- Bernard Rentier,
recteur de l’Université de Liège
La Cité Miroir, lieu de synergies et de vulgarisation
Bernard Rentier est recteur de l’Université de Liège et administrateur de l’asbl Mnema. Sous ces deux casquettes, il nous parle de la Cité Miroir et des pistes de collaboration qui verront le jour entre ces deux pôles de connaissance.
Salut & Fraternité : Quelle est votre définition du libre examen ?
Bernard Rentier : Ma définition est étymologique. C’est simplement d’avoir la liberté la plus complète de réfléchir, de discuter, de débattre et de se forger une opinion. En ce sens, il s’agit d’un principe universel : toute personne a droit à son libre examen, à sa liberté de pensée et à sa libre expression. Le libre examen est ainsi la méthode qui permet aujourd’hui un dialogue des cultures et le développement de solidarités. En effet, s’il n’y a ni liberté de conscience ni liberté de réflexion individuelle, on se contente de répéter un discours convenu. Chacun doit faire l’effort personnel de la réflexion sur les questions, quelles qu’elles soient. Et les sujets sont extrêmement diversifiés. Chacun doit donc pouvoir prendre le temps d’y réfléchir et de s’informer.
Le public, parmi lequel énormément de jeunes, est réellement réceptif à ce type d’initiative. Cet intérêt des jeunes n’est d’ailleurs pas étonnant : Liège est une ville estudiantine, avec son université, ses hautes écoles mais aussi les élèves du secondaire.
S&F : Liège est une ville qui réfléchit, une ville de culture et de connaissances. Pourquoi est-ce important pour une ville de posséder des institutions culturelles qui ont pignon sur rue ?
B.R. : Liège a la chance d’avoir une vie culturelle extrêmement riche, où énormément de moyens ont été investis dans la création d’institutions culturelles. Le Théâtre de Liège, l’Opéra, l’Orchestre Philharmonique en sont les exemples les plus marquants. Mais la ville a aussi un monde culturel alternatif qui propose des activités très riches et variées. L’intérêt pour le Savoir, pour la vulgarisation de la science est également fort présent. Par exemple, la Société libre d’Émulation1 proposait récemment des exposés sur la chimie moderne et ses applications dans la vie quotidienne, et la salle était comble ! Le public, parmi lequel énormément de jeunes, est réellement réceptif à ce type d’initiative. Cet intérêt des jeunes n’est d’ailleurs pas étonnant : Liège est une ville estudiantine, avec son université, ses hautes écoles mais aussi les élèves du secondaire. L’Université a également créé la Maison des Sciences de l’Homme2, dans le but de servir d’interface entre les penseurs de l’Université et le monde de tous les jours, parce qu’on peut parfaitement impliquer dans la vie courante des éléments qui sont réfléchis par des spécialistes.
S&F : Quelles sont les synergies qui peuvent être envisagées entre l’université, le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège, les Territoires de la Mémoire asbl et l’asbl Mnema ?
B.R. : De nombreuses activités communes, soutenues aussi bien par l’asbl Mnema que par la Maison des Sciences de l’Homme, sont déjà en voie de concrétisation. La Cité Miroir, avec sa localisation emblématique, est évidemment l’endroit rêvé pour un rapprochement avec une initiative à vocation plus universitaire. Par ailleurs, une collaboration peut être envisagée notamment via des travaux que le Centre d’Action Laïque de la Province de Liège, l’asbl Mnema ou les Territoires de la Mémoire demanderont à des chercheurs universitaires. Ceux-ci développeront des réflexions qui serviront de base à des débats, des conférences, etc. organisés à la Cité Miroir. Donc les thématiques peuvent être réfléchies ensemble. Et force est de constater qu’il y a foison de potentiels de travail collaboratif !
À Liège, il y a énormément de possibilités culturelles à disposition, mais elles ne sont pas nécessairement interactives. Or, cette interaction est une nécessité vitale (…)
Les chercheurs vont ainsi nourrir la réflexion à partir d’éléments d’information collectés de manière scientifique. Même si les domaines de réflexion sont terriblement subjectifs, ils doivent pouvoir se baser sur une matière dégagée des dogmes et préparée de manière la plus objective possible. À titre d’exemple, l’éthique de 2015 n’est pas du tout la même que celle de 1915.
À Liège, il y a énormément de possibilités culturelles à disposition, mais elles ne sont pas nécessairement interactives. Or, cette interaction est une nécessité vitale qui manque aujourd’hui dans l’activité liégeoise : une forme de dialogue, où chacun peut non seulement exprimer où il se situe et comment il évolue dans sa réflexion, mais surtout qu’il en ait un retour. C’est l’élément crucial qu’apportera l’initiative de la Cité Miroir qui, tout en proposant un encadrement de qualité, sera un lieu de vulgarisation. Avec cette particularité, comme son nom l’indique, de l’effet miroir.
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