La notion de diffé­ren­cia­tion péda­go­gique a déjà fait couler beau­coup d’encre, tant en fran­co­pho­nie que dans les pays anglo­phones. Plus d’un siècle nous sépare en effet des expé­riences prin­ceps de diffé­ren­cia­tion péda­go­gique (DP). Les injonc­tions à la diffé­ren­cia­tion – déjà vives – se sont inten­si­fiées dans le contexte de la pandé­mie de COVID-19. La crise sani­taire, en empor­tant avec elle la forme scolaire telle que nous la connais­sions, est venue creu­ser les écarts entre élèves : les pratiques de DP de type spontanée/intuitive ne suffisent plus. Ces pratiques sont appe­lées à évoluer dans un sens double : vers un enri­chis­se­ment des formes de diffé­ren­cia­tion mobi­li­sables (le comment faire) et vers une approche systé­ma­tique plutôt qu’intuitive de la DP. Nous présen­tons une modé­li­sa­tion géné­rique du proces­sus de diffé­ren­cia­tion péda­go­gique (Forget, 2018) arti­cu­lant quatre compo­santes qui, du côté du prati­cien repré­sentent autant de choix à poser : 1) la tempo­ra­lité dans laquelle s’inscrit l’action diffé­ren­ciée ; 2) l’objectif péda­go­gique diffé­ren­cié (p. ex. diag­nos­ti­quer ; réac­ti­ver ; exer­cer) ; 3) les condi­tions d’efficacité et 4) les dispo­si­tifs de diffé­ren­cia­tion mobi­li­sables. Le fait d’amener le prati­cien à poser des choix renforce, de surcroit, le degré de conscien­ti­sa­tion des tenants et abou­tis­sants de chaque forme de diffé­ren­cia­tion mise en œuvre.

Insti­tu­trice primaire de forma­tion, Alexia Forget a obtenu un Master en Sciences de l’éducation à l’Université de Liège avant de pour­suivre son parcours à l’Université de Genève en Suisse. Char­gée d’enseignement dans le domaine des sciences de l’éducation, Alexia Forget s’intéresse depuis une dizaine d’années à la problé­ma­tique de la diffé­ren­cia­tion péda­go­gique et aux spéci­fi­ci­tés de sa mise en œuvre aux niveaux de l’école primaire et secondaire.