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Guénaël Devillet,
directeur du Service d'étude en Géographie économique Fondamentale et Appliquée (SEGEFA) de l'Université de Liège
Territoire apprenant et intelligence territoriale
Un territoire apprenant se traduit par la capacité des acteurs à mettre en chantier leur intelligence collective afin d’élaborer ensemble des réponses adéquates aux besoins de ce territoire. Le but de cette démarche vise à augmenter le niveau de bien-être de la population dans le respect des principes du développement durable et de la gouvernance démocratique. Dans le cadre du réseau international d’intelligence territoriale (INTI), des chercheurs et des acteurs se mobilisent pour élaborer des réponses.
Qu’est-ce qu’un territoire ?
En 2009, on recensait plus de 400 définitions au sein du réseau INTI. Simplement, on pourrait le définir comme un espace qui regroupe des acteurs qui se l’approprient et y mènent des projets. C’est donc plus qu’un espace géographique car il inclut l’ensemble des acteurs. D’un quartier à une région, on peut parler de territoire s’il est possible d’identifier les communautés qui y développent des relations et des projets.
Qui sont les acteurs d’un territoire apprenant ?
L’aspect particulièrement intéressant du modèle de développement durable est la multidisciplinarité et la participation. Ainsi, au sein d’un territoire, les acteurs forment généralement des partenariats qui se matérialisent par des réseaux territoriaux et temporaires. Ceux-ci relient des membres distants qui travaillent dans différentes organisations ou qui sont tout simplement des citoyens actifs. Les acteurs sont nécessairement, selon J.-J. Girardot de l’Université de Franche-Comté, multisectoriels dans deux sens : ils regroupent des acteurs des secteurs public, privé et associatif dans la logique de la gouvernance locale ; ils rassemblent sur un territoire des acteurs proposant des services dans divers secteurs d’activités.
L’intelligence territoriale est une démarche collective de mobilisation des intelligences au sein d’un territoire pour élaborer des actions qui répondent aux besoins de la population et des acteurs en vue d’améliorer le bien-être de chacun dans un contexte de développement durable.
Il s’agit de procéder de manière transversale plutôt que sectorielle. Les acteurs d’un territoire apprenant sont réunis par un projet commun pour réaliser ensemble un objectif concret de développement durable. Le diagnostic, l’évaluation et l’observation sont pour eux des outils utiles pour évaluer la pertinence, l’efficacité et l’impact de leur action.
Comment apprendre au sein d’une communauté territoriale ?
En matière d’intelligence territoriale, l’enjeu principal est de dépasser la simple participation pour passer de la connaissance à l’action. Ce petit plus est justement un apprentissage, un travail collectif sur l’information. C’est un processus de projection et de construction d’un objet auquel chacun peut confronter sa vision. C’est véritablement une logique de co-construction qui intervient. Elle va permettre d’engendrer des réflexions rétroactives dans une communauté. Il y a intelligence s’il y a convergence.
Le travail collaboratif est facilité par l’échange d’information sur le territoire et son contexte. L’observation territoriale permet de changer d’échelle d’analyse tant géographique que temporelle. Le moment de l’interprétation doit être porté par les acteurs afin d’augmenter le degré d’utilité de l’information.

Trois questions sont au centre de ce type de réflexion selon le réseau INTI. Quels sont les besoins des personnes, des acteurs ? Les ressources disponibles sur le territoire peuvent-elles satisfaire ces besoins ? Quelles sont les potentialités et les vulnérabilités du territoire qui conditionnent les besoins des personnes et qui favorisent, ou qui freinent, une meilleure adaptation des ressources aux besoins ?
Le territoire devient apprenant grâce à l’interprétation collective des informations qui le caractérisent, par l’ensemble des acteurs interdisciplinaires qui imaginent des actions concrètes pour répondre aux besoins identifiés. Il s’agit d’une démarche transversale impliquant la prise en compte de tous les secteurs d’activités.
La construction se faisant de manière progressive, il s’instaure un débat qui est susceptible de faire bouger les choses. Toutefois, l’approche participative n’est pas garante de l’aboutissement direct à une bonne solution.
Conclusion
L’intelligence territoriale est une démarche collective de mobilisation des intelligences au sein d’un territoire pour élaborer des actions qui répondent aux besoins de la population et des acteurs en vue d’améliorer le bien-être de chacun dans un contexte de développement durable.
Le territoire devient apprenant grâce à l’interprétation collective des informations qui le caractérisent, par l’ensemble des acteurs interdisciplinaires qui imaginent des actions concrètes pour répondre aux besoins identifiés. Il s’agit d’une démarche transversale impliquant la prise en compte de tous les secteurs d’activités.
C’est alors qu’une nouvelle gouvernance peut s’installer. Elle ne remet pas en cause l’importance de la prise de décision des élus, qui sont aussi des acteurs, mais elle permet de faire émerger des idées enrichies et en adéquation avec les besoins collectifs.
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