• Necati Celik
    Necati Celik
    directeur de l’asbl SIMA (Service d'Intégration et d'Insertion, Mission Action)

De l’insertion à la formation

SIMA Verviers ASBL (Service d’Intégration et d’Insertion, Mission Action) est un acteur associatif de l’insertion professionnelle et de l’intégration agréé par la Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles, mais aussi reconnu en économie sociale par l’état Fédéral. Il est également soutenu par les entités de Dison et de Verviers.

Il est à la fois un organisme d’insertion socioprofessionnelle, un centre d’initiation aux technologies de l’information et de
la communication, une initiative locale de développement social, une école de devoirs et un espace numérique.

Implanté dans le quartier d’Hodimont, à Verviers, SIMA, qui était au départ une association de quartier, rayonne maintenant au-delà de l’arrondissement de Verviers. Il mène une action large et multidimensionnelle au service de toutes les personnes en difficulté. Elle est plus particulièrement spécialisée dans la formation des demandeurs d’emploi.

SIMA est également l’initiateur d’un ambitieux programme d’activités autour du cinquantième anniversaire de l’immigration turque et marocaine en Belgique. Un projet qui verra le jour en 2014 et dont le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège est l’un
des nombreux partenaires.


Entretien avec

Necati Celik

« Inscrire l’histoire de l’immigration dans les programmes scolaires »

Salut & Fraternité : Pouvez-vous décrire brièvement l’asbl SIMA et ses missions principales ?

Necati Celik : SIMA Verviers est une association qui, lors de sa création en 1979, s’appelait « Association Culturelle Turque. ». L’association est devenue SIMA en 1998, mais nous gardons un passé riche de 34 années d’activités. Nous faisons partie du réseau SIMA, qui regroupe des associations basées à Charleroi et à Bruxelles. Celui-ci vient de fêter ses 30 ans.

En plus de nos employés, nous travaillons avec des bénévoles et du personnel détaché de la Ville de Verviers, ce qui nous fait une équipe de 20 personnes. Nous accueillons quotidiennement de 100 à 150 personnes (adultes et écoles de devoirs confondus) ce qui représente plusieurs centaines de personnes formées par an.

Dans nos missions, il y a une dimension d’aide à la population immigrée par le biais de nos permanences, mais aussi des offres de formation, afin de lui donner les outils de son intégration et de son insertion. Nous travaillons ainsi avec des personnes issues de 15 nationalités différentes, mais nous accueillons également une population d’origine belge. Nous sommes par ailleurs le seul opérateur en insertion socioprofessionnelle à organiser les cours pour le permis de conduire dans l’arrondissement, et ce en partenariat avec le FOREM. Toutes les formations sont gratuites pour les demandeurs d’emploi. Ils sont tous d’ailleurs sous contrat de formation.

S&F : Pourquoi avez-vous souhaité vous fédérer au Centre d’Action Laïque de la Province de Liège ?

N.C. : Depuis 5 ou 6 ans, nous sommes interpellés par la multiplication des demandes d’ordre religieux. Nous avons alors décidé de développer des activités en lien avec la laïcité, les principes démocratiques, l’égalité homme/femme… À cette fin, nous avons souhaité faire partie d’un réseau pour réfléchir et développer des outils ensemble. Nous avons ainsi rejoint le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège pour apporter notre pierre à l’édifice, mais aussi bénéficier de toute la réflexion et des outils qui existaient déjà.

S&F : L’asbl SIMA s’inscrit-elle, par les formations proposées, dans une dynamique de « territoire apprenant » ?

N.C. : Oui car, d’une part la création de notre association part d’une volonté du quartier et, d’autre part, nous nous nourrissons mutuellement des expériences de chacun en participant à la dynamisation du quartier. Mais la participation individuelle n’est pas toujours évidente : elle se fait au travers de petites associations ou suite à l’initiative de certains commerçants. Un travail de préparation est nécessaire afin de susciter l’envie de participation. Nous touchons donc un peu à ce concept mais nous évoluons surtout dans le domaine de l’insertion socioprofessionnelle.

S&F : Comptez-vous intégrer les habitants dans le cadre du projet marquant les 50 ans de l’immigration turque et marocaine ?

N.C. : D’emblée, il nous semblait évident qu’il fallait impliquer les habitants, que ce soit au travers d’associations de quartier ou de manière individuelle. Nous pensons aux immigrés des 1re, 2e et 3e générations dont nous collectons les témoignages. à partir de leur vécu et de leurs souvenirs s’établira un échange mutuel, car nous serons en mesure de leur transmettre des photos, du matériel… C’est en soit une manière de les solliciter et de les intégrer au projet qui aurait moins d’intérêt sans leur participation.

S&F : Pouvez-vous décrire brièvement ce projet ?

N.C. : Il nous paraissait intéressant de rappeler le contexte historique de cette immigration liée à l’exploitation des charbonnages en Belgique. Nous accordons également beaucoup d’importance à l’obtention d’une reconnaissance envers les premiers travailleurs qui sont venus en Belgique pour descendre dans les mines sans connaître un mot de français. Beaucoup y ont laissé leur vie… Nous pensons qu’il est normal que le pays d’accueil leur rende hommage.

Nous accordons également beaucoup d’importance à l’obtention d’une reconnaissance envers les premiers travailleurs qui sont venus en Belgique pour descendre dans les mines sans connaître un mot de français. Beaucoup y ont laissé leur vie…

Comme nous voulions développer plusieurs activités, nous avons sollicité des partenaires et le projet a pris de l’ampleur. Nous allons publier une brochure et monter une exposition qui se tiendra pendant un mois en 2014, avec des conférences, des animations, etc., en plaçant les débats d’aujourd’hui dans une perspective historique. Parallèlement, nous lancerons une pétition réclamant l’inscription de l’histoire de l’immigration dans les programmes scolaires. Nous parlons bien ici de l’immigration dans son ensemble, en ce compris l’immigration italienne. Il est important que les nouvelles générations connaissent ce pan de l’histoire qui fait partie intégrante de l’Histoire de Belgique.

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