Exposition : Viviane Bouhon et Marianne Souwen
| 07.02.2019 | Cinéma Churchill
Viviane Bouhon, techniques mixtes
Viviane Bouhon exerce la sérigraphie de manière originale, non pas en utilisant le procédé pour ses possibilités de reproduction(s) multipliée(s), mais en créant des séries de pièces uniques, qui sont autant de variations sur un thème. Ses compositions sont des tableaux où la couleur et le graphisme se répondent. Labyrinthes urbains, foules anonymes, objets du quotidien, animaux, végétaux, les surfaces de ses toiles s’animent par la répétition de formes, ni tout à fait différentes ni tout à fait semblables. Ce qui nous permet de ressentir le flux de l’existence, la lente métamorphose que la vie imprime aux êtres et aux choses.
Une fausse uniformité laisse apparaître ici et là le grain de sable, la dissonance, la dissidence ou l’élément étonnant, qui vient contredire l’apparente unité. Ce n’est pas le triomphe de la géométrie, de la surface ou de la standardisation que Viviane Bouhon dépeint. Son empathie pour l’individu, la liberté, transparaît çà et là au travers de petits indices, semés comme des cailloux de petit Poucet dans les grands labyrinthes.
Viviane Bouhon est une anti-Pénélope. Ses grandes toiles, dont la dimension décorative rappelle la tapisserie, se refont sans cesse, mais sans recommencement identique, avec des déplacements lents, des changements subtils, qui peuvent également rappeler la musique répétitive. Les rythmes et les couleurs jouent leur partie dans ces grandes partitions rigoureuses et lyriques.
Bernard Talmazan, déc. 2018
Marianne Souwen, sculpture
Marianne Souwen a touché à divers domaines des arts plastiques, jusqu’à découvrir le travail de la terre auquel elle se consacre depuis de nombreuses années. Elle sculpte avec habileté, tendresse et humour, des oeuvres optimistes, génératrices d’espoir et de gaieté parce que empreintes de la beauté du monde et de ses joies. Ses personnages, hommes, femmes, jeunes et moins jeunes, sont souvent accompagnés d’animaux complices, dans des clins d’oeil aux petits travers de l’être humain ou à des oeuvres d’artistes qu’elle regarde en souriant.
Ses personnages sont pleins de caractère et de vie, fermement campés sur leurs jambes, attachés à la terre dont ils sont faits ou présentés dans des positions naturelles et dynamiques, qui saisissent avec justesse le geste ou l’attitude, révélant des traits de personnalité.
Derrière la banalité d’un objet, répété cent fois, peut-être plus et qui peut être perçue comme le fragment d’une répétition infinie, c’est le processus même de la vie qui est en oeuvre. Mais qu’on ne s’y trompe pas, la répétition n’est ni stéréotypée ni mécanique. D’une certaine manière, ses personnages imaginaires ont les qualités expressives de véritables portraits.
Marianne Souwen tire parti des différentes possibilités qu’offre la terre, elle est capable de modeler avec délicatesse et précision tout autant que d’exalter avec vigueur la matière. Son imaginaire est large, ses compositions comme des fragments de rêves nous montrent un monde où hommes et femmes sont en harmonie avec la nature et d’une manière générale ses personnages expriment la joie de vivre et l’insouciance, ils goûtent les plaisirs terrestres, en toute simplicité, sans prétention et sans complexes.
C’est une société contemporaine joyeuse que Marianne Souwen nous donne à voir, comme pour nous réconforter quand nous doutons de nous-mêmes et du monde.
Bernard Talmazan, déc. 2018