L’humour comme élément du vivre ensemble
Conférence | 05.02.2019 | École Polytechnique de Seraing - Grand auditoire
Bruno Humbeeck est psychopédagogue et docteur en sciences de l’éducation. Chargé d’enseignement à l’Université de Mons et responsable du Centre de Ressource éducative pour l’Action Sociale (CREAS), il travaille sur des projets de recherche portant sur relations école-famille et société au sein du Centre de Recherche en Inclusion Sociale. Expert de la résilience, il est l’auteur de publications sur l’estime de soi, la maltraitance, la toxicomanie et la prise en charge des personnes en rupture psychosociale.
Combien d’enseignants ne se sont-ils pas plongés dans un immense moment de solitude pour avoir tenté, sans préparation, de faire rire leurs élèves ? Combien d’éducateurs n’ont-ils pas éprouvé ce sentiment ambigu de manier une arme à double tranchant en cherchant à faire rire un désespéré ? Combien de parents n’ont-ils pas cherché à apprivoiser leur enfant par le rire ? Quelle maman n’a t-elle pas été tentée d’aider un nourrisson à surmonter ses douleurs en les faisant voler en éclat de rire au risque d’accentuer l’irritation de bébé ? Quel papa n’a t-il pas essayé de se rapprocher d’un adolescent trop fuyant en le raccrochant à un patrimoine humoristique commun quitte à se trouver renvoyé sans ménagement à son humour ringardisé ?
Les plaisanteries mal reçues, les blagues inappropriées ou les mots d’esprit maladroits écrasent parfois plus qu’ils ne relèvent. Les dommages collatéraux des moqueries, des sarcasmes ou de l’ironie, ces faux frères de l’humour, sont, sur ce point, parfois considérables. Pour l’enseignant, pour le travailleur social ou pour le parent, le rire et son complice l’humour, constituent incontestablement de précieux outils… à manier avec précaution. Sous ses faux airs naturels, le rire s’appuie sur des ressorts artificiels que nous aborderons lors de cette conférence. Lorsque l’on doit faire rire pour vivre, pour faire vivre, ou tout simplement pour aider à grandir, il vaut assurément mieux ne pas trop laisser l’humour frapper au hasard.