expositions, dossiers pédagogiques, médiathèque, voyages organisés… et en assurant le transport gratuit des groupes scolaires notamment pour la visite de notre exposition permanente Plus jamais ça ! Parcours dans les camps nazis pour résister aujourd’hui.
Mais au-delà de tout cela, il y a un objectif faîtier qui est de vouloir relier entre elles ces Villes, Communes et Provinces en un cordon sanitaire éducatif visant l’engagement pour une résistance active. Voilà pourquoi les Territoires de la Mémoire souhaitent et peuvent se définir comme centre d’éducation à la résistance et à la citoyenneté. Plus que jamais, quatre termes tissent désormais ce cordon sanitaire éducatif pour la transmission mémorielle : éducation, résistance, engagement, citoyenneté. Aucun de ces termes n’est secondaire.
Aux Territoires de la Mémoire, plutôt que « devoir de mémoire », nous préférons les termes « travail de mémoire » qui associent les connaissances historiques, l’évocation du passé et l’éducation à une citoyenneté active pour une démocratie intégrée à l’identité du citoyen. Ce message est de plus en plus celui des Villes, Communes et Provinces Territoires de Mémoire. D’ailleurs, il n’y a pas si longtemps, nous avons pu constater cet engagement lors de la prise de position des Communes lors du projet de loi sur les visites domiciliaires (véritable trahison totalement contraire à la démocratie et à l’éthique citoyenne). Toutes les Communes qui se sont opposées appartiennent au réseau Territoire de la Mémoire. L’essentiel étant que le projet de loi soit retiré ! Merci aux représentants du peuple des Communes ainsi positionnées d’avoir pris leurs responsabilités. Nous savons combien est décrié aujourd’hui le monde politique mais la juste éducation citoyenne qui fait large place à l’esprit critique doit aussi permettre d’éviter ou contrôler les généralisations abusives. Ceux et celles, mandataires, citoyens, qui se sont opposés à ces visites domiciliaires ont réalisé courageusement un travail de résistance extraordinaire. Nous voulons croire que leur inscription dans le réseau proposé par les Territoires de la Mémoire a contribué significativement à ce mouvement d’opposition profondément démocratique.
Nous savons la force du sentiment d’appartenance à un groupe, à un réseau interactif ; cela ajoute à l’identité citoyenne, cela crée et donne l’énergie souvent bien nécessaire à l’action.
Cette mise en réseau volontaire est selon nous incontournable pour assurer la viabilité du cordon sanitaire éducatif. La position des Territoires de la Mémoire, asbl pluraliste, est d’être un atout fédérateur à la disposition des Communes, Villes et Provinces dans le plus profond respect de leur autonomie.
Le travail est cependant loin d’être achevé ! La dynamique d’une résistance doit être entretenue. Les Territoires de la Mémoire sont reconnus, spécialisés, mais notre équipe de permanents et de volontaires est évidemment restreinte. Un de nos objectifs opérationnels est donc nécessairement de pouvoir compter sur des relais au sein du réseau Territoire de Mémoire pour maintenir une dynamique du cordon sanitaire éducatif, condition indispensable pour faciliter l’expression des citoyens et leurs prises de position via leurs représentants. Seuls, nous ne pouvons rien, ensemble nous pouvons concevoir et agir.
En conclusion, citons Berthold Brecht : « Les hommes qui luttent un jour sont bons, ceux qui luttent une semaine sont meilleurs et s’ils luttent toute une vie, ils sont indispensables. »
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