• Rassemblent Wallon pour le Droit à l’Habitat (RWDH).
    Rassemblent Wallon pour le Droit à l’Habitat (RWDH).

Pour une politique de logement social ambitieuse !

Dans sa déclaration de politique régionale, le nouveau gouvernement MR et Les Engagés déclarent vouloir mettre fin à la politique de « logement social à vie » et durcir les conditions d’accès. Au Rassemblement Wallon pour le Droit à l’Habitat, nous militons pour une politique de logements publics et sociaux plus ambitieuse, plus juste et plus humaine qui permettrait, entre autres, d’enrayer la crise du logement décent et abordable et ce, pour plusieurs raisons évidentes1.


Le logement social répond à des besoins sociaux et place l’offre de logement au niveau de la demande. Sur le marché du logement, les locataires sont en concurrence les un·es avec les autres. Cette concurrence alimente la hausse des prix quand la demande se fait plus forte. L’objectif du logement social est de répondre à un besoin et non à du profit.

Le logement social empêche la gentrification. Les améliorations de l’environnement urbain (parc, ligne de tram, piste cyclable…) entraînent souvent une hausse des prix de l’immobilier. L’augmentation des loyers et le départ des commerces de proximité obligent les habitant·es à partir loin de leur quartier. Investir dans les logements sociaux permet de maintenir les habitant·es et de leur faire bénéficier des améliorations du « cadre de vie ».

Le logement social permet une justice spatiale. En général, les logements situés dans les quartiers les plus calmes et les plus agréables sont les plus chers. Ils sont ainsi réservés aux gens qui ont un pouvoir d’achat plus élevé. Le logement social peut rendre accessible tous les quartiers aux ménages indépendamment de leur ­portefeuille.

© Alexander Andrews – Unsplash.com

Le logement social est un rempart contre la discrimination. Les lois contre la discrimination n’empêchent pas les propriétaires de choisir les locataires en fonction de leurs préjugés. Plusieurs études2 montrent que les pauvres, les personnes racisées et les familles monoparentales sont discriminés. L’attribution des logements sociaux se fait au contraire par une procédure indépendante qui donne la priorité aux besoins des personnes.

Le logement social est un outil de lutte contre les inégalités. De manière générale, sur le marché du logement, les plus pauvres qui ne peuvent pas acheter de logement transfèrent une partie de leur revenu vers des propriétaires qui appartiennent déjà à une classe plus riche3. Les bailleurs qui louent ne sont pas obligés d’investir cet argent dans le logement. Chaque année en Wallonie, on estime que ce sont près de 3,8 milliards qui sont payés par des locataires à des propriétaires privés4. Si le loyer augmente, le montant de ces transferts de richesse augmente et les inégalités aussi, tandis que les loyers perçus dans le système du logement social servent a priori à l’amélioration des conditions de logement des occupants.

Le logement social fait vivre la solidarité. Indépendamment de leur volonté, les locataires pauvres déménagent beaucoup et acceptent plus facilement des logements dégradés. Le logement social permet au locataire de connaître ses voisins, de s’ancrer dans son quartier et d’avoir recours à la solidarité locale pour s’approvisionner à moindre coût ou pour trouver du travail par exemple.

Le logement social peut rapporter de l’argent à la collectivité. Des logements sociaux bien construits, gérés avec soin, entretenus, représentent un investissement qui peut devenir rentable à moyen ou long terme. En Angleterre, sur base de documents comptables d’une société de logements sociaux londoniens, Colin Wiles a établi qu’un immeuble de logements sociaux construit en 1890 s’était « remboursé » par les loyers sur 17 ans. Il avait donc dès le début du siècle remboursé ce qu’il avait couté à la construction, achat du terrain compris, et a ensuite engrangé des bénéfices qui ont pu être réinvestis5.

Le logement social est un outil de lutte contre les inégalités. (…)

Le logement social permet de faire du logement une préoccupation collective. Les politiques belges en matière de logement, depuis le 19e siècle, ont mis l’accent sur l’accès à la propriété privée. Ces politiques ont construit le mythe du Belge avec sa brique dans le ventre, son crédit hypothécaire et son isolement par rapport aux autres habitants. Le logement social, en revanche, permet de réinscrire l’habitat dans une perspective collective. En augmentant le nombre de logements sociaux, la population qui y vit se diversifie.

Parce que le logement social est une solution durable et efficace qui remet en question la marchandisation du logement, la hausse des prix et tout ce qui s’ensuit, nous sommes pour le logement social à vie pour toutes celles et ceux qui le souhaitent et qui en ont besoin !


  1. Librement inspiré de l’article : Le logement social, une solution (presque) oubliée (31 juillet 2023 Alice, Romainville – Sarah De Laet)
  2. Baromètre de la diversité – Logement par UniaLa Ville de Namur dévoile les résultats de son étude sur la discrimination au logement (Communiqué de presse).
  3. Communiqué : Portrait-robot du propriétaire de logement en Wallonie
  4. Le prix moyen des loyers en Wallonie est de 793 euros par mois (source: baromètre federia 2023). 24,6 % des ménages (soit 399 869) louent à des bailleurs privé au prix du marché en wallonie. 793 euros X 399 869 X 12 mois = 3 805 153 404 euros qui vont des locataires vers les bailleurs.
  5. Colin Wiles, « Building on History », 2015, sur Inside Housing.
< Retour au sommaire