• Carine Thibaut
    Carine Thibaut
    directrice des campagnes au CNCD-11.11.11

Les communes Hospitalières, là où les migrants sont des citoyens comme les autres

Lancée en mai de cette année, la campagne sur les communes hospitalières a pour objectif que les citoyennes et citoyens puissent se mobiliser et interpeller leurs communes pour qu’elles s’engagent concrètement à améliorer l’accueil et le séjour des personnes migrantes sur leur territoire, qu’elles deviennent ainsi des espaces où l’hospitalité soit la norme.

Inspirées largement des « communes hors TTIP1 et hors CETA2 », les communes constituent un échelon proche du citoyen. L’idée de proposer aux communes de s’engager sur la voie de l’hospitalité a donc germé au sein de la coalition sur la Justice Migratoire3. En effet, depuis 2006 à Bruxelles et 2012 en Région wallonne, les habitants d’une commune peuvent interpeller cette dernière, qui a pour obligation de répondre. Interpeller sa commune pour qu’elle se déclare commune hospitalière est ainsi un moyen simple de faire la différence à son niveau.

Le contexte actuel n’appelle pas à l’optimisme. L’Europe n’a jamais été une destination aussi dangereuse. L’année 2016 avait vu un triste record avec 5000 migrants morts dans la mer Méditerranée, l’année 2017 semble suivre la même voie avec un premier semestre terriblement meurtrier. L’Europe semble se replier sur elle-même, face aux naufrages, la seule solution proposée semble de repousser toujours plus loin les migrants de nos côtes entre autres en collaborant avec la Lybie.

De nombreux citoyens en ont assez de voir des mesures de plus en plus inhumaines vis-à-vis des migrants devenir la norme, alors qu’une politique courageuse, humaine, hospitalière peut permettre aux migrants de participer à la vie économique, sociale et culturelle.

Pourtant, la solidarité dont de nombreux citoyens ont fait preuve en 2015 avec le mouvement Welcome refugees ne s’est pas éteinte. De nombreux citoyens en ont assez de voir des mesures de plus en plus inhumaines vis-à-vis des migrants devenir la norme, alors qu’une politique courageuse, humaine, hospitalière peut permettre aux migrants de participer à la vie économique, sociale et culturelle. De même, de nombreuses communes ont choisi aussi d’accueillir dignement les demandeurs d’asile, les réfugiés, les migrants.

La campagne se veut donc une campagne de mobilisation citoyenne et d’interpellation des communes.

Le 14 septembre dernier, une cinquantaine de personnes sont venues devant l’hôtel de Ville afin d’inviter la Ville de Liège à devenir commune hospitalière. © CNCD Liège

Mobiliser, comment faire ? Des affichettes qui imitent des plaques de rue ont été créées pour que tout un chacun puisse les mettre à sa fenêtre, une affiche qui demande à ce que sa commune se déclare hospitalière. Une manière simple de montrer notre envie d’une commune solidaire envers les migrants4.

Concrètement, qu’est-ce qu’une commune hospitalière ? A son échelle, une commune hospitalière s’engage pour une politique migratoire basée sur l’hospitalité, le respect des droits humains et les valeurs de solidarité. Au travers du vote d’une motion, la commune s’engage à améliorer l’information et l’accueil des personnes migrantes, quel que soit leur statut, qu’ils soient demandeurs d’asile, réfugiés ou sans-papiers.

Quels sont les engagements que peut prendre une commune hospitalière ? Pour qu’une commune soit considérée comme une commune hospitalière, elle doit à minima s’engager pour ces trois groupes de migrants et à deux niveaux : sensibiliser sa population aux questions migratoires et améliorer concrètement l’accueil des migrants dans le respect des droits. Une longue liste d’engagements a été décrite, cela va de la sensibilisation dans les écoles communales, dans les homes du CPAS, à favoriser la rencontre des habitants et des demandeurs d’asile, à faire connaître la possibilité de devenir tuteur pour des mineurs réfugiés non accompagnés, à ne pas procéder à des arrestations uniquement sur base de l’irrégularité de séjour, à faciliter la carte d’aide médicale urgente aux sans-papiers5.

Pour qu’une commune soit considérée comme une commune hospitalière, elle doit à minima s’engager pour ces trois groupes de migrants et à deux niveaux : sensibiliser sa population aux questions migratoires et améliorer concrètement l’accueil des migrants dans le respect des droits.

Certaines communes ont déjà emboîté le pas comme Vielsalm. Des groupes de citoyens et des associations préparent des interpellations pour la rentrée. En province de Liège, ils sont déjà actifs sur Liège, Verviers et Huy et interpelleront leurs communes pendant ce mois d’octobre.

La campagne ne fait que commencer, si vous voulez nous rejoindre, rendez-vous sur www.communehospitalière.be


  1. Transatlantic Trade and Investment Partnership (Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement) est un projet d’accord commercial entre l’Union européenne et les États-Unis.
  2. Comprehensive Economic and Trade Agreement est un traité international de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada.
  3. Coalition qui rassemble de nombreuses organisations francophones coordonnée par le CNCD-11.11.11 et le CIRÉ.
  4. Si vous êtes intéressés, vous pouvez commander tout le matériel de sensibilisation gratuitement sur www.communehospitaliere.be/Commande-en-ligne-de-materiel
  5. La liste des engagements se trouve sur www.communehospitaliere.be/-commune-hospitaliere-kesako-. Un guide est aussi disponible gratuitement sur commande.
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