• Bernadette Rasquin
    Bernadette Rasquin
    administratrice de la Ligue de l’Enseignement et de l’Éducation permanente - Liège

Le mot de la présidente

Ce numéro de Salut & Fraternité vous présente une réflexion autour du concept de territoire apprenant au départ d’un projet collectif d’animation : Les Fieris Féeries à Seraing. Ce projet vise le partenariat et la mise en commun des ressources d’un maximum d’organisations, d’associations au sein de la ville. C’est aussi une manière de promouvoir la rencontre entre des citoyens de différents horizons qui, sans cette opportunité, ne se rencontreraient peut-être pas. Cette rencontre se situe dans un contexte qui est celui de la crise industrielle mais qui est aussi celui d’un projet de reconversion urbaine en cours pour favoriser la construction d’un nouvel avenir économique.

En concertation avec les habitants et en collaboration avec le Centre culturel de Seraing, l’équipe d’animateurs a choisi d’élaborer une parade populaire dont le côté festif et la longue préparation vont contribuer à créer un corps social, le valoriser,  jeter des ponts entre les cultures, les quartiers, et  vont  mobiliser les associations socio-culturelles et sportives, les écoles, les services publics, le monde économique par une mise en commun des potentialités des uns et des autres. Plus le spectacle est spectaculaire avec les géants, les masques, les costumes extraordinaires, plus il y a une mise à distance de la réalité et moins il y a de stigmatisation.  La théâtralisation dans ce cas impose une distanciation par rapport à la proximité, une sorte de  jeu de rôles entre ce qui est public et ce qui est privé, développant une forme particulière d’apprentissage social au sein de ce qui peut devenir un territoire apprenant : le point de vue des habitants sur les évènements se construit et construit un imaginaire souhaité ou un monde revendiqué.

L’histoire humaine est ponctuée de rassemblements populaires sous la forme de cortèges, de parades, de processions, de carnavals ou de manifestations. Leurs objectifs en sont totalement opposés : de la dévotion à la désacralisation de l’ordre, du soutien à la contestation radicale d’idéaux.  C’est la manière la plus ancienne de rassembler les gens au service d’une idée, d’une croyance ou du plaisir de faire la fête. Le point d’orgue en est le sentiment d’appartenance à une communauté, unie dans une action commune.

Mettre en valeur les potentialités de tous, créer des liens, faire surgir la créativité et la solidarité : objectifs escomptés des Fieris Féeries. « Le lien social n’est pas un luxe dont on pourrait se passer. Il est condition de paix et d’entraide. Il est aussi condition de l’épanouissement personnel. »1


  1. Henri PENA-RUIZ, La solidarité, une urgence de toujours, Agora éducation, p.33
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