• Robert Moor
    Robert Moor
    président du Centre d’Action Laïque de la Province de Liège

Le mot du président

Inter­pellé par les mani­fes­ta­tions actuelles de l’islam radi­cal et soucieux d’exercer mon libre examen sur cette reli­gion, j’ai récem­ment parti­cipé à une « Summer school » d’une semaine sur l’islam, à Louvain-la-Neuve, orga­ni­sée par le Centre inter­dis­ci­pli­naire d’études de l’islam dans le monde contem­po­rain (CISMOC).

J’y ai entendu de très inté­res­sants propos sur l’islam contem­po­rain mais qui ont aussi fait frémir le laïque que je suis, soucieux de débattre de tout, y compris de ques­tion­ner l’existence d’un Dieu unique et des prin­cipes de vie qu’il aurait promul­gués. Des courants libé­raux, accep­tant l’analyse critique des textes fonda­teurs – Coran et hadiths – sont bien présents dans le monde musul­man mais ils sont actuel­le­ment large­ment supplan­tés par les tenants d’une vision rigo­riste de l’islam, les sala­fistes, où le Coran est affirmé « incréé », paroles de Dieu et donc non analy­sable, non contex­tua­li­sable, a fortiori si vous n’êtes pas musul­man ! Cette vision « on-off » séduit beau­coup de jeunes musulmans.

Comment trou­ver dès lors un terrain d’entente pour créer un islam euro­péen si aucune discus­sion n’est possible ? Cette lecture litté­rale des textes fonda­teurs rappelle l’attitude des catho­liques d’avant Vati­can II et celle des évan­gé­listes catho­liques actuels, qui prennent les textes « à la lettre ». Car là est bien le problème.

La nouvelle défi­ni­tion de la laïcité, approu­vée par notre mouve­ment le 16 avril dernier, garan­tit le respect de la liberté de conscience et de culte dans la cité mais, en contre­par­tie, rappelle l’obligation, pour les reli­gions, de recon­naître la primauté de la « loi civile » sur « la loi religieuse ».

On le voit, notre méthode du libre examen n’est pas compa­tible avec l’islam radi­cal qui inter­dit toute pensée person­nelle, tout étant dit dans le Coran, et la vie calquée sur la stricte obser­vance de ce que fit le prophète, à partir de 622 de notre ère. Il appar­tient donc à nos diri­geants, démo­cra­ti­que­ment élus, de veiller à ce que d’autres courants, plus paci­fiques et ouverts émergent dans notre pays, au travers de la forma­tion d’imams et de profes­seurs de reli­gion isla­mique modé­rés, non inféo­dés à une idéo­lo­gie « totalitaire ».

Enfin, tous les enfants se retrou­vant à l’école, il nous paraît essen­tiel que la mixité sociale et cultu­relle de nos établis­se­ments scolaires soit renfor­cée – à quand un réseau public unique ? – car comment lutter effi­ca­ce­ment contre cet inté­grisme reli­gieux sinon en bras­sant les jeunes de cultures, d’opinions, de milieux socio-cultu­rels et reli­gions différents.

Et le nouveau cours d’Éducation à la Philo­so­phie et à la Citoyen­neté (EPC) qui regrou­pera les enfants de toutes reli­gions et athées, dès cette rentrée dans le primaire, ne peut que susci­ter des espoirs à la mesure du défi à rencon­trer pour assu­rer le vivre ensemble dans notre beau pays.

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