UNIVERSITE D’AUTOMNE 2023 : Du racisme ordinaire au racisme institutionnel
Cycle de conférences | 22.10.2023 | Auberge Simenon
Comment mieux identifier et mettre un frein aux engrenages d’exclusion ?
Rencontres, animations et formations
Le monde associatif est aujourd’hui confronté à de nouveaux enjeux autour du racisme.
Désormais, on n’est plus seulement confronté à des réalités malheureusement bien connues (préjugés, hostilités, discriminations, injustices, exclusions…) mais aussi à des tendances aggravantes observables dans toutes les sphères de la société.
On retiendra notamment : dénonciation et criminalisation de collectifs anti-racistes, violences policières allant du contrôle au faciès aux arrestations arbitraires et à la répression de mouvements sociaux de solidarité, banalisation des idées d’extrême droite, complotisme et fake news..
Certes, des politiques dites d’intégration irriguent désormais l’ensemble du corps social à travers les politiques des associations, des syndicats, des écoles , du FOREM ou des CPAS : discrimination positive à l’emploi, parcours d’intégration, cours de citoyenneté, stratégies d’inclusion, évènements pluriculturels…
Ces pratiques ne sont pas négligeables mais ne sont pas exemptes de paternalisme ou d’assimilationisme et produisent parfois l’effet inverse de ce qu’elles prônent.
D’autre part, de nouvelles formes d’action se font jour à l’image du mouvement social black lives matter, des initiatives décoloniales autour des statues , du folklore , des récits d’histoire ou de fiction ou bien encore de la marche des privilèges : elles doivent aussi être mises en débat.
Le but de notre université est, à partir de témoignages de terrain et d’analyse de chercheurs, de pister les dynamiques du racisme contemporain en valorisant des stratégies pertinentes d’émancipation.
Rejoignez-nous pour participer à ce débat essentiel ! Inscrivez-vous dès maintenant pour notre université d'automne axée sur la lutte contre le racisme !
Racisme et Justice :
Lors de cette Université, nous nous intéresserons au racisme en tant qu’il apparait au sein de certaines instances « sécuritaires ». Nous nous essayerons ainsi à comprendre comment le racisme évolue dans des institutions telles que la police et la justice. Un certain constat nous vient à l’esprit lorsque nous parcourons le site de l’observatoire des violences policières : ces victimes de violences sont systématiquement des personnes issues de l’immigration. S’agit-il à chaque fois d'un « dérapage » dont la responsabilité n’incombe qu’au policier qui l’a commise ? Ou y a‑t-il quelque chose de plus systémique, des mécanismes peut-être inconscients, qui favorisent le fait qu’on s’en prenne le plus souvent au même type de personne, des personnes « non-blanches » ? Que pouvons-nous penser lorsque l’institution policière protège autant ses policiers ?
Quelles sont les spécificités de cette institution ? Comment faire le tri entre violences policières et violences de la police ? Pourquoi le fait de parler de « dérives » empêche-t-il de saisir la complexité qui se joue dans ces lieux de pouvoir ?
Que dit l’existence des centres fermés sur notre société, sur la manière dont nous nous rapportons à l’« étranger » ? Cela ne favorise-t-il pas quelque chose comme une « chasse » aux personnes sans-papiers ?
Racisme et travail Social :
Nous nous consacrerons également aux liens qu’il peut y avoir entre le racisme et le travail social. L’idéologie néolibérale ne faiblit pas dans sa lutte contre les conquis sociaux. Sa rhétorique du mérite et son rejet de la responsabilité sur l’individu ne fait qu’accroitre la méfiance vis à vis des populations les plus précaires. Cette méfiance s’intègre à nos institutions et rend l’accès aux aides sociales plus incertaines. On constate également une surreprésentation de personnes issues de l’immigration au sein des classes les plus précarisées. Dans ces conditions surgissent un certain nombre de phénomènes qui produisent effectivement des discriminations quant à l’accessibilité aux conquis sociaux (emploi, logement, santé, aides sociales, etc.).
Les discriminations à l’emploi ou au logement s’arrêtent-t-elles à une forme de racisme interindividuel/ordinaire ou témoignent-elles, par son aspect collectif et généralisé, d’un problème plus structurel ? Qu’est-ce qui est mis en place pour éviter cela et est-ce suffisant ? L’accès aux soins de santé est-il le même pour tous ? Les préjugés de certains soignant.es ont-ils une influence sur la manière dont sera pris en charge tel.le ou tel.le patient.e ? Qu’en est-il de nos politiques d’intégration ?
Culture :
Nous investiguerons enfin la présence du racisme au sein de la Culture. Cette dernière étant le reflet des mentalités du temps, elle est une sphère particulière pour rendre compte de comment vit une société. C’est pour cela qu’il nous semble nécessaire de porter une réflexion critique sur ce qu’on considère trop souvent comme allant de soi. Cela se retrouve également dans nos pratiques associatives : travaillons-nous véritablement à une autonomisation de notre public ou agissons-nous sans le savoir dans le sens d’une certaine assimilation ?
Comment l’institution scolaire, prise entre son devoir de travail critique et d'acquisition des valeurs, us et coutumes de la société, se comporte-t-elle vis-à-vis des autres cultures ? Ne comprend-elle pas en elle le risque de devenir une véritable machine à assimilation ? Quelle est la responsabilité des médias quand ils ajoutent systématiquement l’origine d’une personne étrangère dans les faits divers ? Le monde associatif lui-même avec ses pratiques et ses méthodes essaie-t-il vraiment d’éviter le paternalisme ou l’exclusion ? Où en est-on avec notre folklore et son héritage colonial ? Quel peut être l’impact des propos de certains partis politiques sur le débat public ? A quel genre de glissement pouvons-nous assister quand le sport tient la main à un certain nationalisme ? Ou quand, à l’inverse, il se voit présenté comme un idéal-type de l’intégration et de la lutte contre le racisme ?
Activités proposées en soirée :
- ciné-débat
- découverte du jeu “clair obscur”
-marche exploratoire anti-raciste
- autre à définir
Méthodologie :
Nos pratiques sont ascendantes : elles placent les participants.e.s au coeur du processus d’apprentissage en les mettant en situation d’agir, etc…