- Hervé Persain,
Président f.f. du Centre d’Action Laïque de la Province de Liège
Le mot du président
Vivre vieux pour une humanité plus sage ? Un principe cher au laïque est d’avoir la liberté de choisir les principes qui dessineront le cours de sa vie, sans que ceux-ci lui soient dictés par une quelconque entité supérieure ou une religion qui s’en ferait l’intermédiaire. Loin de nous la représentation d’un paradis qui justifierait les souffrances d’aujourd’hui pour un bonheur promis dans l’au-delà ! Point de fidélité à des prophètes qui nous menaceraient de tous les maux de la terre et du ciel ou de l’enfer si notre existence devait dévier du cadre strict dicté par une ou des divinités dont ils se prétendent les lieutenants.
La mort elle-même fait partie de la vie, constituant l’étape ultime du chemin parcouru. Une étape qui mérite elle aussi un parcours choisi incluant le moment propice au départ lorsque notre corps ou notre esprit seront au bout de leurs capacités. Le choix, également, de la manière de partir, en évitant autant que possible les souffrances physiques et psychologiques, se réservant le droit d’abréger le parcours final dans ce but et de quitter nos proches dans la complicité et la dignité.
Pouvoir faire face à la mort loin des tabous qui l’entourent, comme on a pu faire face aux épreuves de la vie, sans crainte puisque rien ne nous attend après, n’est-ce pas là notre défi suprême ? Et pourtant l’être humain combat cette échéance et parvient à grappiller des années d’existence grâce aux avancées de la science, de la médecine, de l’évolution sociale, même si nous avons de nombreuses raisons de regretter que les bienfaits de l’évolution ne profitent pas à tous et toutes. La médecine à deux vitesses est une réalité intrinsèque à notre système de compétition économique, l’enrichissement d’une part de plus en plus restreinte de l’humanité s’exerce aux dépens de la majorité grandissante des populations s’appauvrissant.
Verrons-nous dans un avenir pas si lointain des centenaires (où sera la limite, et y a‑t-il une limite ?) nantis qui assureront leur confort de (sur)vie sur le dos de castes inférieures qui ne pourront s’offrir les secours de la médecine et de la science pour entretenir, régénérer, changer les éléments corporels pour prolonger leur être dans des conditions décentes ? Est-ce le futur que l’humanité se réserve ? Ou alors celle-ci verra-t-elle grandir des valeurs à contre-courant de celles qui prévalent dans notre société contemporaine ?
Notre espoir — c’est aussi notre combat — est que la solidarité, l’égalité, la fraternité progresseront au même titre que l’intelligence humaine, sinon à quoi bon prolonger l’existence ?
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