• Bernadette Rasquin
    Bernadette Rasquin
    présidente du Centre d’Action Laïque de la Province de Liège

Le mot de la présidente

L’été fut chaud ! Très chaud en juillet à Belfast lors des nuits d’émeutes oppo­sant les protes­tants aux catho­liques, brûlant à Tripoli où les explo­sions de bombes ont ravivé les souve­nirs de la guerre que les Liba­nais commen­çaient à oublier, torride à Bagdad où le nombre d’attentats visant les chiites a atteint des records et au Myan­mar où les commu­nau­tés boud­dhiste et musul­mane se sont à nouveau affron­tées. Mais cet été fut glacial dans le cœur des mères des grands adoles­cents belges partis combattre en Syrie, ayant choisi de se mettre au service du djihad, séduits par des manipulateurs.

Curieuse époque où, malgré une grave crise écono­mique, les conflits reli­gieux fascinent davan­tage que la lutte des classes. Dange­reuse époque car le popu­lisme est dans les star­ting blocks. Vivre ensemble ne doit pas être un parcours de combat­tant ! Vivre ensemble : c’est la citoyen­neté et cela doit s’apprendre comme la première valeur indis­pen­sable pour l’existence de notre société démocratique.

En 1997, le Décret Missions pour l’enseignement l’affirmait déjà ; en 2007 un nouveau décret Citoyen­neté en préci­sait plus encore les axes. Mais aucun cours de citoyen­neté ne figure comme tel au programme scolaire. Pas possible diront certains, les grilles horaires sont pleines. Pour­tant depuis le 12 mars 2013, trois consti­tu­tion­na­listes ont démon­tré qu’il n’y avait plus d’obligation à suivre un cours de reli­gion ou de morale dans l’enseignement offi­ciel obli­ga­toire. Il y aurait donc une possi­bi­lité histo­rique de rassem­bler les élèves au sein d’un cours d’éducation philo­so­phique, éthique et citoyenne en lieu et place des cours de reli­gion, un cours qui repré­sen­te­rait en volume horaire de la 1re primaire à la 6e année secon­daire à peu près l’équivalent d’une année scolaire. Une année scolaire d’éducation citoyenne…

L’école est la seule insti­tu­tion qui divise la commu­nauté des élèves en groupes iden­ti­taires confes­sion­nels alors qu’elle a pour mission première de construire l’égalité des élèves par l’instruction et la socia­li­sa­tion aux valeurs communes.

Consi­dé­rer que le mode de fonc­tion­ne­ment des cours philo­so­phiques doit conti­nuer comme il a toujours existé, simple­ment augmenté d’un réfé­ren­tiel commun sur des matières mais séparé dans son orga­ni­sa­tion, puisque les titu­laires des diffé­rents cours, sans forma­tion adap­tée, les assu­me­ront chacun dans leur classe, c’est refu­ser d’inscrire l’école dans une dyna­mique de créa­tion et produc­tion d’un projet commun de société à un moment où nous sentons combien la société démo­cra­tique est fragi­li­sée. L’école est la seule insti­tu­tion qui divise la commu­nauté des élèves en groupes iden­ti­taires confes­sion­nels alors qu’elle a pour mission première de construire l’égalité des élèves par l’instruction et la socia­li­sa­tion aux valeurs communes. Au lieu de les divi­ser, rassem­blons les élèves dans le respect de la neutra­lité et de la diver­sité des idées.

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